CLASSES PREPAS, ECOLE D’INGÉNIEURS, ECOLES DE MANAGEMENT, PERSONNALITES, POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITES

Bonnes vacances… en pensant aux défis de la rentrée

Comme vous nous partons quelques semaines en vacances. Comme vous nous allons décompresser et, comme vous, avoir quelque part en tête les défis qui attendent le monde de l’enseignement supérieur à la rentrée.

1. Que va-t-il sortir des Assises ?

Geneviève Fioraso parviendra-t-elle à maîtriser ses Assises ?

Pilotées par Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, les Assises territoriales puis nationales de l’enseignement supérieur et de la recherche qui vont se dérouler de la mi-octobre à la fin novembre doivent déboucher sur une nouvelle loi cadre début 2013. Elles risquent surtout d’être un terrain d’affrontement privilégié entre les opposants farouches à la LRU (Bertrand Monthubert, Isabelle This Saint-Jean, Anne Fraisse, etc.) et ceux qui y ont participé en tant que présidents d’université à la tête de la CPU et sont maintenant aux commandes du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Lionel Collet, Simone Bonnafous, Daniel Filâtre). Les premiers ont l’avantage d’être proches ou membres du PS, les seconds d’être aux manettes. Mais qu’en pensent des universités qui ont largement renouvelé leurs présidents ? Que va devenir l’ANR ? L’Aeres peut-elle survivre ? Quelle place pour les grandes écoles ? Quel avenir pour les prépas ? La liste des questions est tellement longue que les Assises vont avoir bien du mal à se prononcer sur toutes en si peu de temps…

2. Que vont devenir les grandes écoles ?

Si leur avenir n’est pas au cœur des assises, les grandes écoles n’en sont pas moins inquiètes tant elles se sont senties peu considérées ces dernières années par un gouvernement obnubilé par la place des universités dans les classements internationaux. Un nouveau gouvernement plus proche des classes prépas leur sera-t-il plus favorable ? Elles veulent en tout cas le croire alors qu’elles abordent de lourds défis liés d’abord à leur financement.

Quand les chambres de commerce réduisent leurs financements, les écoles de commerce ploient sous le fardeau de charges de plus en plus lourdes liées à la nécessité de posséder un corps professoral de plus en plus performant et international. Elles fusionnent donc (France Business School, Euromed + BEM + Pau, Rouen et Reims) sans que cela soit une partie de plaisir comme le prouve le désistement surprise de Philippe Corruble de la direction de Rouen Business School. Un mouvement que suivent également les écoles d’ingénieurs (fusion entre les écoles de la Catho de Lille, institut Mines Telecom, Efrei + Esigetel, etc.) mais là aussi avec quelques tourments comme le prouve la démission de Cyrille van Effenterre de la présidence de Paris-Tech.

Pierre Tapie obtiendra-t-il du gouvernement qu'il mette les grandes écoles au coeur de ses préoccupations ?

A ces réductions de financement consulaires, s’ajoutent parfois des difficultés de recrutement : les résultats 2012 de Sigem témoignent que cette année encore, nombreuses sont les écoles  de commerce qui ne font pas le plein, alors même que le nombre de candidats dépasse largement le nombre de place. Deux explications au moins sont possibles : les reçus hésitent à se lancer dans de couteuses études là où l’université devient une alternative gratuite de plus en plus crédible, le choix des étudiants s’apparente de plus en plus à un choix de marque et de moins en moins à un choix de cursus. A trop se concentrer sur les classements et la recherche, les écoles ont peut-être oublié ce qui a fait leur succès : l’accompagnement des étudiants et la proximité avec les entreprises.

3. Quelle direction pour les établissements d’enseignement supérieur ?

Cette année aura vu des successions à deux des postes les plus renommés de l’enseignement supérieur : Sciences Po, dont on attend encore le nom de celui qui va succéder au très regretté Richard Descoings, et Polytechnique dont Yves Demay vient de prendre la direction après celle de l’Ensta. Pascal Morand quitte de son côté la tête d’ESCP Europe alors que Rouen Business School n’a qu’un directeur provisoire. L’EM Lyon et l’ESC Toulouse n’ont pu elles trouver dans le vivier des écoles de management de directeurs et sont allés en débaucher dans des écoles d’ingénieurs : Philippe Courtier aux Ponts ParisTech pour la première, Pierre Dreux à Centrale Lyon pour la seconde. Quant aux universités, elles ont pour une bonne moitié changé de président.

Hervé Crès succédera-t-il à Richard Descoings à la tête de Sciences Po ?

Autant de nouveaux responsables aux manettes pour un univers en pleine mutation et qui s’interroge sur ses modes de gouvernance. L’un des premiers chantiers d’Yves Demay à Polytechnique sera ainsi de s’interroger sur la gouvernance de son institution qui fait encore débat, sans parler de celle de ParisTech et du campus de Saclay. Quant aux présidents d’université s’ils bénéficient sur le papier d’une grande latitude, leur élection est dans les faits tellement cadenassée par les différents acteurs de l’université qu’ils en sont en réalité le plus souvent réduits à composer. Enfin les PRES, leur rôle et leur avenir seront certainement au cœur des débats des Assises.

A l’intérieur des écoles les questions de management des ressources humaines sont sans doute encore plus présentes : dans un marché en tension pour le recrutement des meilleurs profs, il faut savoir non seulement les attirer mais aussi et surtout les retenir et les impliquer. L’un des défis, au-delà de cette rentrée, est bien la question du management de la faculté.

4. Quelle place sur le marché mondial de l’éducation ?

Tous ces débats se résument en fait à un : quelle place souhaitons nous occuper sur le marché mondial de l’éducation. Nous définissons nous comme un acteur global, concurrent aujourd’hui des grandes institutions anglo-saxonnes, et demain chinoises et indiennes, ou préférons nous jouer dans une cour régionale ? Dans le premier cas il nous faut continuer dans la voie de l’émergence d’établissements d’excellence. Dans le second il faut répartir la pénurie de moyens entre tous. Dans les deux cas les moyens financiers ne vont pas apparaître comme par miracle…

Voulue et dessinée par Hervé Biausser, Centrale Pékin trouvera-t-elle son équilibre ?

Plusieurs institutions ont-elles clairement fait le choix du développement mondial : Skema est maintenant présente sur trois continents quand Centrale confirme ses développements à Pékin, et la Sorbonne les siens à Abu Dhabi. Ces stratégies multi-campus sont le reflet d’un monde de l’éducation global. Mais les institutions doivent impérativement relever les défis de l’intégration  de ces différents campus. Les enjeux s’appellent alors  management, contrôle et culture commune.

En 2012-2013, comme en 2011-2012, HEADway sera présent aux côtés des établissements pour, avec eux, relever ces défis et tous les défis de l’enseignement supérieur.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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