Parce que décidément ce gouvernement aime les commissions, Sophie Béjean et Bertrand Monthubert se sont vus confier fin 2013 une mission de concertation sur la stratégie nationale de l’enseignement supérieur (la «StraNES»). Prévue par la loi votée le 22 juillet 2013, présidée par la première et dont le second sera la rapporteur, cette nouvelle commission livrera notamment ses préconisations «en matière de structuration territoriale, de formation des enseignants et de rénovation pédagogique».
Les résultats de cette concertation sont attendus au printemps 2014 et une première synthèse de la Stratégie nationale de l’enseignement supérieur sera soumise au débat public à l’été été 2014. Entre les deux des rencontres permettront à tous de s’exprimer comme celle qui a déjà vue la Conférence des Grandes écoles (CGE) exprimer ses idées.
Qui seront les experts ?
Tous deux universitaires – aujourd’hui directrice du Cnous et de Campus France Sophie Béjean présida l’université de Bourgogne de 2007 à 2012, Bertrand Monthubert préside celle de Toulouse 3 depuis 2012 – Sophie Béjean et Bertrand Monthubert constituent en ce moment un «comité d’expertise» composé de «personnalités qualifiées représentant l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur, les différents ministères concernés, le monde socio-économique et les collectivités locales».
Un comité dont la composition est forcément suivi de près par une Geneviève Fioraso très attentive à ses travaux et qui espère certainement qu’il ne se lancera pas dans un nouvel «inventaire à la Prévert» de bonnes résolutions souvent incompatibles comme lors des Assises de l’enseignement supérieur en 2012.
Quelles missions ?
Si le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a un rôle moteur dans la stratégie, le comité n’est pas à ses ordres puisqu’il est interministériel et appelé à prendre des contacts dans tous les ministères intéressés, et notamment ceux possédant la tutelle d’établissements d’enseignement supérieur.
Dans sa lettre de mission, Geneviève Fioraso définit six grands axes pour la commission qui vont de «l’ouverture au plus grande nombre et une préparation au monde de demain» à la «coordination de l’enseignement supérieur» en passant par «les moyens de l’enseignement supérieur», «l’inscription dans les territoires», «l’ouverture de l’enseignement supérieur sur le monde» et «la réussite pour tous».
Si tous sont bien évidemment importants, «l’inscription dans les territoires » et la «coordination de l’enseignement supérieur» seront certainement ceux qui passionneront le plus ses acteurs. D’un côté, la ministre insiste sur «la cohérence des politiques et des niveaux stratégiques devient donc cruciale», de l’autre, prenant acte de la «tutelle conjointe» du MESR sur tous les établissements d’enseignement supérieur, elle se demande «comment faire évoluer notre système d’enseignement supérieur pour assurer son unité dans la diversité, sa lisibilité et sa visibilité au niveau national et international?». Deux débats essentiels qui risquent de ne pas assez mobiliser l’attention d’établissements qui se demandent déjà comment organiser les ComUE et où trouver des ressources pour cette énième concertation.
Olivier Rollot (@O_Rollot)