Pourquoi inattendu ? « Mais parce que nous n’avons pas voulu faire des entrées par écoles ou par les grands sujets classiques », répond Philippe Jamet, actuel directeur de Paris School of Business, ancien président de la Conférence des Grandes écoles (CGE) et directeur général de l’Institut Mines Télécom (IMT). C’est comme cela que ce dictionnaire propose des entrées comme « Egypte » – pour évoquer le rôle de l’Etat au travers de la campagne d’Egypte de Bonaparte et l’imprégnation internationale des Grande écoles – « Cosa Nostra » pour parler alumni ou encore « orpaillage » quand il s’agit d’évoquer le recrutement des meilleurs profils. Mais des entrées beaucoup plus classiques sont également développées comme « ingénieur » ou « uniforme ». « Alors qu’au début de notre projet nous pensions l’appeler « Dictionnaire amoureux », nous avons beaucoup tourné autour de notre concept pour finir sur cet inattendu et des entrées transversales », se souvient Philippe Jamet.
Il aura en tout fallu six mois de travail aux deux auteurs pour rédiger un ouvrage de près de 750 000 signes dont ils se sont partagé les entrées tout en se relisant l’un l’autre. Un ouvrage pour lesquels ils n’avaient pas d’éditeur au départ. « Les grands éditeurs généralistes prétendent que les Grandes écoles n’intéressent pas le grand public. EMS souhaitait justement se diversifier sur les sujets de société. C’est comme cela que nous avons trouvé un accord », confie Philippe Jamet.
Si le ton est volontiers bienveillant, quelques piques sur l’enseignement supérieur parcourent un ouvrage dont les auteurs sont des experts reconnus (Bernard Belletante a successivement été directeur d’Euromed puis de Kedge et de emlyon et a également présidé le Chapitre des écoles de management de la Conférence des Grandes écoles). Des experts qui veulent avant tout sauvegarder un système qu’ils jugent efficace et ne doit pas être absorbé par les universités. « Nous ne devons pas faire la même erreur que dans l’agriculture, en passant à de la monoculture qui nous a fait perdre de la diversité, ou dans l’industrie dans laquelle les grands groupes une fois constitués n’ont eu de cesse de produire à l’étranger. Il ne faut pas de modèle unique », s’exclame Philippe Jamet qui rappelle que « les Grandes écoles sont un peu des PME ou des ETI, des organismes agiles » dont il doute qu’elles « puissent transformer les universités de l’intérieur » comme certains le soutiennent : « Le risque d’un rapprochement est que les Grande écoles ne transforment pas les universités tout en perdant leur agilité ».
S’il n’y a pas d’entrée spécifiquement dédiée aux classes préparatoires, Philippe Jamet n’en reste pas moins un grand défenseur : « On ne les défend pas bien en laissant s’installer l’idée qu’elles préparent uniquement à un concours. On oublie le rôle qu’elles jouent dans la formation de compétences. C’est le seul système propédeutique qu’il nous reste ». Et d’insister : « Elles permettent à leurs élèves de s’approprier un socle de soft skills qui leur seront utiles tout au long de leur vie ».
Quant à la question du débat sur la gratuité des études engagé par Emmanuel Macron, Philippe Jamet estime que la vraie question c’est « l’accessibilité des études, comment faire entrer l’étudiant dans le système pour l’y faire réussir ». Et d’asséner : « Chez PSB je reçois des étudiants qui n’ont pas les moyens d’échouer dans un système gratuit ! »
- « Dictionnaire inattendu des Grande écoles », Bernard Belletante et Philippe Jamet, éditions EMS, version papier : 25€, e-book : 19,99€
Merci Olivier. Juste une précision. Les classes préparatoires sont spécifiquement traitées dans l’article « Kholle-Khagne (pays de ) », à la fois historiquement et dans leur rôle actuel