Cela n’avait rien d’évident au début : quand la plupart des écoles de management françaises ont préféré s’installer à ou près de Shanghai, Audencia a choisi en 2016 de s’implanter dans une ville nouvelle : Shenzhen, aux portes de Hong Kong. « En septembre 2016 l’Université de Shenzhen avait entrepris des négociations avec différentes business schools dans le monde et nous nous sommes montrés les plus réactifs », explique Christophe Germain, directeur de la SABS (Shenzhen Audencia business school), directeur adjoint d’Audencia BS dont il assurait à l’époque l’intérim de la direction générale. Un choix qui pourrait se révéler de plus en plus gagnant…
Une métropole de taille mondiale. La SABS s’est installée au cœur de ce qui est aujourd’hui la métropole dont le développement est le plus dynamique dans le monde. Selon les experts d’Oxford Economics, Shenzhen sera ainsi la septième ville la plus importante du monde en 2030 ! En cinquante ans – la « zone économique spéciale » de Shenzhen a été lancée en 1980 – elle sera ainsi passée du statut de petite ville de 30 000 habitants à celui une métropole de taille mondiale qui compte aujourd’hui plus de 10 millions d’habitants. Son secret : être à la fois un centre financier majeur et le siège d’industries de pointe comme le fabricant de téléphonie mobile Huawei. De son côté l’Université de Shenzhen, créée en 1983, compte aujourd’hui 34 000 étudiants – dont 1500 étrangers – et 2500 professeurs.
Un développement accéléré. Juillet 2016 : accord entre l’université et Audencia. Septembre 2016 : lancement de l’école. Septembre 2017 : lancement des premiers programmes. En un an la SABS était née. « Nous n’avons absolument pas pour objectif d’y accueillir tous nos étudiants mais d’y développer certains programmes liés aux spécificités de la ville, par exemple en finance, en innovation ou en entrepreneuriat », reprend Christophe Germain. Le tout dans le cadre d’un joint-venture où l’université amène ses locaux – et une partie du financement jusqu’au moment où les comptes s’équilibreront – et Audencia son expertise. « Je m’assure que la qualité soit la même qu’à Nantes dans le cadre de programmes délivrés exclusivement en anglais. »
Pas forcément enthousiastes au début, les étudiants français y découvrent vite des opportunités de stages et d’emploi exceptionnelles dans un écosystème très porteur.
Des étudiants chinois y suivent également les programmes co-construits par Audencia et l’université de Shenzhen : des masters en supply chain et management, un E-MBA et un DBA (Doctorate of Business Administration). Aujourd’hui la faculté compte dix professeurs et ils seront bientôt vingt. D’ici quatre ou cinq ans ce seront en tout environ 500 étudiants qui y seront reçus chaque année. S’ils peuvent être logés sur le campus la plupart préfèrent éviter le couvre-feu – à 23 heures – et louer des logements en ville.
Le voyage d’études du E-MBA. Chinois ou Français les 103 étudiants du E-MBA d’Audencia étaient présents à Shenzhen pour y fêter la fin de leur cursus – rencontres avec des entreprises, banquet et karaoké à tue-tête au menu – puis se rendaient à Hong Kong pour y découvrir d’autres entreprises. En tout huit nationalités venues en particulier des campus d’Audencia de Nantes, Paris, Alger et Shenzhen. Si les Français sont encore les plus nombreux, avec 32 étudiants les Chinois sont la deuxième nationalité donc ce programme qui dure de 16 à 20 mois (12 mois en accéléré) et est facturé 38 500 euros. « Un bon value for money dans une école triple accréditée pour un programme qui comprend la réalisation d’un projet stratégique individuel quand d’autres le font ensuite », relève William Hurst, le directeur de l’Executive Education de l’école.
Le projet a tellement convaincu Romain, 33 ans, cadre à la Banque Postale, qu’il a quitté Toulouse pour Nantes : « J’avais progressé très vite sans avoir pour autant le diplôme en rapport avec mes fonctions. Mon entreprise m’a très largement financé pour l’obtenir ». Comme 85% des étudiants il est en poste – les 15% restants (20% en France) préférant bénéficier d’une formation que d’indemnités supra légales -, mais il est plus jeune que la moyenne (42 ans) et un homme comme 80% de son groupe.
Se différencier. Audencia propose aujourd’hui trois MBA différents : Full Time (plutôt à des cadres, étrangers à 92%, ayant entre sept et douze ans d’expérience professionnelle), Executive Euro MBA (à distance depuis 20 ans avec cinq universités européennes) et l’Executive MBA. « Le Full Time est le marché le plus concurrentiel au monde. Il faut se différencier et nous le faisons avec notre double localisation en France et à Shenzhen », assure William Hurst, qui note que « seules l’Insead et l’IMD peuvent faire venir des étudiants chez elles en Europe, les autres cursus ». Plateforme régionale, le campus de Shenzhen d‘Audencia amène ainsi des étudiants asiatiques à y étudier avant, peut-être, de se rendre à Nantes.
Mais au-delà c’est à la formation continue en général que s’intéresse William Hurst dans les pays où l’école est implantée : « En Algérie nous formons avec l’ESAA des dirigeants de grands groupes qui, ensuite, poussent leurs entreprises à nous demandes des formations sur mesure ».