ECOLES DE MANAGEMENT

Grenoble EM : la business school de la géopolitique

em grenoble

« Installer la géopolitique dans une Business School était un pari audacieux il y a 11 ans. Nous – et avec l’aide des entreprises – avions identifié la nécessité de donner une dimension géopolitique à nos élèves, voire même d’en faire une compétence indispensable de tout futur manager et dirigeant d’entreprise. » Directeur général adjoint de Grenoble EM, Jean-François Fiorina inaugurait le 13 mars la onzième édition de son Festival de Géopolitique. Alors que la spécialité « Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques » va être inaugurée l’an prochain par les élèves de première, le choix de réorienter peu à peu Grenoble EM d’une école du management des technologies – son modèle initial – vers une école de la « culture générale du monde moderne » s’avère de plus en plus être un pari gagnant.

  • Cette année le Festival de Géopolitique était consacré au thème puissamment d’actualité « (DES)UNION EUROPENNE ? ». La cheffe de la représentation en France de la Commission européenne, Isabelle Jegouzo, était là pour l’ouvrir quand le responsable européen de la négociation sur le Brexit, Michel Barnier, était retenu par une négociation qui semble sans fin avec le Royaume-Uni. Chaque année ce sont 200 personnes qui travaillent pour rendre ce festival possible et autant d’étudiants de GEM pendant le festival.

A quoi sert la géopolitique ? Si dans les entreprises on tarde encore à associer les compétences acquises en géopolitique avec des métiers précis sa dimension devient de plus en plus importante à mesure que le monde semble devenir plus instable. « Avec l’affaire Carlos Ghosn, avec les tensions que l’on voit apparaître dans la fusion franco-italienne Essilor-Luxottica on mesure combien les problèmes multiculturels et politiques peuvent intervenir dans des dossiers qui semblent sur le papier être des études de cas idéal », analyse Jean-François Fiorina qui a introduit a géopolitique dans le programme Grande école avec des cours obligatoires de tronc commun en 1ère et 3ème année et des cours facultatifs en 2ème et 3ème année.

Mais combien d’étudiants, pourtant formés au fait des contraintes de l’expatriation, se révèlent dépassés quand il faut vivre dans un pays étranger… « Il faut acquérir de la maturité pour maitriser ces contraintes. Nous pouvons toujours parler, de propriété intellectuelle mais ce n’est qu’en stage, chez Airbus, BNP Paribas, etc. qu’ils le comprennent. » Une maturité qu’on acquiert dans l’entreprise et à l’international. En septembre 2017 Emmanuel Macron soutenait ainsi qu’en « 2024 la moitié d’une classe d’âge devait avoir passé avant ses 25 ans au moins six mois dans un autre pays européen ». « Avoir un choc culturel dans le cadre de ses études est primordial. On peut s’y préparer dès l’école à condition que la salle de classe soit internationale et que beaucoup de professeurs soient étrangers », confirme Jean-François Fiorina.

Jean-François Fiorina

Partager la passion. Avec ses 15 000 visiteurs chaque année, le Festival de géopolitique de Grenoble permet de partager cette passion. Non seulement avec les visiteurs de tous âges présents qu’avec de nombreux professeurs, des élèves de classes préparatoires, appelés à participer à des joutes géopolitiques, et avec des lycéens de première et terminale du lycée Cité scolaire internationale tout proche. « Nous donnons uniquement à des élèves le nom et le thème de la conférence à charge pour eux de créer une carte pour chacun, explique Claude Héraudet, professeur d’histoire-géographie en section italienne et en charge du projet. Ils sont fiers de voir que des personnalités comme Michel Barnier leur répondent et les soutiennent comme les personnalités sont fières de voir leur action résumée sur une carte. »

Les cartes, une passion que partage Jean-François Fiorina : « Avant les cartes étaient stables, on pouvait les apprendre par cœur. Aujourd’hui elles évoluent constamment et doivent être adaptées à chaque situation, à chaque entreprise ». Et parce qu’une bonne carte vaut mieux qu’un long discours le plupart des intervenants – professeurs, experts comme Pascal Boniface, le directeur de l’IRIS – y font largement appel dans leurs démonstrations.

« Leçon inaugurale ». « Les Britanniques n’ont pas du tout la même vision de la construction européenne que les autres membres : ils ont gagné la guerre », analyse Michel Foucher, titulaire de la Chaire de géopolitique appliquée du Collège d’études mondiales (FMSH), pour sa « leçon inaugurale » du Festival de géopolitique de Grenoble dans laquelle il décrit l’Union comme un « club de perdants de la guerre » hors les Britanniques. Un club qui a su garder son unité et « fait du Brexit un problème britannique, pas une crise de l’Union ».

Le vrai sujet pour lui aujourd’hui s’est déplacé du côté d’une Chine dont le PIB a été multiplié « par huit depuis 2001 et « fixe de plus en plus les règles du jeu dans le monde » : « En produisant le Classement se Shanghai les universitaires chinois nous ont même poussé à réformer notre enseignement supérieur ! ». Une influence qui se révèle chaque jour de plus en plus forte en Europe. « Qui contrôle l’Europe contrôle de monde a dit un jour un haut responsable chinois »

  • Un nouvelle épreuve de géopolitique pour le concours 2019. A destination des élèves des classes prépas économiques et commerciales option S (ECS) Grenoble EM a également créé cette année une nouvelle épreuve de géopolitique (« Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ») de la BCE (Banque centrale d’épreuves) pour son concours 2019. « Ce que nous attendons de la part des candidats c’est une mise en perspective de ce qu’ils ont appris, une mobilisation de leurs connaissances qui produise des avis étayés quant aux conséquences des événements pour les entreprises. La capacité à analyser est primordiale et s’appuie sur des cartes et des données qui permettent de réaliser quels sont les grands enjeux / défis. Renault et Peugeot sont deux grands constructeurs automobiles pour lesquels les réponses à un même défi sont différentes. »

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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