UNIVERSITES

Ressources propres, licence des IAE, bachelors : les IAE s’interrogent

Il lui reste une année de mandat à la tête d’IAE France et on peut être certain qu’elle sera bien occupée. Après la polémique sur le valeur des bachelors qui a marqué ce début d’année 2023, Eric Lamarque s’insurge aujourd’hui contre des universités pour lesquelles les IAE sont redevenus des « pompes à ressources ».

La polémique sur les bachelors

« Il me reste une année de mandat mais 2023 a été particulièrement tendue pour moi. Le premier événement a été suite au communiqué des IAE sur le recrutement en bachelor qui était dans le même esprit que nos communiqués précédents et rappelait nos conditions de recrutement depuis longtemps. Ni plus ni moins », assure Eric Lamarque en amont de la conférence de presse annuelle des IAE.

Les futures licences des IAE. Celui qui va maintenant quitter la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion) à l’issue de son second mandat est surtout mobilisé par la question de l’entrée dans les IAE : « Avec la hausse du nombre d’étudiants en bachelors, la réforme du BUT et la baisse des entrée en classes préparatoires, nous devons nous interroger sur l’entrée dans les masters des IAE ».

Eric Lamarque

Un contexte dans lequel de plus en plus d’IAE proposent des cursus dès la licence ms se posent la question de leur spécificité. « Nous devons réfléchir à la création d’une licence IAE sur le modèle des MAE qui soit partagé par la plupart des IAE. Il s’agit moins de gérer des licences générales en économie-gestion que de designer une licence IAE pour intégrer ensuite nos masters », précise le président, conscient que cela « nous mettra peut-être un peu plus en concurrence avec les classes préparatoires ». D’autant plus que ces futures licences devraient avoir une dimension forte en sciences humaines et sociales en plus de la gestion ou de l’économie.

Explosion des candidatures sur Monmaster

Les IAE constatent que la création de la plateforme Monmaster conduit à une augmentation de 25 à 50% des candidatures avec la question des moyen afférents. « Allons-nous faire du surbooking avec le risque d’avoir trop d’étudiants ? Ou au contraire prendre le risque de ne pas recruter assez ? », s’interroge encore Eric Lamarque.

« Pompes à ressources »

Après une armistice de quelques années, la question des relations entre les IAE et les universités semble de nouveau se poser. La décision collective des personnels de l’IAE Nantes de suspendre leurs activités face à leur surcharge de travail en serait un symptôme. Un état de fait qui n’a rien d’exceptionnel selon Eric Lamarque : « Nous avons reçu les appels de sept ou huit IAE qui envisageaient d’en faire autant. Nous serons reçus le 24 mai par France Universités pour faire le point. Nous sommes en tension dans nos moyens par rapport à notre activité avec comme première solution de moins recruter. Plusieurs IAE le font déjà ». A Bordeaux on est ainsi passé en quelques années de 1400 à 1200 étudiants alors que la demande explose en gestion et que les rectorats insistent pour que les IAE offrent plus de places : « Il faut savoir dire non sinon il y a des risques psycho-sociaux pour nos personnels. Nous devons nous protéger ».

Le passage en EPE (établissement public expérimental) et les difficultés financières des universités font que « nous sommes redevenu des pompes à ressources pour les universités » stigmatise Eric Lamarque selon lequel « un tiers des IAE ne savent plus combien ils ramènent de ressources propres. Ils ne connaissent que leur budget affecté mais pas le montant de ce qu’ils collectent. C’est le cas à Nantes. Ce n’est pas propre aux EPE mais cela s’est développé à la suite des réorganisations suite à l’entrée en EPE avec par exemple la création de collegium. C’est très démobilisant pour les personnels de ne pas pouvoir utiliser les ressources qu’ils génèrent ».

A la rencontre de France Universités

Le 24 mai le bureau de IAE France a été reçu par France Universités pour y porter le message que les IAE doivent pouvoir « disposer des ressources qu’ils génèrent pour avoir une marge de manœuvre. Sinon cela favorise la privatisation du secteur. Nous allons le demander : Voulez-vous vraiment que les IAE soient des alternatives claires à l‘enseignement privé ? Si c’est le cas nous devons donner un petit plus que dans une université classique pour recevoir les étudiants qui demandent de plus en plus d’accompagnement».

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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