Quand l’un des plus célèbres lycées français, Henri IV, et Paris Sciences et Lettres (PSL), le pôle de recherche et d’enseignement supérieur réunissant Normale Sup, l’université Dauphine ou bien encore les Beaux-Arts, s’associent il faut que le résultat soit à la hauteur des partenaires. En créant une licence pluridisciplinaire très novatrice, disons le tout de suite, l’objectif est atteint.
Un enseignement pluridiscplinaire
En trois ans, les 60 étudiants recrutés chaque année par un programme qui se déroulera aussi bien au sein du lycée Henri IV que dans les établissements membres de PSL prendront en effet le temps de se spécialiser petit à petit. Loin de l’hyper spécialisation précoce qui caractérise encore trop souvent l’enseignement supérieur français, ils goûteront à des enseignements communs littéraires et scientifiques tout en se spécialisant petit à petit dans les trois voies proposées : sciences, sciences humaines et sociales et humanités.
Un super lycée, une prépa alternative ? Un peu tout cela sur le modèle de la fac à l’américaine avec l’encadrement de la prépa à la française. « Il s’agit de concilier les atouts des deux formes d’enseignement : la prépa et l’université », explique Monique Canto-Sperber, la présidente de PSL qui délivrera le diplôme. « Nos étudiants pourront aussi bien poursuivre en prépas qu’en grande école ou à l’université », e réjouit Patrice Corre, le proviseur d’Henri IV, dont ce nouveau programme vient prendre la suite de sa classe préparatoire aux études supérieures, une prépa qui ouvrait déjà les portes de l’enseignement supérieur à des profils sensiblement différents de ceux des prépas classiques. Sensiblement car néanmoins bosseurs car, comme en prépa, les horaires sont importants (plus de 30 heures) mais, insiste encore Patrice Corre, avec « une prime donnée au travail collaboratif plutôt qu’au cours magistral ». Le tout avec plusieurs heures de pratique culturelle et artistique.
L’exemple américain
Si PSL et Henri IV ont choisi de promouvoir un programme pluridisciplinaire c’est aussi parce qu’ils ont le sentiment qu’il correspond aux attentes du public. « Les étudiants veulent prendre le temps d’approfondir différentes matières avant de se spécialiser. Avoir une bonne culture scientifique aussi bien qu’en sciences humaines est aujourd’hui essentiel », confie Monique Canto Sperber. « Dans la recherche la créativité est maximale là où on rapproche les disciplines », renchérit Patrice Corre.
On se rapproche là de l’université à l’américaine où il n’est pas question de s’engouffrer dès le bac en médecine ou en droit. Les deux premières années de bachelor universitaire (notre licence mais en 4 ans) y sont très libres. Loin de se spécialiser tout de suite comme en France, les étudiants américains piochent picorer dans les cours parmi toutes les matières dont seulement quelques unes sont obligatoires. Sciences, littérature, arts, ils se construisent un parcours à la carte avant d’opter pour des spécialisations en troisième année. Même un non scientifique doit avoir validé des cours de sciences qui leur sont d’ailleurs spécifiquement destinés.
«Il est possible de changer totalement d’avis sur son orientation une fois entré à l’université, explique ainsi Charlotte Goodwin, conseillère à la Commission franco-américaine. Je me souviens d’une amie qui a découvert les beaux-arts alors qu’elle se croyait faite pour les sciences. Aujourd’hui elle illustre des livres scolaires de mathématiques.» Et Céline une étudiante ingénieurs de CPE Lyon partie à l’université de Purdue, près de Chicago, de ses souvenir que, même en master, elle a eu le « du bonheur d’avoir pu pratiquer des matières qui n’étaient pas liées à son cursus comme la philosophie».
Olivier Rollot (O_Rollot)