ECOLES DE MANAGEMENT, UNIVERSITES

Comment l’enseignement supérieur pourrait (mieux) contribuer à notre commerce extérieur

Dans son rapport sur la France de 2025, France Stratégie consacre un chapitre à l’enseignement supérieur et propose notamment que 200 000 étudiants internationaux de plus soient accueillis en France. Stéphan Bourcieu, le directeur du groupe ESC Dijon, qui vient d’écrire un livre sur le commerce extérieur regrette justement que l’université publique, financée par nos impôts, ne fasse pas payer les coûts réels de scolarité aux étudiants venus de pays tels que les BRIC dont les entreprises sont les concurrents des entreprises françaises sur les marchés internationaux ».

Accueillir mais à quel prix ?

Selon France Stratégie, en 2012, 288 500 étudiants étrangers étaient inscrits dans les universités françaises, faisant de la France le cinquième pays d’accueil dans le monde, proche de l’Allemagne, mais loin derrière le Royaume-Uni. Une immigration qui peut aussi être source de revenus estime France Stratégie qui constate que nous accueillons à peu près autant d’étudiants étrangers que l’Australie pour un bénéfice monétaire vingt fois plus faible. « Or il n’y a aucune raison pour faire supporter au contribuable français les coûts correspondants. Les établissements d’enseignement supérieur français ne sont pas assez prospères, les finances publiques ne sont pas assez saines, et les recettes d’exportation ne sont pas assez abondantes pour que la France puisse se dispenser d’envisager la monétisation du service qu’elle offre en accueillant des étudiants internationaux », constate France Stratégie.

Selon l’organisme, le très faible niveau des frais d’inscription dans les établissements publics français peut « être perçu par les étudiants étrangers comme un signal de qualité négatif ». Il propose donc de mettre en place une « tarification économique du service d’enseignement offert aux étudiants en mobilité » qui s’accompagnera d’un développement substantiel des bourses.

Comment faire venir plus d’étudiants étrangers ?

Sur la base des projections de l’Unesco – qui envisagent 3 millions d’étudiants internationaux de plus à l’horizon 2025 – le simple maintien de notre part dans ces échanges supposerait d’accueillir 200 000 étudiants de plus dans dix ans. Dans Commerce extérieur : anatomie d’un mal français (édition EMS) Stéphan Bourcieu dresse un tableau sans concession d’une économie en crise tout en s’intéressant à ce marché particulier qu’est l’enseignement supérieur (lire l’intégralité de cet entretien sur le blog d’HEADway) : « Nos écoles d’ingénieurs et de commerce sont d’abord présentes sur des marchés de niche. Notamment avec la création de notre School of Wine & Spirits Business, nous nous présentons à l’international comme l’école du vin alors qu’en France nous restons une école généraliste. Mais pourquoi un étudiant viendrait-il de Chine à l’ESC Dijon pour suivre un « master en marketing » comme il y en a dans toutes les business schools du monde ? »

La stratégie de différenciation et de montée en gamme de l’ESC Dijon lui nous a permis cette année de recruter de nombreux étudiants internationaux sur la School of Wine & Spirits Business. « Et là ce n’est pas une question d’argent : par rapport à ce que nous apportons et au regard des coûts habituellement pratiqués dans le reste du monde, nos étudiants internationaux nous disent que nous ne sommes pas assez chers ! Une stratégie haut de gamme permet de générer de la marge ! », reprend Stéphan Bourcieu, qui regrette également que « notre modèle universitaire est de qualité, même s’il reste trop déficient en offre de formation en anglais (ce que Geneviève Fioraso a proposé de corriger d’ailleurs), mais il faut un prix pour exporter et créer de la richesse ! »

Travailler ensemble

Une partie des recrutements de l’ESC Dijon a lieu dans le cadre du dispositif Pass World que partage l’ESC Dijon avec cinq autres écoles du concours d’admissions sur titre Passerelle, se félicite Stéphan Bourcieu : « Seule, chaque école avait peu de moyens et, surtout, pas assez de programmes à proposer. À six nous mutualisons nos coûts et nous avons cinquante spécialisations différentes. En 2010 nous n’avions qu’un seul recruté à Dijon, puis nous sommes passés à 27, 52 et enfin 70 cette année ». Dans le même esprit France IAE représente l’ensemble des IAE à l’export. La mutualisation des coûts est tout autant la clé du succès que la possibilité de proposer un large catalogue de possibilités aux étudiants étrangers.

Olivier Rollot (@O_Rollot)

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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