La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, lance un vaste chantier de concertation sur la réforme des bourses. Elle annonce également pour février 2023 l’ouverture du « Parcoursup des masters » qui prendra le relais du site trouvermonmaster.gouv.fr. Face aux critiques récurrentes contre Parcoursup elle défend le site tout en « demandant de mieux accompagner les étudiants vers la réussite : nous entendons le stress des familles face à l’orientation». Un large exercice de réflexion va par ailleurs être lancé avec les rectorats pour établir les mesures qui doivent être développées plus particulièrement dans chaque territoire, dans chaque établissement ou au niveau national. Face à un retour probable du Covid la ministre insiste pour qu’on « reste bien en présentiel dans les établissements ». Par ailleurs une concertation sur les métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche sera lancée.
Améliorer le fonctionnement de Parcoursup. Diminuer la période d’attente – et donc de stress des candidats -, renforcer la compréhension des critères de choix, renforcer l’orientation : Sylvie Retailleau se fixe trois objectifs pour améliorer le fonctionnement de Parcoursup. L’objectivité de lecture des dossiers devrait être améliorée cette année grâce enfin à l’organisation des épreuves de spécialités du bac dès mars 2023.
Un « droit à la poursuite d’études ». L’objectif d’une insertion professionnelle de 50% des titulaires d’un bachelor universitaire de technologie (BUT) doit en parallèle être accompagné d’un « droit à la poursuite d’études » selon la ministre qui promet : « Nous accompagnerons les établissements dans le développement de leur formation continue ».
Comment réformer les bourses étudiantes ? Ancienne présidente d’université qui a vu les dégâts que le Covid avait provoqué chez ses étudiants en mal de ressources quand le Covid a arrêté toute activité, mais aussi consciente du poids que faisait peser chez beaucoup leur job étudiant en termes de réussite, Sylvie Retailleau prend lance aujourd’hui une concertation sur une réforme des bourses. « Il n’est par exemple pas acceptable qu’un étudiants se voit perdre ce jour suite à une augmentation minime des moyens de ses parents », s’indigne la ministre.
Le niveau de financement des bourses, les seuils auxquels les étudiants y ont ou non accès, voire la création d’un revenu étudiant sont autant de sujets qui vont être traités d’octobre à janvier 2023 pour une mise en œuvre d’au moins une partie de la réforme à la rentrée 2023. « On se donne jusqu’en juin 2023 pour recevoir le rapport final avec une mise en œuvre complète à la rentrée 2023 voire 2024 », définit la ministre.
Ancien conseiller en charge de la formation, des politiques de site et des relations entre la science et la société au cabinet de Frédérique Vidal, Jean-Michel Jolion sera à la manœuvre en tant que délégué ministériel pour établir un consensus.
Le « Parcoursup des masters » va (enfin) voir le jour. Cette année n peu moins de 5% des étudiants candidatant en master – 16 000 – ont saisi cet été les rectorats pour obtenir une place sachant que 190 000 places étaient ouvertes en tout en 2022 dans les universités pour 160 000 candidats issus de licence. Élections obligent la création du « Parcoursup des masters » avait été reportée en 2021. Le voilà de retour sur les fonts baptismaux après une concertation démarrée en juillet dernier avec l’ensemble des organisations représentatives. « Cette plateforme sera un guichet unique de candidatures. Les candidats ne seront plus confrontés à une multitude de procédures et auront un calendrier unique de réponse », détaille Sylvie Retailleau, qui compte ainsi « optimiser les places en master en connaissant mieux les places vacantes au niveau national tout en permettant aux établissements de savoir quel nombre d’étudiants les intégreront finalement ».
La plateforme n’aura aucun rôle dans la sélection qui reste dans les mains des établissements « sans outils d’aide à la décision » insiste la ministre qui promet la « transparence des critères de choix ». Sur le modèle de Parcoursup les vœux – jusqu’à dix ou même quinze s’il n’y a pas de phase complémentaire pour cette première année – des candidats ne seront pas hiérarchisés.
La plateforme sera active dès la prochaine campagne de candidatures, au titre de l’année universitaire 2023-2024 :
- en février 2023, les établissements paramétreront leur offre dans la plateforme ;
- en mars 2023, les candidats déposeront leurs candidatures ;
- de début avril à la mi-juin 2023, les établissements examineront les candidatures ;
- la phase d’admission se déroulera de mi-juin à mi-juillet 2023, avec une redistribution des places non retenues par les candidats, sachant qu’un candidat ne pourra pas accepter simultanément deux propositions d’admission ;
- à la mi-juin 2023 tous les candidats seront ainsi informés des réponses apportées à leurs candidatures ;
- l’inscription administrative des étudiants se déroulera de mi-juillet à fin juillet 2023, voire au-delà pour les formations en alternance ;
- la phase de saisine du recteur de la région académique commencera, comme c’est le cas aujourd’hui, dès la mi-juin ;
- de mi-juillet à la rentrée, la phase de gestion des désistements permettra de redistribuer les dernières places vacantes.
Une exception sera faite pour les formations dispensées par la voie de l’alternance, pour lesquelles les établissements pourront téléverser leurs fichiers de classement dans l’application de manière anticipée, dès le mois d’avril, afin de permettre aux candidats concernés de se mettre suffisamment tôt en recherche d’un contrat.
Développer le doctorat. C’est plus que jamais la carence de l’enseignement supérieur français. Dans le cadre de la loi de programmation de la recherche, des mesures ont été prises : augmentation de 20% de contrats doctoraux financés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, revalorisation de 30% de la rémunération des nouveaux contrats doctoraux, augmentation de 50% d’ici 2027 du nombre de Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre).
A la rentrée 2021, les inscriptions en doctorat ont légèrement augmenté avec 16390 doctorants inscrits en première année de thèse, soit un effectif en augmentation de 2% en un an.
Soutenir les étudiants. Pour aider les étudiants les frais de scolarité comme les loyers dans les résidences étudiantes sont bloqués alors que les APL ont été revalorisés et le repas à un euro – une économie de 100€ par mois pour un étudiant y mangeant deux fois par jour – pérennisé. « Le message qu’il faut donner à tous les étudiants c’est d’aller au Crous pour tout problème avec par exemple un accès immédiat garanti au repas à un euro », recommande la ministre.
Quels moyens pour les établissements ? La question des coûts de l’énergie va être traitée au cas par cas pour chaque établissement qui « seront accompagnés, notamment les plus fragiles ». « Ils ne doivent pas choisir entre emploi et postes », insiste la ministre qui n’en « demandera pas moins des efforts exceptionnels aux établissements ». Quant à la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires elle sera « entièrement compensée en 2023 ».