Né de la fusion des Mines de Nantes et de Télécom Bretagne, l’IMT Atlantique en hérite de laboratoires de toute première qualité à Brest, Nantes et Rennes. Mais aussi d’un incubateur présent sur tous les sites.
Des projets de recherche en relation avec les entreprises
Enseignant-chercheur dans les laboratoires rennais d’IMT Atlantique, Gwendal Simon travaille sur les images transmises dans les casques de réalité virtuelle. Par exemple pour une démonstration de rollercoaster : « Si on modélise la totalité des espaces dans lesquels un sujet est susceptible de bouger sa tête pour regarder son environnement, la somme de données à transmettre en 4K requiert des bandes passantes que les réseaux actuels ne peuvent pas fournir. Nous travaillons donc avec les concepteurs de jeu à des capteurs de mouvement qui permettent de ne modéliser que les mouvements courants ».
L’objet de recherche de Fabien Aurel, est bien différent. Afin de mettre en garde les entreprises, il leur démontre comment un système industriel complexe peut être piraté : « Nous nous sommes inspirés d’une attaque contre une centrale nucléaire ukrainienne pour démontrer comment, suite à un e-mail pirate aux allures innocentes, on pouvait pénétrer dans le système pour lui donner des ordres aberrants et ainsi le rendre inopérationnel ». Une maquette en Fischertechnik commandant de véritables automates industriels rend sa démonstration encore plus parlante (photo). « Nous avons identifié la vulnérabilité du module de communication d’un automate de la marque Crouzet. Nous les avons prévenus mais celle-ci préfère ne pas faire de mise à jour en attendant une nouvelle version », déplore Fabien Aurel.
Une méconnaissance des dangers des cyber-attaques encore bien partagée en France. « Songez qu’une entreprise comme La Poste possède pas moins de 100 000 serveurs sur tout le territoire sans savoir comment ils sont gérés alors que de simples mises à jour régulières éviteraient la plupart des virus », commente Jean Le Traon, qui dirige le site rennais de l’IMT. Son expertise en matière de cybersécurité est telle qu’IMT Atlantique est devenu la tête de pont formation du pôle d’excellence français Cyber. Après une recension de l’ensemble des formations, un MOOC va même être crée pour répandre la bonne parole sécuritaire dans des entreprises où la plupart des ingénieurs n’en avaient jamais entendu parler pendant leur formation.
Rendre étudiants (et professeurs) innovants
Dès leur formation l’IMT Atlantique s’attache à rendre ses étudiants innovants par l’élaboration de pédagogies actives. « Nous travaillons à l’élaboration du savoir avec les étudiants. Ce qui signifie parfois passer 3 h de travaux pratiques et ½ heure d’exercice pour apprendre une notion qu’on aurait peut-être expédié en 10 minutes de cours mais sans bien la retenir », explique confie Gwendal Simon, grand initiateur des nouvelles pédagogies au sein de son école qui favorise également les cours de travail collaboratif et les groupes projet. : « Au début de la première année ils « s’entretuent », ils sont trop individualistes, mais à la fin de l’année ils savent travailler ensemble. Ce sont de très bons élèves qui savent trouver des solutions et nous avons trois ans pour les former à penser « en dehors de la boîte » ».
En 2ème année les étudiants du campus de Brest peuvent ainsi suivre un projet innovation » dans le cadre duquel ils vont animer un cours devant 200 étudiants. Chaque groupe d’étudiants est suivi par des coachs qui les aident à cristalliser leurs projets. Des experts en communication orale viennent également les aider à préparer leur communication finale. Ils ont par exemple eu à réfléchir à comment « créer des drones sous-marins qui suivent automatiquement les plongeurs ». Sans GPS évidemment et avec la nécessité de penser à une mise en production à des prix abordables. « Le jour de la soutenance ils sont arrivés avec un prototype dans un aquarium et un smartphone pour démontrer qu’il pouvait recevoir un SMS », se félicite la responsable de la formation, Marianne Laurent, par ailleurs responsable de l’incubateur de l’école. « Nous voulons former tous nos étudiants à l’innovation avec différentes phases projet tout au long de leur cursus pour leur apprendre à travailler en « essais-erreurs successifs ». Certains élèves disent ne pas être créatifs et nous sommes là pour leur dire que ça s’apprend », conclut Gwendal Simon
Autant d’innovations que favorise l’Institut Mines Télécom en proposant à ses professeurs volontaires de ses 11 écoles de participer chaque année à son Ecole d’hiver en pédagogie, Mediane. « C’est l’occasion pour nous de rencontrer des ingénieurs pédagogiques et de travailler sur la diffusions de la culture de l’innovation chez les enseignants-chercheurs », explique Yann Busnel, responsable du département SRCD (Systèmes Réseaux, Cybersécurité et Droit du numérique) du Campus de Rennes d’IMT Atlantique, pour lequel « jeter un maître de conférence dans le grand bain des cours sans aucune formation à la pédagogie est aberrant ».
230 projets incubés
Qui dit innovation dit ensuite valorisation et IMT Atlantique possède son propre incubateur qui reçoit chaque année 50 projets et en a déjà accompagné 230 créant en tout 800 emplois. Woleet travaille ainsi sur la chaîne du bitcoin en utilisant les transactions financières pour graver dans le marbre des données ou des documents. Par exemple des diplômes. « Un huissier spécialisé dans la blockchain peut être amené à constater d’éventuelles infractions », explique l’un des trois fondateurs de la start-up, Gilles Cadignan. Ceux d’Acklio s’intéressent aux réseaux à bas débit longue portée et à leur sécurisation. « Avec deux antennes de 5000€ il est possible de faire communiquer toute la ville de Rennes mais encore faut-il sécuriser les données pour que se développent les objets connectés », détaille Alexandre Pelovi. Enfin du côté de Yogoko on utilise les infrastructures de communication actuelles pour permettre la mise en communication des véhicules et l’apport d’informations de leur environnement.
Autant de projets bien dans l’ADN des écoles fondatrices. « En 40 ans, Télécom Bretagne a fait bien plus que des télécoms pour se concentrer sur le traitement de l’information et des réseaux au sens large, qu’il s’agisse du geste chirurgical, des drones, du fonctionnement du cerveau etc. », détaille le directeur de l’école, Paul Friedel. Ses laboratoires s’intéressent également à tous les impacts du numérique sur la vie avec par exemple un professeur de droit pour réfléchir à sa régulation. Un peu plus jeune, créée en 1990, Mines Nantes a été bâtie autour du numérique, de l’énergie et de l’environnement. « C’était l’une des deux grandes écoles spécialisées dans l’énergie nucléaire et les particules des hautes énergies. Elle est aussi très pointue dans la détection de la matière noire, la santé, les questions d’automatique et de productique, le génie logiciel, etc. », spécifie le directeur. Parce qu’elles dépendent du ministère de l’Industrie, les écoles de l’Institut Mines Télécom travaillent toutes dans la recherche fondamentale autant qu’appliquée.