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Enseignement supérieur : que va faire François Hollande ?

Hyper diplômé - HEC, Sciences Po, l'ENA - François Hollande a mis la jeunesse et l'éducation au centre de sa campagne.

Si François Hollande a mis « la jeunesse au premier rang de ses engagements dans cette campagne présidentielle » on a le sentiment que l’effort doit dans son esprit plus porter sur le primaire et le secondaire que sur l’université. Pour autant, il comptait organiser des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche dès 2012 et, sur les 60 000 postes d’enseignants dont la création est prévue, en réserver 5 000 au supérieur. Une quasi certitude, le retour à un super ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (et pourquoi pas de la Jeunesse) qui serait dirigé par Vincent Peillon qui a eu la haute main sur les questions d’éducation auprès du candidat PS pendant la campagne.

LA LRU ET L’AUTONOMIE DES UNIVERSITÉS

La loi LRU portant sur l’autonomie des universités n’avait été que mollement attaquée au début de sa campagne par François Hollande. À tel point qu’Anne Fraïsse, l’emblématique président de l’université Montpellier 1 et vice-présidente de la Conférence des présidents d’université (CPU), s’en était émue. François Hollande considérait en effet que « la LRU est pour le moment une loi de déconcentration des moyens ». Il s’agissait donc aujourd’hui pour lui de « réellement donner les moyens de leur autonomie aux universités et de leur permettre d’avoir une gouvernance plus collégiale et démocratique ». Il voulait que l’ensemble des « textes contestés depuis plusieurs années de gouvernement de droite » soit remis à plat.

Une LRU améliorée accompagnée d’une « révision des investissements d’avenir du Grand emprunt et le plan Campus » et du renforcement de l’autonomie par « de nouveaux contrats d’objectifs et de financement », voilà qui devrait satisfaire la plupart des universités. Les présidents sortants – une cinquantaine viennent d’être élus ou réélus – se montraient en effet à la fois autant heureux d’avoir acquis leur l’indépendance que dépités de ne pas en avoir les moyens financiers.

Enfin, après avoir élaboré une loi de programmation pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation avec « l’ensemble des acteurs du milieu scientifique, universitaires et étudiants », François Hollande entendait aussi lancer un plan pluriannuel de recrutement pour rejoindre les standards internationaux et « assurer un avenir aux jeunes chercheurs ».

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L’ÉVALUATION

Pas de LRU sans évaluation et donc sans la création de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres). C’était le raisonnement de Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse lorsqu’ils ont créé l’agence. Or l’Aeres est aujourd’hui très critiquée – doux euphémisme – dans la collectivité universitaire. Le 14 avril dans un entretien à l’Aef, Vincent Peillon, le responsable de l’éducation dans l’équipe de François Hollande, remettait ainsi en cause son existence même : « Nombreux sont les chercheurs – y compris parmi les meilleurs – pour qui l’évaluation, telle qu’elle est faite par l’Aeres, pose problème », estimant qu’il n’était « pas possible de faire progresser les chercheurs et les unités de recherche avec un système d’évaluation qui n’est pas reconnu par la communauté ». L’Aeres devrait donc disparaître ou, plus vraisemblablement, être réformée. Un peu comme la Haute autorité de l’audiovisuel est devenue le CSA.

LE RAPPROCHEMENT GRANDES ÉCOLES ET UNIVERSITÉS

Si on a pu entendre Vincent Peillon demander la suppression des grandes écoles en son temps, le candidat François Hollande était beaucoup plus prudent : « Il faut travailler à leur rapprochement, notamment en matière de convergence des coûts. Plusieurs pistes complémentaires existent : créer des formations en double cursus, des laboratoires mixtes de recherche et effectuer des rapprochements au sein des PRES ».

 L’AVENIR DES CLASSES PRÉPARATOIRES

Le débat sur les prépas a été vif cette année ces derniers mois suite à l’article « Prépas, l’excellence au prix fort » de Marie Desplechin paru dans « Le Monde » en février. Chez François Hollande, on faisait remarquer que « les principales critiques portent sur un système qui repose sur la maturité d’un jeune de 18 ans à supporter ou non cette pression et sur le manque de démocratisation. Ce sont les deux directions vers lesquelles il va falloir travailler ». De la même façon, si le candidat du PS n’était pas favorable à l’intégration des classes préparatoires aux universités, il préconisait de «  travailler à leur rapprochement dans le cadre d’un schéma des formations de 1er cycle sur un territoire ».

Depuis, invité par le Bondy Blog le 26 mars, il avait proposé qu’un quota d’élèves de terminale allant en classe préparatoire soit institué : entre 5 et 6%. En effet si en moyenne, un peu plus de 9% des élèves de terminale générales et technologiques s’orientent aujourd’hui dans des prépas beaucoup de lycées n’en envoient aucun quand c’est la norme dans les meilleurs. D’où une idée de quotas qui vient rejoindre la volonté du président sortant de voir 30% des places réservées aux boursiers.

LES AIDES AUX JEUNES

La création d’une allocation d’études pour les jeunes en formation fait partie des propositions du candidat Hollande « dans le cadre de la réforme fiscale que nous préconisons ». Ce qu’on a pu appeler un « salaire étudiant » a souvent été évoqué ces dernières années mais son coût prohibitif a toujours rendu la mesure impossible à mettre en œuvre. Qu’en sera-t-il là ?

L’OUVERTURE SOCIALE DES FILIÈRES D’EXCELLENCE

Quota ou pas quotas ? Là la réponse de François Hollande était claire : « La méthode des quotas n’est pas la bonne. Nous préférons développer, en plus des concours, des passerelles après un diplôme de l’enseignement supérieur ». De plus, le PS considère que le « niveau 0 est en quelque sorte un niveau fictif qui ne doit pas être pris en compte dans les statistiques d’ouverture sociale ». Or dans ce cas, l’objectif de 30% de boursiers dans les grandes écoles s’éloigne à grands pas. D’autant qu’au PS on n’entend pas baisser le niveau des concours par quelque artifice que ce soit : « Pour nous, les deux grandes filières d’accès aux grandes écoles restent le concours et la passerelle après le niveau licence ».

LA RÉUSSITE DES JEUNES

L’objectif d’amener 50% d’une classe d’âge à être diplômée de l’enseignement supérieur paraît louable aux candidats. Chez François Hollande on insistait déjà sur le bac : « Environ 64 % d’une classe d’âge est titulaire du bac. Parmi elle, 50 % des bacheliers ont obtenus un bac général soit 32 % d’une classe d’âge. Notre effort doit donc principalement porter sur les titulaires des bacs professionnels et technologiques. » La volonté de François Hollande d’« améliorer la transition avec l’enseignement secondaire pour accroître les chances de réussite dans l’enseignement supérieur » fait partie des idées les plus novatrices en matière de réussite des jeunes.

À l’université, François Hollande comptait également renforcer « l’encadrement pédagogique et administratif pour mieux accueillir et accompagner les étudiants » mais surtout « réformer profondément la licence pour enrichir les parcours et améliorer l’insertion professionnelle ». Enfin, il voulait « réserver aux bacheliers des filières technologiques et professionnelles des formations dans le supérieur qui étaient prévues pour ces lycées et qui ont été captées, on le sait, par d’autres lycées. »

Olivier Rollot (@O_Rollot)

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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