Leur idée : des croquettes pour chats siglés Alain Ducasse présentées dans des machines style Nespresso dont ils ont fabriqué un prototype (en carton). Le tout présenté sous forme de sketch aux 350 autres étudiants qui faisaient leur première rentrée à Audencia BS. Pendant les deux jours qui suivent leur rentrée, les étudiants de première année d’Audencia BS sont appelés à répondre aux défis que leur présentent une dizaine entreprises présentes. Mars Petcare, la filiale du géant alimentaire Mars spécialisée dans la nourriture pour animaux, voulait justement « lancer une nouvelle marque premium ». Pas de quoi désarçonner Blandine, tout juste issues d’une khâgne, et Lucille, d’une prépa ECS et toute leur équipe : « Nous savions que nous allions vite être mis dans le bain du travail en groupe comme de l’oral et cela s’est très bien passé avec d’autres élèves que nous ne connaissions absolument pas. Avec un vrai esprit de camaraderie ! ».
Des entreprises motivées
Les entreprises sont très demandeuses de cette rencontre avec des étudiants tout juste sortis de leur classe préparatoire ou arrivés en admission sur titre après un premier diplôme. « Nos nouveaux étudiants ne pensaient pas pouvoir être opérationnels aussi vite sur des sujets qui ne requièrent pas de compétences techniques pointues », explique la directrice des études, Claude Lombard. « Ils comprennent qu’on peut avancer avec d’autres formes d’apprentissage que celles auxquelles ils étaient habitués jusqu’ici », confirme Daniel Scott Evans, le directeur des programmes.
Et les sujets peuvent être très divers. Et loin des préoccupations quotidiennes des étudiants. Victor et Mathieu ont travaillé à la création d’un mixte intergénérationnel pour l’entreprise de maisons de retraite Le Noble Age : « Il fallait réfléchir à améliorer l’ambiance et à rendre plus attrayants les nombreux métiers. Ce que nous avons tenté de faire en n’ayant pas peur d’avoir des idées originales, de se lâcher pour aller de l’avant ».
Les 6 règles de la créativité
Chaque groupe d’étudiants est soutenu par un coach qui les fait travailler dans ce qu’on appelle le « design thinking ». « Les étudiants sont très scolaires, avec des schémas linéaires, à nous de leur insuffler de nouvelles techniques par l’empathie, la créativité, le travail collectif, leur faire comprendre comment il faut intégrer des utilisateurs pour créer de l’usage et de l’innovation », confie le responsable des 18 coachs, le designer Thomas Dupeyrat. Différer le jugement, favoriser les idées folles, capitaliser sur les idées folles, laisser la parole à celui dont c’est le tour de s’exprimer, penser « oui et » plutôt qu’un « oui mais » qui veut surtout dire « non », faire le deuil de ses idées, sont les six règles que les coachs insufflent aux étudiants pendant les deux jours de la formation.
En amont ces coachs ont travaillé avec les entreprises pour définir des thèmes de réflexion accessibles et réalisables dans un temps défini. « Dans le cadre de ce qu’on appelle le « challenge based learning » le temps limité est un facteur clé de la réussite. Nos étudiants doivent produire des livrables dans un temps défini avec des ressources que nous mettons à leur disposition 24 h sur 24 », commente Daniel Scott Evans pour lequel « l’innovation naît d’abord de la responsabilisation des étudiants vis à vis de leur apprentissage en leur apprenant à apprendre par eux-mêmes ».
Le pitch final
Les deux jours de travail débouchent sur une présentation sur une scène bâtie dans le gymnase de l’école. Assis par groupes arborant chacun le tee-shirt propre à leur défi les équipes se succèdent. Pour L’Oréal certains ont construit en carton des machines à distribuer les cosmétiques dans les aéroports, Lucille est un chat amateur des croquettes Ducasse, Victor et Mathieu des retraités très convaincants. Les idées du groupe missionné par Saint-Gobain sont particulièrement innovantes avec l’idée de créer un concours des « constructeurs de l’extrême » et un « Saint-Gobus » pour les y emmener qui a beaucoup séduit les responsables de l’entreprise venus assister au pitch final.
- « Nous apprenons à nos étudiants à s’ouvrir aux autres pour faire ensuite la différence en termes d’adaptabilité et d’agilité », souligne Françoise Marcus, la directrice des relations entreprises et diplômés de l’école pour laquelle « il s’agit également d’organiser des moments forts avec les étudiants qui vont créer un lien pérenne entre les étudiants et l’école ».
Tout au long de leur scolarité les étudiants d’Audencia auront l’occasion de retravailler en groupe. Une « semaine blanche » réunit ainsi chaque année 1000 étudiants d’Audencia, Centrale Nantes et de l’école d’architecture nantaise pour monter des projets en commun. « Ils prennent conscience de la complexité de faire travailler ensemble des profils d’étudiants différents aux méthodes différentes », explique Claude Lombard.