En créant la SmartEcole et en généralisant l’emploi des tablettes dans ses cours, l’EM Normandie s’est placée dans le peloton de tête des établissements d’enseignement supérieur français les plus dynamiques pédagogiquement. Retour avec son directeur, Jean-Guy Bernard, sur tout ce qu’apportent les nouvelles technologies à l’enseignement.
Olivier Rollot : La « smart école fête sa troisième année. Quel bilan pouvez-vous en tirer aujourd’hui ?
Jean-Guy Bernard : Aujourd’hui les étudiants des trois dernières années de l’école ont ou vont effectuer l’intégralité des trois dernières années de leur cursus dans le cadre de la « smart école ». C’est à dire qu’ils auront été imprégnés par la pédagogie inversée et la co-création des cours. Aujourd’hui ils jouent le jeu et viennent présenter des travaux de plus en plus intéressants, ils acquièrent plus de compétences, plus de contenus et font de meilleurs exposés.
O. R : Ils sont naturellement compétents sur leurs tablettes ?
J-G. B : Ils sont évidemment doués mais cela n’empêche que nous les accompagnions pour qu’ils sachent parfaitement utiliser toutes les fonctionnalités. L’important est surtout qu’ils acquièrent de nouveaux modes d’apprentissage grâce à une dynamique de groupe.
O. R : Et les enseignants se sont également pris au jeu ?
J-G. B : Au départ le doyen de la faculté et les équipes ont pris du temps pour bien expliquer le projet. Ensuite, nous avons créé des ateliers d’échanges entre les enseignants sur différentes thématiques. Aujourd’hui 90% des enseignants utilisent les moyens de la SmartEcole. Le plus créatif est un professeur d’anglais qui utilise quantité d’outils multimédia très ludiques. Beaucoup de professeurs ont retrouvé un véritable plaisir à produire des outils. Ils challengent les étudiants et renouvellent des contenus.
O. R : Mais il y a toujours des cours en amphi ?
J-G. B : Bien sur. Il ne s’agit pas de remplacer complètement un mode d’acquisition du savoir par un autre. Aujourd’hui de 20 à 25% du temps classique de cours est devenu un face à face numérique. Cela demande beaucoup de travail en amont à nos étudiants pour que le temps de cours favorise les échanges. Ce sont des outils et une nouvelle manière d’enseigner qui viennent rejoindre les autres.
O. R : Mais qu’apportent-ils vraiment de plus aux étudiants ?
J-G. B : C’est un travail collaboratif qui les prépare à leur vie dans une entreprise : un mode pédagogique qui est également un mode de travail. Au-delà de l’acquisition du savoir on leur apprend à évoluer, à apprendre à apprendre ou à développer leur curiosité. 80% des savoirs acquis dans l’enseignement supérieur ne seront pas utilisés ou dépassés avant de servir. Ce qui reste aux diplômés ce sont les compétences – animer une réunion, s’ouvrir aux autres cultures, travailler en groupe, etc. – qui leur serviront toute leur vie.
O. R : Mettre en œuvre la SmartEcole a coûté cher à l’EM Normandie ?
J-G. B : C’est un investissement d’un million d’euros qui comprend la fourniture à tous nos étudiants d’Ipad qu’ils nous rendront à la fin de leur cursus.