Il est loin le temps où les écoles de management post-prépas effectuaient une rentrée en mode « coolitude ». Aujourd’hui il s’agit au contraire de rendre le plus vite possible les étudiants acteurs de leur cursus. Grenoble Ecole de Management a par exemple décidé cette année de proposer à ses 690 nouveaux étudiants de son Programme Grande Ecole (issus de classes préparatoires mais aussi admis sur titre) de travailler ensemble pendant de 10 jours pour fournir à six entreprises partenaires 150 idées créatives « améliorées » par les habitants de la ville.
Changer de posture ! « Nous voulons montrer à nos nouveaux étudiants, notamment issus de classes préparatoires, qu’en plus des compétences scolaires il y en a beaucoup d’autres à développer. Dès leur arrivée dans l’école il faut qu’ils changent de posture ! », confie la responsable du défi, Caroline Cuny. Organisés en groupes de 40 étudiants, coachés par un professeur et des diplômés, en lien avec des entreprises partenaires, les étudiants se répartissent en équipes de huit étudiants. En tout 144 équipes vont travailler pendant deux semaines et demie à créer des produits utiles à la société dans les domaines des transports, de la sécurité, de l’énergie ou encore des loisirs. Le tout en partant des cartes tirées d’un jeu, le « TechIt », destiné à les mettre dans la peau d’un consommateur.
Le projet mené par l’équipe de Jouhail Bou-Eddine était pour le moins iconoclaste : un parapluie intelligent posé sur un vélo permettant de rendre potable l’eau récoltée : « Cela correspondait aux cartes que nous avons tirées au sort. Mais l’idée ce n’est pas ce qui est le plus important. Ce qu’on retire du défi ce sont des méthodes d’innovation et surtout à travailler ensemble et à se connaître ». Tout juste issu de sa classe préparatoire à Casablanca, Jouhail Bou-Eddine a apprécié de se sentir tout de suite dans une promotion. Même s’il a parfois été quelque peu désemparé comme quand il a fallu aller présenter leur curieux projet à des habitants de Grenoble un brin sceptique…
Présenter son projet. Pour rendre le processus encore plus participatif les équipes se passent leurs projets les unes les autres pour les améliorer. Avec obligation de rendre leurs conclusions le soir même. « C’est une approche d’intelligence collective où chacun apporte sa contribution à trois idées différentes », relève Caroline Cuny. « On apprend à se connaître très vite, à se faire des amis mais aussi et à sa mettre dans le bain de l’entreprise. On était juste un peu bridés de devoir partir d’un jeu alors que certains avaient de véritables idées », analyse Estel Meslin, qui a intégré l’école après une prépa ECT. L’idée de leur groupe : une toupie qui permet de recharger son téléphone.
Un projet qui a séduit les entreprises présentes qui viennent régulièrement rencontrer les groupes sans donner de lignes directrices. Une vidéo permet de visualiser le projet qui est enfin présenté aux Grenoblois. « Les étudiants peuvent alors voir ce que comprennent les consommateurs de leur projet », reprend la responsable pour laquelle l’essentiel est de « démontrer aux étudiants qu’ils savent travailler ensemble et ont des compétences d’organisation ». Si certains auraient préféré des cours plus classiques la grande majorité a adhéré au projet. A rééditer en 2019…
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