Elle vient de prendre la direction d’un programme Grande école de Toulouse BS (TBS) qui a quelque peu été chahuté en 2018 en ne parvenant pas à recruter autant d’élèves de prépas que les années précédentes. Confiante dans la qualité de son programme, Annabel-Mauve Bonnefous entend aujourd’hui mieux le faire connaître tout en aménageant le passage des oraux.
Olivier Rollot : En plus de celle des programmes MSc et Mastères spécialisés, que vous dirigiez depuis juin 2018, vous avez pris il y a deux mois la direction du programme Grande école de TBS. Comment avez-vous pris en main ce nouveau challenge vous qui venez plutôt de l’univers de l’Executive Education, notamment à HEC ?
Annabel-Mauve Bonnefous : Avec enthousiasme car j’ai moi-même suivi le cursus d’une Grande école. Je cherche d’ailleurs à faire participer activement les étudiants aux évolutions de leur école. Leurs idées sont extrêmement précieuses. De plus, j’ai reçu un excellent accueil du corps professoral et des équipes. Nous partageons la même ambition et nos expériences professionnelles sont très complémentaires. Nous nous enrichissons mutuellement au quotidien, c’est une belle aventure humaine.
O. R : Votre principal souci va être de redonner de l’allant à un programme Grande école qui est loin d’avoir fait le plein en 2018…
A-M. B : Ce n’est pas le contenu du programme qui a posé problème, il est robuste et d’excellente qualité. Les étudiants qui le choisissent sont assurés d’avoir une belle carrière professionnelle et d’être plébiscités par les entreprises. Il faut mieux communiquer sur ses forces : l’apprentissage par des missions réelles de conduite de projet et de conseil en entreprise, l’importance de la vie associative dans le développement des compétences, les nombreuses opportunités de double diplôme en France et à l’étranger, le parcours multi-campus…
O. R : Vous n’envisagez donc pas une réforme du PGE ?
A-M. B : Elle a déjà été faite récemment et bien pensée. Je m’inscris plutôt dans un processus d’amélioration continue où les professeurs, les entreprises et les étudiants cisèlent ensemble chaque année la « pierre précieuse ». L’année prochaine, nous inaugurons le « certificat Soft Skills » ; un apprentissage progressif du management collaboratif, du leadership et de l’agilité sur les trois années du PGE.
Nous allons également expérimenter trois idées apportées par nos étudiants : certaines associations étudiantes vont contribuer aux cours dispensés – c’est déjà le cas sur les outils digitaux mais nous irons plus loin, sur le développement personnel par exemple – , des cadres supérieurs viendront présenter leur métier dès la première année, et nous développerons un certificat « Responsabilité sociétale du manager ».
O. R : Comment allez-vous faire pour recruter plus d’élèves issus de classes préparatoires en 2019 ?
A-M. B : Aller à leur rencontre lors de la préparation des oraux dans leurs prépas et lors de la période des admissibles pour les accompagner, leur donner des conseils et leur montrer que choisir TBS est un gage d’un belle expérience étudiante, d’un double diplôme triplement accrédité et d’une vie professionnelle en accord avec leurs envies et leurs valeurs.
O. R : Ça c’est la partie académique de l’accueil. Mais vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a une autre partie, plus festive, qui joue également un rôle important dans les choix des préparationnaires. Et justement l’année dernière il semble que TBS ait quelque peu raté cette partie. Qu’allez-vous faire cette année ?
A-M. B : J’ai rencontré un certain nombre d’étudiants « admisseurs » de 2018 pour parler de cette période. Ils avaient effectivement ressenti une certaine baisse d’énergie. Ce n’est pas le cas cette année où nous sommes déjà tous impatients que la période commence ! Je partage avec mon équipe le souhait d’ouvrir le champ des possibles et de donner aux étudiants « admisseurs » une place prépondérante dans les choix et la mise en œuvre de la période des admissibles.
Le mot d’ordre est qu’à chaque fois qu’une personne de TBS – étudiants, administratif ou professeurs – propose une idée, même la plus étonnante, nous répondions : « Pourquoi pas ? » et que nous étudions sa faisabilité et sa pertinence par rapport aux objectifs. Cela donne le droit d’imaginer, de rêver. Je vois donc beaucoup d’énergie et de sourires !
O. R : Vous vous rendez déjà régulièrement dans des classes préparatoires pour rencontrer les élèves ?
A-M. B : Bien sûr. Nous aidons même les préparationnaires à s’entraîner aux oraux. TBS propose également une conférence : « Evaluer rapidement le profil psychologique de vos jurys ». Nous leur montrons comment comprendre les attentes de chaque membre du jury. Cette capacité d’observation, d’analyse et d’ajustement à l’autre est d’ailleurs la première brique du certificat Soft Skills.
O. R : Allez-vous faire évoluer la façon dont vous faites passer les oraux ? Je rappelle que les candidats doivent commenter un texte issu d’un journal en introduction à vos oraux.
A-M. B : Nous allons conserver ce mode d’introduction à l’entretien, qui est un marqueur fort de l’identité de TBS. La nouveauté sera que nous leur donnerons accès à la liste des textes dès l’annonce de leur admissibilité, alors qu’ils n’avaient que 20 minutes de préparation juste avant leur oral l’année dernière. L’objectif est de réduire le stress des candidats et de valoriser la profondeur du raisonnement plutôt que la rapidité, à l’ère d’une intelligence artificielle (IA) qui ira toujours plus vite que l’humain.
Autre nouveauté : parmi ces articles de presse, nous allons en proposer cinq entièrement inventés et se déroulant en 2040, pour imaginer le monde dans l’esprit des thématiques liées à TBS : RSE, intelligence artificielle, mobilités, etc. Un exercice prospectif stimulant pour les audacieux et qui permet de réfléchir aux problématiques sociétales auxquelles nous devons répondre dès à présent.
O. R : Vous allez dans tous les types de classes préparatoires ?
A-M. B : Je rencontre des prépas EC mais aussi des classes préparatoires technologiques et littéraires. A ces dernières, je veux montrer que nous prenons en compte leur culture et leurs besoins. Le parcours de ces étudiants a beaucoup de pertinence vis-à-vis des métiers du management. L’étude de la philosophie, par exemple, est essentielle pour devenir un grand manager, qui est confronté quotidiennement aux questions de justice, de vérité et de reconnaissance.
O. R : Comment entendez-vous faire progresser la question du continuum classes préparatoires / Grandes écoles ?
A-M. B : Je reprends avec d’autant plus de vigueur le flambeau de ce continuum au sein de TBS que je suis une fervente partisane des classes préparatoires. La classe préparatoire permet de façonner des aptitudes essentielles telles que la persévérance, la résilience, la vitesse d’exécution alliée à la qualité du travail. Autant de qualités que les entreprises valorisent aujourd’hui. Je participe à un groupe de travail sur le continuum et nous avons de belles réalisations à mener ensemble.
O. R : Une dernière question. Comment définiriez l’identité de TBS ? Quelles sont ses spécificités ?
A-M. B : Je pense que les valeurs de TBS expriment bien son identité : audace, excellence, ouverture, responsabilité et agilité. TBS est une école engagée pour ses étudiants, ses territoires et la planète en général. Nous sommes fiers de nos étudiants et de leurs impacts dans le monde professionnel. TBS, c’est aussi l’école qui regarde vers l’avenir avec une expertise reconnue dans le domaine de l’aéronautique, de l’intelligence artificielle (IA) et du big data. Enfin, comment oublier la convivialité propre au Sud-Ouest ! Au-delà d’une formation, TBS offre un cadre de vie, du lien social et de la douceur de vivre.