C’est une question cruciale pour l’enseignement supérieur : comment évolue le niveau des élèves français du primaire au bac ? Plusieurs études viennent justement de faire le point. La note sur l’étude Pirls 2021 que vient de publier la DEPP établit ainsi que la France stabilise ses résultats en compréhension de l’écrit en fin de quatrième année de scolarité obligatoire (CM1 pour la France). Si les autres pays européens sont majoritairement en baisse, la France n’en reste pas moins à la traine. Selon son autre note Objectifs éducation et formation 2030 de l’UE : où en est la France en 2023, la France amène davantage de jeunes enfants vers l’éducation, a moins de sorties précoces de formation et un accès plus élevé à des diplômes du supérieur que la moyenne de l’UE. Plutôt encourageant…
Compréhension de l’écrit : un (petit) mieux
Après quinze années de baisse continue de la performance globale française, la note sur l’étude PIRLS 2021 établit que si les performances des élèves français basées sur la compréhension de textes « narratifs et informatifs » comme sur les textes les plus simples (« Prélever » et « Inférer ») restent stables, celles sur les processus de compréhension les plus complexes (« Interpréter » et « Apprécier ») augmentent elles de 9 points. Avec un score global moyen de 514 points, la France se situe certes au-delà de la moyenne internationale (500 points) mais reste en deçà de la moyenne européenne (527 points). Et très loin de Singapour et Hong Kong qui culminent respectivement à 587 et 573 points.
En 2021, le score moyen de la France est stable par rapport à 2016. Dans le même temps, parmi les 16 autres pays de l’UE qui ont participé aux cycles PIRLS 2016 et 2021, 13 pays ont vu leurs résultats baisser significativement allant de 7 points pour l’Espagne jusqu’à 23 points pour la Slovénie.
Les filles obtiennent des performances supérieures à celles des garçons dans tous les pays de l’étude, à l’exception de l’Espagne et de la République tchèque. En France, l’écart entre le score moyen des filles (521) et celui des garçons (507) est assez marqué : 14 points, contre 11 en moyenne dans l’UE.
Les quatre processus scrutés par l’enquête PIRLS (« Prélever », « Inférer », « Interpréter » et « Apprécier ») ont été regroupés afin de créer deux échelles de scores indépendantes. Le calcul de la moyenne européenne, en 2021, s’établit à 529 points pour ce qui concerne les processus « Prélever et Inférer », et à 528 points pour les processus « Interpréter et Apprécier ».
En France, ces deux sous-scores, de respectivement 519 et 510 points, s’écartent légèrement du score global français (514), mettant en évidence une force relative sur les processus les plus simples (« Prélever et Inférer ») et une faiblesse relative sur les processus les plus complexes (« Interpréter et Apprécier »).
Entre 2016 et 2021, on n’en constate pas moins une hausse significative des résultats de la France sur les processus les plus complexes, avec un score qui passe de 501 à 510 points, alors que les résultats se stabilisent pour les processus les plus simples. En moyenne dans l’UE sur la même période, le score moyen sur les processus « Prélever et Inférer » a baissé de 13 points et celui sur les processus « Interpréter et Apprécier » de 9.
Les scores moyens de la France restent donc inférieurs à ceux des pays de l’UE mais avec une diminution des écarts de 11 points sur les processus les plus simples et de 17 points sur les plus complexes.
Compétences à 15 ans : où se situe la France dans l’Union européenne ?
Selon la note de la DEPP la France en moyenne dans l’UE-27, 22,5% des élèves âgés de 15 ans ne parviennent pas au seuil des compétences minimales en compréhension de l’écrit à PISA 2018. La situation est similaire dans les deux autres domaines évalués en 2018 (cultures mathématique et scientifique), où la moyenne européenne est respectivement de 22,9% et 22,3% alors que l’objectif est de descendre en deçà de 15 % d’ici 2030. En France, la situation est légèrement meilleure que la moyenne européenne : il y a environ 21% d’élèves faiblement compétents dans chacun des trois domaines. L’Allemagne est proche de la France, mais l’Espagne et l’Italie sont dans des situations plus difficiles. Seules l’Estonie, la Finlande et la Pologne avaient moins de 15% d’élèves avec des compétences insuffisantes dans les trois domaines évalués par PISA 2018.
Combien de diplômés de l’enseignement supérieur ?
En 2022, en moyenne dans l’UE-27, 42% des jeunes de 25 à 34 ans sont diplômés de l’enseignement supérieur pour un objectif de 45% à l’horizon 2030 qui est atteint dans 13 pays dont la France (50,4 % des 25-34 ans sont diplômés du supérieur). Parmi les 14 pays qui n’ont pas encore atteint l’objectif, on compte l’Allemagne (37,1%), la Pologne (40,5%), et surtout l’Italie (seulement 29,2% !).
Dans l’ensemble des États membres, les femmes sont plus souvent diplômées de que les hommes, avec 11 points d’écart en moyenne. Parmi les pays qui ont déjà plus de 45% de diplômés, la France est le pays qui présente l’écart le plus faible (54% de femmes et 46,6% d’hommes).
Dans certains autres pays, les diplômés de l’enseignement supérieur sont largement rares parmi les hommes : en Italie, seulement 23,1% des hommes sont diplômés pour 35,5 % des femmes.
- L’étude PIRLS est organisée tous les cinq ans par l’IEA, une association internationale indépendante pour l’évaluation scolaire. Cette organisation, qui regroupe des institutions de recherche et des organismes gouvernementaux nationaux, mène des études sur les performances internationales depuis 1959. En France la DEPP pilote le dispositif. Tous les cinq ans, PIRLS évalue les compétences des élèves en fin de quatrième année des enseignements systématiques (soit le CM1 en France), en compréhension de l’écrit. La France participe à cette étude depuis sa création en 2001 (2001, 2006, 2011, 2016, 2021).
- Les deux notes : Fournier Y., Rakocevic R., 2023, « Objectifs éducation et formation 2030 de l’UE : où en est la France en 2023 ? », Note d’Information, n° 23.20, DEPP; Conceicao P., Desclaux A., Lacroix A., 2023, « Pirls 2021 : la France stabilise ses résultats contrairement aux autres pays européens majoritairement en baisse », Note d’Information, n° 23.21, DEPP.