POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITES

Enseignement supérieur : les départs à la retraite explosent, comment les remplacer?

C’est une question qui taraude de plus en plus les universités comme les Grandes écoles. Même en tenant compte de la récente réforme qui les repousse quelque peu, les départs en retraite de l’ensemble des enseignants titulaires de l’enseignement supérieur augmenteraient de 42% entre 2022 et 2030 – principalement en raison d’effets démographiques – selon la note du SIES Les départs en retraite des enseignants titulaires des EPSCP augmenteraient de près de 40% entre 2022 et 2030. La hausse atteindrait même 50% pour les enseignants-chercheurs (EC) alors qu’elle se limiterait à 17% pour les enseignants du second degré affectés dans l’enseignement supérieur (ESAS).

Pour l’ensemble des enseignants, le taux de départs définitifs moyen annuel s’établirait à 3,5% sur les huit années 2023‑2030, en hausse de 0,8 point par rapport à 2018‑2022 avec même une hausse de 1,2 point en sciences. Les effectifs étudiants correspondants étant prévus en stabilité sur 2023‑2030, les besoins de recrutements en sciences seraient alors multipliés par 1,75 par rapport à la période 2018‑2022.

Qui sont les enseignants de l’enseignement supérieur ? Fin 2022, les établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP)  57 300 enseignants-chercheurs titulaires et 12 750 enseignants du second degré nommés sur des postes spécifiques (ESAS). Si ces derniers représentent 19% des 67 900 enseignants titulaires en activité en EPSCP, en nombre d’heures d’enseignement obligatoires – celui des ESAS étant deux fois plus important que celui des enseignants-chercheurs – leur part monte à 32% du volume. Ils sont particulièrement nombreux en« Lettres, Sciences humaines » et « Sciences économiques – Administration économique et sociale », dont ils constituent 47% et 49% des heures d’enseignement obligatoires.

L’âge moyen de départ à la retraite a augmenté ces dernières années et le sera encore plus dans les années à venir selon l’étude du SIES : entre 2022 et 2030, l’âge moyen de départ en retraite pourrait croître de 9 mois pour les ESAS – à 64,5 ans en 2030, – et de seulement 7 mois pour les enseignants-chercheurs, à 66,4 ans. Partant en retraite pour une forte proportion après l’âge d’ouverture des droits (AOD), ces derniers sont en effet moins impactés par la mesure de relèvement de l’âge.

Départs et disciplines. Entre 2017 et 2022, les départs en retraite enseignants-chercheurs se sont accrus surtout dans les sciences (+40%). Au-delà et jusqu’en 2030, ils devraient augmenter fortement dans toutes les disciplines, plus particulièrement en sciences et en sciences et en sciences économiques, AES : respectivement +93% et +85%. Dans le groupe des sciences, ce sont en biologie et biochimie, sciences de la terre, physique-chimie et mécanique, génie mécanique, génie informatique, énergétique que les taux de départs devraient augmenter le plus.

Les départs des ESAS se sont fortement accrus entre 2017 et 2022 (+23%), notamment en lettres et sciences humaines (+34%) et en sciences économiques, AES (+47%). De 2022 à 2030, les départs seraient toujours portés par les sciences économiques, AES (+32%) mais aussi par les sciences (+22%).

Taux de départs définitifs et besoins de recrutement. A partir des données de départs définitifs – nombre de départs (retraites et autres départs définitifs) rapporté aux effectifs totaux – il est possible d’établir des indicateurs prévisionnels de gestion de ressources humaines.

Le taux de départs définitifs des enseignants-chercheurs va ainsi passer de 2,3% à 3,2% entre 2018-2022 et 2023-2030, porté par les sciences dans lesquelles le taux double presque, passant de 1,7% sur 2018-2022 à 3,1% sur 2023-2030. Pour les ESAS, le taux de départs définitifs est de 3,3% en moyenne annuelle pour 2018-2022 et devrait atteindre 4,2% pour 2023-2030.

Selon les projections du SIES, les effectifs des étudiants des universités devraient baisser de 0,3% par an en moyenne entre les rentrées 2022 et 2030. Pour la période allant de 2023 à 2030, le taux de départs définitifs des enseignants s’établirait à 3,5% par an en moyenne, le cumul annuel moyen « accroissement d’effectifs étudiants + taux de départs » s’établirait donc à 3,1%. En supposant un objectif de maintenir constant le taux d’encadrement des étudiants, et par rapport à la période 2018-2022, il faudrait alors recruter des enseignants à un rythme multiplié par 1,24. Et même 1,75 fois dans les sciences ! Comment faire alors que le nombre d’étudiants formés en sciences chute depuis 20 ans et qu’ils sont happés par des rémunérations bien plus importantes dans le secteur privé. Une véritable gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) s’impose dans des établissements qui doivent également penser au développement de leur marque employeur.

L’âge moyen des enseignants-chercheurs passerait de 51,1 ans en 2023 à 52,4 ans en 2020 et de 50,9 ans à 53,2 ans pour les ESAS.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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