C’est LE sujet du moment. Une partie des universitaires est vent debout contre elles et notamment le maintenant fameux Groupe Jean-Pierre Vernant (@Gjpvernant) – reçu la semaine dernière par Geneviève Fioraso (lire sur son blog) -, alors que les grandes écoles se demandent à quelle sauce universitaire elles vont être mangées. Pendant ce temps les périmètres des Comue n’en finissent pas d’évoluer (où va finalement se poser Assas ?), des projets de fusion sont encore en cours de finalisation (Rennes, Créteil, etc.) et l’élaboration des statuts prend, partout ou presque, du retard. Quant aux simples « associations », elles semblent devoir être réservées aux universités qui s’associeraient à de grandes universités déjà fusionnées (comme à Aix-Marseille et Strasbourg). Au bout du compte tout le monde se pose la même question : combien de Comue « viables » verront le jour le 24 juillet prochain, date butoir selon la loi Fioraso ?
La fin des RCE ?
Comme l’observe Patrick Fauconnier dans un article passionnant du Nouvel Obs, si beaucoup s’opposent aujourd’hui à la mise en place des Comue c’est qu’ils y voient une « ferme reprise en main des universités par le ministère ». Grâce aux Comue le secrétariat d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche pourrait en effet mieux les contrôler et les amener à rationaliser leurs choix.
Vous dites « association » ?
Moins contraignant, le statut d’association entre universités « égales » semble d’ailleurs combattu par le SESR qui demande que soit nommé un « chef de file » que la loi n’avait pas défini. En s’associant, les universités de Haute Alsace et Strasbourg (lire sur EducPros) semblent avoir acté que Strasbourg serait « coordinateur » du projet mais ne parlent pas de chef de file. Au vu de leurs tailles respectives, on imagine que les universités d’Aix-Marseille et Avignon adopteront la même position.
Quelle place pour les grandes écoles ?
Si en région parisienne les grandes écoles semblent plutôt bien trouver leur place dans les Comue, la situation est souvent bien plus tendue en régions. « Force est de constater que les écoles sont globalement impactées de manière négative par les initiatives législatives et réglementaires récentes, et qu’elles peinent à faire entendre leur voix dans les débats actuels », estime Philippe Jamet, président de la CGE, dans une interview à l’AEF où il regrette qu’on ait « clairement privilégié une composante particulière du système de l’enseignement supérieur ». Entendez les universités puis un « strapontin » pour les écoles publiques et… aucune place pour les écoles privées ?
Quid de la dévolution des diplômes ?
C’est un point de crispation central qui explique largement la mauvaise volonté des universités à voir des écoles privées s’associer à elles : les Comue pourront délivrer des diplômes dont le doctorat, une prérogative sur laquelle les universités veillent jalousement. Au sein de Paris Saclay, les établissements ont accepté que les doctorats soient remis par la Comue. L’École polytechnique envisage même que ce soit le cas pour ses masters. Un sujet sur lequel on est par exemple beaucoup plus prudent à Sciences Po Paris où son directeur, Frédéric Mion, préfère ne pas encore se prononcer sur le passage de son doctorat au sein de la Comue Sorbonne Paris Cité.
Nées un 24 juillet ?
La loi prévoit que les Comue adoptent leurs statuts avant le 24 juillet 2014 mais beaucoup considèrent que ce sera prématuré, comme par exemple le président l’université Toulouse 1 Capitole, Bruno Sire, sur EducPros : «Si les choses ne sont pas prêtes à la mi-juin, alors il me paraît préférable de repousser le passage devant les CA à la rentrée de septembre car, sur des sujets aussi engageants, il serait irresponsable de pécher par précipitation». Qui dira le contraire ?
Olivier Rollot (@O_Rollot)