CLASSES PREPAS

Heureux comme un élève de prépa !

L’APLCPGE (Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles) a mené une grande enquête auprès des élèves de seconde année de classes préparatoires publiques. A plus de 88% ils se disent prêts à « refaire le choix de la CPGE » ! « Nous avons décidé de mener cette enquête après avoir entendu des doutes sur nos classes. Le mieux était que ce soit les élèves qui en parlent et nous leur avons donné la parole », explique le président de l’APLCPGE et proviseur du lycée Louis-Le-Grand, Joël Bianco, dont l’association a été accompagnée dans son étude par l’Observatoire du bien-être.

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Pourquoi avoir choisi la prépa ?

A 82% les élèves disent avoir fait un choix personnel en allant en classe préparatoire. Choix d’autant plus personnel que le pourcentage d’élèves ayant un proche passé par une CPGE n’est que de 44,6%. Choix effectué pour la « rigueur et l’exigence » des prépas, leurs « larges débouches », leur « pluridisciplinarité » et « l’intérêt pour les disciplines enseignées ».

Une grande satisfaction

Maintenant qu’ils sont depuis plus d’un an en prépas les élèves confirment leur choix : neuf sur dix considèrent que le contenu enseigné « correspond à leurs attentes ». Ils sont ainsi 97% à dire « progresser dans leurs connaissances » mais aussi 89% sur le plan des méthodes. 62% sont « à l’aise pour travailler » et 54% ne « rencontrent pas de difficultés d’apprentissage ».

La pluridisciplinarité des classes préparatoires est saluée par 94% des élèves. C’est un « atout pour la poursuite d’études », elle permet de « développer l’ouverture d’esprit et la curiosité », « renforce le sens critique et la capacité d’adaptation » et « donne une culture générale qui aide à mieux comprendre le monde ». « On entend souvent parler de la prépa qui formate, enferme, voire robotise. Ces résultats nous mettent du baume au cœur. Aujourd’hui, tout le monde recherche des formations pluridisciplinaires, les prépas le font depuis deux siècles, ne l’oublions pas », se félicite Joël Bianco.

Pour tous il y a un « plaisir d’aller au lycée et d’y travailler ». Jusqu’à 94% chez les garçons en classes préparatoires scientifiques mais toujours 74% en classes économiques et commerciales générales (ECG). Le tout dans une ambiance de « coopération plus que de compétition » et une « relation de confiance » avec les enseignants comme les personnels. « On trouve à la fois en classe préparatoire un objectif à atteindre, du sens à sa vie, une certaine autonomie, des relations sociales et la possibilité de progresser. Autant de raisons de s’y sentir bien », analyse Claudia Senik, directrice de l’Observatoire du bien-être et professeure à l’École d’économie de Paris.

Des préjugés… justifiés

57% des élèves considèrent que leurs préjugés se sont révélés juste sur la charge de travail, le stress, la pression. En revanche les préjugés qui se sont révélés infondés sont surtout l’ambiance de compétition et la dureté des professeurs. Au contraire l’amitié entre les élèves et les professeur sont ce qui les a aidés à se sentir bien en CPGE.

Des filles moins confiantes

Les filles sont moins nombreuses que les garçons à considérer que leurs professeurs leur font confiance. Elles se sentent également plus facilement en retard dans la classe. Elles sont d’ailleurs 46% à avoir « sérieusement pensé » à abandonner leur cursus depuis le début de leur scolarité. Largement plus que les garçons : 34%. Trois raisons sont invoquées : peur de l’échec, gestion du stress, problèmes personnels. « Un sentiment beaucoup plus fort chez les filles comme à tous les niveaux d’enquête », note Claudia Senik.

La question (toujours épineuse) des notes

Si 85% des élèves trouvent les exigences « toujours » ou « souvent » adaptées, 56% les trouvent « parfois trop élevées » et 20% « souvent trop élevées ». De même ils sont 48% à considérer que leurs notes ne « reflètent pas, ou que partiellement leur investissement dans le travail ». Un sujet sur lequel les classe préparatoires ont pourtant beaucoup travaillé ces dernières années « L’époque où avoir un 5 sur 20 était considéré comme l’une des meilleures notes est révolue. Aujourd’hui on note sur toute la palette, de 5 à 20 », souligne Thierry Verger, proviseur du lycée Saint-Sernin de Toulouse quand Damien Framery, le président de l’APPLS (Association des professeurs de premières et de lettres supérieures) assure : « En prenant conscience à quel point elles étaient un facteur de stress, les professeurs ont bien compris qu’il fallait hausser les notes. De même nous sommes de plus en plus vigilants à ne pas employer des mots, des regards, qui peuvent blesser ».

