Directeur général de l’ISC Paris depuis 2010, Andrés Atenza est un fin connaisseur du monde des grandes écoles puisqu’il dirigea auparavant l’ESC Clermont (aujourd’hui membre de France Business school) et le Chapitre des écoles de management de la Conférence des Grandes écoles (CGE). Il revient avec nous sur les atouts des écoles de commerce et singulièrement de l’ISC Paris.
Olivier Rollot : Avec la crise, vos étudiants se placent-ils toujours aussi bien sur le marché du travail ?
Andrès Atenza : Les enquêtes du Céreq le prouvent depuis longtemps : les grandes écoles restent placées devant toutes les autres formations en termes de placement sur le marché du travail. Même si on constate une petite baisse pour l’emploi immédiat de nos diplômés après leur diplôme, au bout de six mois tout le monde trouve un emploi. Les entreprises nous font confiance pour bien former les jeunes.
O. R : Aujourd’hui la dimension internationale est de plus en plus importante dans les écoles de commerce. Quelle place a-t-elle à l’ISC ?
A. A : Tous nos étudiants doivent effectuer un séjour minimum de six mois à l’étranger. Nous sommes maintenant présents à Pékin grâce à un partenariat avec la Beijing University of Technology où les étudiants de deuxième année du master grande école pourront passer un semestre ou une année à partir de 2014. Je souhaite aujourd’hui développer plus largement les doubles diplômes avec des accords comme celui que nous venons de signer avec l’université San Ignacio de Loyola en Floride.
O. R : Une fois diplômés, beaucoup de vos étudiants partent travailler à l’étranger ?
A. A : 18 %, un chiffre stable. La France reste une destination porteuse. Il ne faut pas être constamment déclinistes.
O. R : Aujourd’hui la valeur d’une école est largement mesurée à l’aune de ses accréditations internationales. Où en êtes-vous en la matière ?
A. A : Nous recevrons la visite de l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business), le grand accréditeur américain des business schools, en 2014 et nous espérons bien être reconnus. Mais cela ne doit pas être une obsession. Je le dis chaque matin à mes collaborateurs : notre obsession doit être la qualité et les accréditations suivront.
O. R : Les étudiants – et leurs parents ! – sont parfois obsédés par les classements des écoles. Que leur dites-vous ?
A. A : Les classements sont une donnée dont la rationalité est limitée. Il faut regarder tout autour, essayer de comprendre quelle est l’âme d’une école. A l’ISC Paris, notre projet d’établissement fait la part belle à un esprit «familial» dans une école à taille humaine. Entrer dans une école de commerce post-prépa comme la nôtre, c’est passer trois années qui vont marquer toute une carrière professionnelle. L’école est le terreau qui va permettre aux étudiants de se développer.
O. R : L’âme de l’ISC c’est quoi ?
A. A :La vie associative est l’identité de notre Institution, le trait marquant de notre pédagogie et la force reconnue de notre diplôme. A l’instar des écoles d’ingénieurs, l’ISC Paris a, dès sa création, imaginé des travaux pratiques, des «laboratoires entrepreneuriaux» qui permettent à nos étudiants d’affirmer leur personnalité et de gagner en savoir-faire. L’ISC Paris, ses étudiants et ses diplômés partagent un socle de valeurs communes : dynamisme, pragmatisme, humilité, engagement, convictions, diversité et respect. Rejoindre l’ISC Paris, c’est faire le choix d’une école parisienne de haut niveau au service de l’acquisition de savoir, de savoir-faire et de savoir-être de ses étudiants.
O. R : Vous êtes sans doute aujourd’hui la dernière école post-prépa à être indépendante de tout groupe ou d’une chambre de commerce. Ce n’est pas trop difficile ?
A. A : Nous sommes une association loi 1901 autonome, une PMI-PME de l’enseignement supérieur. Être implanté à Paris nous coûte cher mais nous permet aussi d’être proches d’entreprises qui proposent des stages et des emplois comme de tout un réseau d’anciens. Nous tenons à cette indépendance qui nous donne une grande liberté de manœuvre et une précieuse réactivité.
O. R : Chaque année chez vous coûte 9800 euros. Que faites-vous pour aider vos étudiants à financer leurs études ?
A. A : Grâce à un cursus qui leur permet d’être libres le matin ou l’après-midi, tous nos étudiants peuvent occuper un emploi. C’est aujourd’hui le cas de 40% d’entre eux avec des emplois qui ne sont pas de petits jobs style McDo mais souvent des CDD, que ce soit dans des cabinets d’avocat, des entreprises, pour réaliser des études marketing, etc. Des emplois qui permettent non seulement de financer leurs études mais aussi de mettre des lignes supplémentaires sur leurs CV. Nos anciens nous disent souvent à quel point ils sont efficaces dans l’entreprise parce qu’ils ont été avant des étudiants débrouillards.
O. R : D’où viennent les étudiants de votre programme grande école ?
A. A : 40% sortent de prépas et 60% sont des admis sur titre. D’où la création cette année du concours Ambitions+ avec quatre autres écoles de commerce pour recruter ces jeunes sortis de DUT ou de licence dans les meilleures conditions. Nous tenons d’ailleurs à rencontrer tous les candidats et les écrits ne sont pas des épreuves d’admissibilité mais simplement un prélude aux oraux.
O. R : L’ISC ce n’est pas qu’un programme grande école. Parlez-nous de vos autres programmes.
A. A : Nous proposons également 14 MBA que le programme grande école irrigue, que ce soit en ressources humaines, luxe, management du sport, etc., et depuis cette année un bachelor. En 3 ans, nos étudiants suivent un cursus international qui se déroule les deux premières années à Paris et la troisième à l’étranger et permet d’obtenir le diplôme des institutions partenaires.
O. R : On parle beaucoup de révolution pédagogique en ce moment. Quel regard portez-vous sur les évolutions liées au développement du numérique ?
A. A : Un regard bienveillant ! Effectivement les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes mais toujours au service de nos méthodes pédagogiques. Nos grandes écoles ne peuvent que se réjouir que les outils d’apprentissage mis à la disposition de nos étudiants évoluent et se diversifient. Tout cela répond parfaitement à l’objectif de délivrer une formation de qualité à nos étudiants et à les insérer le mieux possible sur le marché du travail. Distanciel et présentiel sont les deux faces d’une même médaille. Le distanciel répond à la réalité numérique et le présentiel répond quant à lui aux besoins de face à face pédagogique, d’interaction, d’accompagnement et de relations interpersonnelles qui sont ceux de nos étudiants.
O. R : Ce n’est pas plus difficile d’enseigner aujourd’hui qu’il y a vingt ans ?
A. A : Non, même si nos élèves nous challengent plus en vérifiant sur Internet tout ce qu’on leur raconte. Ils sont très critiques, vérifient qu’il n’y a pas de plagiat. Ce sont des enfants de la crise, très lucides, qui savent que rien n’est acquis. Ils sont aussi bien capables de s’engager à fond dans l’entreprise que de donner une «démission minute» s’ils n’adhèrent plus à ses valeurs.
O. R : L’un des défis des écoles est aujourd’hui de faire de la recherche. Mais n’est-ce pas trop cher pour beaucoup d’entre elles ?
A. A : Nous n’avons pas vocation à être dans la course aux «étoiles CNRS» comme HEC. Pour autant, il est normal qu’une école fasse de la recherche. Que dirait-on d’une entreprise qui voudrait se développer sans laboratoires pour innover Reste à trouver un juste milieu entre recherche fondamentale et appliquée pour produire ce que l’AACSB appelle des «contributions intellectuelles».
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