POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Enseignement supérieur : les grands débats de 2019

Création de nouveaux regroupements d’universités et Grandes écoles, mise en œuvre des réformes de l’apprentissage et de la formation continue, réforme de la licence, évolutions de Parcoursup, 2019 promet d’être une année riche en évolutions et débats. Florilège.

« Aimez-vous les uns les autres! » : les futurs regroupements au défi de l’entente. En septembre lors sa rentrée devant la Conférence des présidents d’université, le Premier ministre Edouard Philippe avait voulu mettre l’accent sur la nécessité pour les établissements d’enseignement supérieur de s’entendre : « J’ai des exemples précis d’endroits où on ne se met pas d’accord. Pour y remédier nous ouvrons la possibilité de faire évoluer les statuts. Mais il faut se mettre d’accord ! Il y a un intérêt collectif a permettre des alliances. Je vous y invite de manière pressante ! » La publication en décembre de l’ordonnance relative à « l’expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion des établissements d’enseignement supérieur et de recherche » permet maintenant aux sites concernés de se mettre en ordre de marche. Mais Grandes écoles et universités arriveront-elles enfin à s’entendre autour d’un mode de gouvernance efficace ?`

« Elles ne mouraient pas toutes, mais toutes étaient frappées… »les Comue vont-elles survivre à 2019 ? Le 7 janvier les présidents des quatre universités de l’Occitanie Est (Perpignan, Montpellier, Paul-Valéry Montpellier 3 et Nîmes) ont dit leur volonté de sortir de la ComUE Languedoc-Roussillon afin de « travailler à un rapprochement de leurs établissements dans un cadre moins rigide » et de s’écarter d’un modèle des Comue « largement obsolète à l’échelle du pays tout entier ». Après une Comue Université Bretagne Loire au bord de la dissolution, une Université Bourgogne Franche Comté sans capitaine, une Paris-Saclay en recomposition, cette volonté marque une nouvel épisode du délitement des Comue. Combien subsisteront à terme ?

Apprentissage : « gare aux apprentis sorciers de la réforme » ! La réforme de l’apprentissage représente un enjeu important pour le financement de l’enseignement supérieur. Comme pour les contrats de professionnalisation, les contrats d’apprentissage vont dorénavant être gérés au contrat et plus globalement par des Centre de formation d’apprentis (CFA). La question du montant auquel les établissements d’enseignement supérieur seront rétribués par les OPCO (« opérateur de compétences » qui succèdent aux OPCA) pour chaque formation est donc cruciale. Et tout porte à croire aujourd’hui que ce montant sera significativement inférieur aux coûts de revient des établissements. Conclusion : soit les entreprises payeront la différence, soit ce seront les non apprentis… soit l’apprentissage décroitra alors même qu’il était une solution pour beaucoup de jeunes qui désiraient intégrer l’enseignement supérieur et n’en avaient pas les moyens financiers.

Formation continue : ‘les chômeurs plutôt que les salariés ?’ Comme pour l’apprentissage la réforme de la formation continue semble devoir faire évoluer le fléchage des financements. En l’occurrence vers la formation de chômeurs dont la situation devient de plus en plus incongrue à mesure que le nombre d’offres d’emploi non pourvues progresse. Maintenant versé sous forme monétaire, le compte personnel de formation (CPF) paraît ainsi devoir être notamment moins séduisant qu’auparavant. Quant au Projet de transition professionnelle, qui remplace le CIF, son financement semble bien mal assuré. Pour autant les établissements d’enseignement supérieur peuvent se rassurer en investissant dans le développement de modules amenant peu à peu à un diplôme.

Étudiants étrangers : le « mur de l’argent » ! Isabelle Adjani, Juliette Binoche, Cédric Klapsisch, dans une tribune au JDD où elles appellent à « refuser le mur de l’argent », 500 personnalités s’insurgent contre la volonté du gouvernement d’augmenter de façon exponentielle – à 2 770 euros par an en licence et à 3 770 euros en master et en doctorat, les droits annuels se verraient multipliés par 15 -, les droits de scolarité des étudiants non communautaires. Alors que des universités comme Paris Nanterre s’engagent à ne pas appliquer ces droits, il semble que le gouvernement veuille justement laisser aux établissements une certaine liberté dans l’application de la réforme. Une concertation va en tout cas être lancée à ce sujet.

Étudiants français : dans le mur sans l’argent ? La polémique sur les étudiants étrangers ne cache-t-elle pas la forêt d’une augmentation programmée plus large de l’ensemble des droits de scolarité ? C’est ce que craignent les organisations syndicales étudiantes. C’est ce que souhaitent beaucoup de directeurs de Grande écoles d’ingénieurs publique. C’est ce que ne veulent surtout pas aborder les présidents d’université. Et pourtant la question des moyens donnés à l’enseignement supérieur sera forcément centrale dans les mois et les années à venir. D’abord parce que les effectifs vont augmenter au moins jusqu’en 2026 pour atteindre les 2,9 millions d’étudiants (327 000 de plus qu’en 2016). Ensuite parce que les conditions d’études paraissent aujourd’hui de moins en moins satisfaisantes au regard des standards internationaux.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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