Un fort stress (nécessaire ?)

64% des élèves interrogés dissent ressentir du stress de « manière importante » (39%) ou « très importante » (25%). Les causes principales de ce stress : la « charge de travail », la « peur de l’échec » et le « regard des professeurs ». Pour autant ils sont 57% à estimer que ce stress est « à la fois un frein et un élément facilitateur pour la formation ». « Il y a forcément du stress dans une formation exigeante. Il faut seulement qu’il reste mesuré et c’est à nous d’y veiller », insiste encore Joël Bianco qui souligne que, stress ou pas, les élèves « restent dans leur immense majorité en prépa contrairement à d’autres filières ».

Un cadre de vie satisfaisant

61% des élèves interrogés considèrent que leur hygiène de vie est satisfaisante. Les autres stigmatisent le « manque de temps », « de sommeil », la « charge de travail », le « manque de sport », le « stress » et la « mauvaise alimentation ».

Ils sont 21,5% à vivre en internat (et parmi eux 80% à en être satisfaits). Les autres sont quasi majoritairement logés en dehors de leurs familles. Enfin 40% des élèves non internes bénéficient d’un régime d’internat externe avec de larges plages de temps pour travailler dans leur lycée.

Les proviseurs n’en sont pas moins convaincus qu’il faudrait « faire mieux » en matière de bien-être, notamment pour les filles. « Au lycée Saint-Louis, où ne nous recevons que des élèves de prépas, nous leur proposons des séances de sophrologie et un psychiatre est régulièrement présent », relève Mireille Basso, la proviseure.

Harcèlement ? Non mais !

Près de 96% des élèves interrogés disent n’avoir jamais été victimes d’agression ou de harcèlement en CPGE. 87% jamais témoins. S’ils sont 80% à n’avoir jamais ressenti de discrimination, ceux qui l’ont été c’était essentiellement de la part d’autres élèves pour des raisons liées aux résultats scolaires (12,7%), au sexe (8,6%) ou, dans une moindre mesure, au milieu social (4,2%) ou à l’apparence (3,4%).

Environ 35% des étudiants n’en déclarent pas moins avoir été témoins de comportements répréhensibles en CPGE. Il s’agit principalement de violences verbales associées au sexisme (17,7%), au racisme (12,2%) et à l’homophobie (11,8%).

Lorsqu’ils sont victimes ou témoins, les étudiants se tournent prioritairement vers leurs pairs. Ils se déclarent bien informés (81 %) des solutions d’écoute et d’accompagnement qui existent et affirment qu’ils l’étaient déjà avant d’arriver en CPGE. 86,8 % des étudiants se déclarent d’accord avec l’affirmation « Je me sens bien entouré en CPGE » (52,8 % « plutôt d’accord », 34 % « tout à fait d’accord »).

Un choix confirmé

Plus de 88% des élèves interrogés reviendraient en classes préparatoires s’ils avaient le choix aujourd’hui.

Principales raisons :

  • Travail, rigueur, acquisition de méthodes
  • Stimulation intellectuelle, enrichissement des connaissances, pluridisciplinarité
  • Qualité pédagogique, engagement des professeurs
  • Estime de soi par le dépassement de soi, enrichissement humain

Dans une moindre mesure :

  • Débouchés,
  • Ambiance et camaraderie

Principales raisons en cas de réponse négative :

  • Charge de travail, charge mentale, stress
  • Non reconnaissance à l’étranger
  • Préférence pour une prépa intégrée

L’étude de l’APLCPGE a été menée en octobre 2023. 4 463 élèves y ont répondu issus à 66,7% de filière scientifique, 18,5% littéraire et 15,8% économique. Une nouvelle enquête va être menée sur les élèves de première année en février-mars 2024.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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