Frédérique Vidal pourra y trouver l’illustration de sa dénonciation d’un certain « islamo-gauchisme » à l’université. Au mépris de ce qui est arrivé il y a quelques mois à Samuel Paty des étudiants Sciences Po Grenoble ont placardé sur le mur d’entrée de leur institut les noms de deux leurs professeurs avec cette phrase « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue » (lire l’article du Figaro qui a révélé l’affaire). Sur Europe 1 la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) est revenue sur le sujet le 10 mars : « Il ne faut pas de pensée unique dans l’université. La recherche doit rester libre et cela n’est pas possible qu’il y ait des interventions qui empêchent cette liberté ». Et elle insiste : « C’est mon travail que de protéger l’université et cette liberté d’expression contre des radicalités. Les syndicats étudiants doivent s’interroger sur leurs valeurs ».
Un climat délétère. Au-delà d’un geste qui paraît inconcevable après l’assassinat de Samuel Paty, l’affaire révèle le climat délétère qui peut régner aujourd’hui dans certains établissements autour de la notion d’islamophobie et que Le Monde s’est également attaché à analyser. Dans l’émission Càvous l’essayiste Caroline Fourest réagit quant à elle en affirmant que « Quand ces étudiants disent que l’islamophobie tue, non, c’est l’accusation d’islamophobie qui tue ! ». Une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Grenoble pour « injures publiques ».
Si l’institut reste divisé sur la question des responsabilités de chacun il est en tout cas unanime à rejeter l’affichage. Ce lundi 8 mars l’équipe dirigeante de Sciences Po Grenoble a ainsi affirmé lors d’une conférence de presse qu’afficher les noms de professeurs accusés d’islamophobie sur la façade de l’institut « mettait en danger l’ensemble de ses étudiants et personnels ». L’Unef grenobloise, qui avait relayé l’affichage sur les réseaux sociaux, a finalement dû reconnaître dimanche une opération « maladroite et dangereuse », réaffirmant « son opposition à toute haine, à tout lynchage public et son attachement à la liberté d’expression ».
Et maintenant ? Le syndicat étudiant n’en demande pas moins des sanctions contre les enseignants. « Nous continuerons à demander des sanctions tant que ces deux professeurs ne se seront pas excusés », a indiqué lors d’une conférence de presse le président de l’Union syndicale de l’IEP, Thomas Mandroux au motif notamment qu’un des professeurs « n’avait de cesse de rappeler les origines chrétiennes de la France ».
La direction de l’IEP le soutient en cela partiellement en relavant à propos d’un des deux professeurs. « Je pense qu’il y a un ton qui est extrêmement problématique dans ses propos, avec des idées qui sont développées parfois un peu rapidement, et donc un rappel à l’ordre et une incitation au dialogue ont été entreprises par la direction », a expliqué mercredi à l’AFP Sabine Saurugger, la directrice de l’IEP.