Les jeunes, l’enseignement supérieur et la recherche sont largement évoqués dans le « Plan de relance » présenté le 3 septembre par le Premier ministre, Jean Castex. Le MESRI a présenté ce lundi 7 septembre l’ensemble des actions dédiées qui vont être engagées. Déjà un « Plan jeune » a été mis en place cet été pour aider les 750 000 nouveaux entrants sur le marché du travail à décrocher leur premier emploi. Ce sont également de nouvelles places qui vont être créées dans l’enseignement supérieur. Par ailleurs le Parlement a enfin commencé le 9 septembre ses travaux sur la loi de programmation de la recherche (LPPR).
Combien ? 6,5 milliards d’euros sont promis par le gouvernement pour les trois années à venir. 5,5 milliards le sont dans le cadre du quatrième programme d’investissements d’avenir (PIA 4) – 3,1 milliards d’euros sur le volet structurel et 2,4 milliards d’euros au titre des projets thématiques – et un milliard au titre d’actions « spécifiques » du MESRI. Une partie des quatre milliards que consacrera le gouvernement à la rénovation des bâtiments publics sera également fléchée vers l’enseignement supérieur.
Objectif recherche. L’apport du plan de relance et du PIA4 aboutira à investir au moins 4,6 milliards d’euros sur les 3 prochaines années sur un strict périmètre recherche et plus de 6,2 milliards d’euros sur le périmètre des opérateurs de recherche concernés par la loi de programmation (incluant les aspects transfert et innovation et comptant le lien à l’enseignement supérieur concerné).
La volonté de l’Etat de préserver l’emploi des chercheurs des entreprises doit permettre à celles-ci de mettre à disposition d’un laboratoire public 1400 de leurs chercheurs ou d’effectuer une thèse pour renforcer leurs compétences sans rupture de leur contrat de travail. Leur salaire sera pris en charge par l’Etat à hauteur de 80% dans le cadre d’un contrat de recherche entre leur entreprise employeuse et le laboratoire public.
Par ailleurs pour soutenir l’insertion professionnelle des jeunes diplômés et de jeunes docteurs, 600 jeunes bac + 5 seront embauchés dans des laboratoires publics pour être mis à disposition des entreprises et 500 post-doc seront financés par l’Etat dans le cadre d’une collaboration entre un laboratoire public et une entreprise. De plus, dans le cadre de la Loi de la programme pluriannuelle de la recherche (LPPR), tous les doctorants devraient bénéficier d’une solution pour financer leur thèse et cela dans tous les champs disciplinaires. De plus, le Gguvernement s’engage à ne plus recruter aucun jeune chercheur en-dessous de 2 SMIC à partir de 2021.
Enfin 400 millions d’euros (financement de l’Union européenne) sont prévus afin de renforcer les moyens de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Il s’agit de porter, dès 2021, le budget d’intervention de l’ANR de 518 millions d’euros à 953 millions d’euros, en anticipant de deux ans la montée en puissance de la programmation de la recherche qui culminera en 2027 à 1,5 milliard d’euros. L’objectif est ainsi porter le taux de succès des chercheurs de 16% actuellement à 25%, soit celui des meilleures agences mondiales et une revendication récurrente des chercheurs français.
30 000 places de plus dans l’enseignement supérieur. C’est la mesure emblématique. Alors que dès cette année 10 000 places de plus vont être créées (5 650 le sont déjà) dans l’enseignement supérieur, ce sont 20 000 autres qui s’y ajouteront à la rentrée 2021. Ces créations de places portent sur des formations de licences universitaires, des formations paramédicales, des formations professionnelles accessibles en licences et des formations courtes de type bac+ 1. Les recteurs de régions académiques ont été mobilisés en s’appuyant sur les données de Parcoursup pour engager le dialogue avec les établissements d’enseignement supérieur et, les cas échéant les régions, afin de permettre les créations de places en conciliant les orientations ministérielles, les filières en tensions identifiées sur Parcoursup et la volonté des établissements et des régions qui sont in fine les décideurs.
Au programme également la multiplication par cinq de la dotation annuelle du fonds de garantie des prêts étudiants géré par BPI pour qu’elle atteigne 20 millions d’euros en 2021 et en 2022 (soit 16 millions de plus d’euros chaque année). Grâce à l’effet de levier de ce dispositif le montant des prêts mis en place par les banques partenaires pourra passer de 135 millions d’euros en 2020 (11 500 bénéficiaires potentiels) à 675 millions d’euros en 2021 (67 500 bénéficiaires potentiels).
La LPPR. Enfin ! On attend son examen depuis des mois. Ce sont 25 milliards d’euros d’investissements supplémentaires qui devraient être engagés les 10 prochaines années dans le cadre de la Loi de la programme pluriannuelle de la recherche (LPPR). Objectif : renforcer l’attractivité de tous les métiers scientifiques avec une « attention particulière » portée aux jeunes scientifiques ou encore « simplifier le quotidien des chercheurs et des enseignants-chercheurs ». Dans ce cadre la question de la possible création de chaires de professeur junior – la « tenure » à la française – continue d’avoir ses détracteurs très engégas auxquels Frédérique Vidal répond dans Les Echos : « J’entends ceux qui disent qu’ils ne veulent pas faire de chaires de professeur junior, eh bien n’en faites pas ! Mais n’empêchez ceux qui ont demandé ces outils de se les approprier ».
Si la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieur (Cdefi) « salue les progrès portés par la loi, notamment en matière budgétaire », elle ne s’en dit pas moins « sceptique et souhaite rappeler combien il est urgent d’entériner de fortes hausses de crédit pour la MIRES, et ce non pas à l’horizon 10 ans ». De plus la CDEFI relève un déséquilibre au détriment du programme 150, alloué aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Enfin elle craint que le rapprochement entre écoles et se traduise par une « absorption » des écoles d’ingénieurs par les universités dans le cadre des établissements expérimentaux.