ECOLE D’INGÉNIEURS

« Il y a un véritable intérêt des jeunes pour les sciences du vivant »: entretien avec René Siret, directeur de l’ESA

Siret René

L’École supérieure d’agricultures d’Angers c’est d’abord une école d’ingénieurs mais un groupe qui délivrera bientôt un bachelor – il ouvre à la rentrée prochaine à Angers – et prépare déjà aux brevets de technicien supérieur agricoles (BTSA). Un groupe multiformes dont son directeur, René Siret, nous trace le portrait.

Olivier Rollot : Le sigle ESA se décline en Ecole supérieure d’agricultures. Avec un « s » à « agricultures ». Comment définiriez-vous ce qu’est l’ESA ?

René Siret : Nous sommes un établissement d’enseignement technique, supérieur et de recherche. Nous sommes également un établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG), qui délivre un diplôme d’ingénieur habilité par la Commission des titres d’ingénieur (CTI). Une école qui a fêté ses 120 ans en 2018, créée par des agriculteurs au sein d’un écosystème Agri-Agro toujours très présent et dynamique dans le Grand Ouest. Avec UniLaSalle à Rennes, Agro Campus Ouest à rennes et Angers, Oniris à Nantes ou encore l’Istom à Angers, l’Ecole Supérieure d’Agricultures d’Angers est au cœur d’une terre propice aux questions agricoles et alimentaires et particulièrement bien insérée dans l’écosystème académique et socio-économique du Grand-Ouest..

O. R : A ses origines l’ESA est créée par des agriculteurs ?

R. S : L’ESA est née il y a plus de 120 ans, dans une période où les agriculteurs faisaient face à une migration des populations rurales vers les villes. Un groupe d’agriculteurs se demande alors comment rester compétitifs et va consulter des enseignants et formateurs de la place Angevine. L’ESA est alors née sous le haut patronat de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO). Les premières formations sont alors montées. D’abord à distance et cela débouche sur la création en 1927 du CERCA, notre centre de formation agricole à distance qui existe toujours.

L’Université catholique de l’Ouest n’a pas créé l’ESA mais a appuyé sa dynamique en lui mettant notamment des locaux à disposition. Le recteur de l’UCO est aujourd’hui d’ailleurs toujours membre de droit du conseil d’administration de l’ESA.

O. R : Vous évoquiez le CERCA et la formation à distance. L’une des particularités de l’ESA c’est d’être une école d’ingénieurs multi programmes.

R. S : Nous recevons chaque année entre 2 800 et 2 900 apprenants dans 50 parcours de formation dont l’école d’ingénieurs mais aussi un bachelor à Angers qui ouvrira dès septembre 2021 (Bachelor « Agroécologie et Systèmes d’Alimentation Durable ») et huit brevets de technicien supérieur agricoles (BTSA). Nous sommes d’ailleurs une des seules écoles d’ingénieurs en agronomie à porter des BTS dans les domaines de l’Agriculture avec Oniris. Nous avons également un pôle de licences professionnelles avec l’université d’Angers et co-délivrons avec cette même université deux diplômes nationaux de master (DNM) qui nous apportent une dimension internationale. C’est tout cela qu’exprime notre « s » à « agricultures ».

O. R : La recherche en agriculture est une autre dimension de l’ESA. Comment est-elle organisée ?

R. S : Nous portons cinq unités de recherche, dont 4 sont des Unités Sous Contrat (USC) avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et 1 intégrée dans une UMR (UMR BAGAP), qui couvrent tous les champs de l’agriculture, des systèmes d’élevages à l’agronomie en passant par l’alimentation, les paysages, la biodiversité et les terroirs. Nous sommes également reconnus académiquement pour notre proximité avec les l’agriculteurs.

O. R : L’ESA est une école privée, un EESPIG, comment est-elle financée ?

R. S : Nos principaux revenus proviennent des frais de scolarité. Le ministère de l’Agriculture apporte une subvention à notre école d’ingénieurs. La taxe d’apprentissage est un autre levier important de ressources d’autant plus que nous possédons notre propre CFA (centre de formation d’apprentis) qui regroupe la gestion de 40% de nos effectifs (entre 700 et 750 apprentis par an à l’ESA toutes formations confondues). Nous menons également des consultations ou prestations en recherche pour des entreprises, et avons une activité en formation continue. Enfin le mécénat est important dans le cadre de notre fonds de dotation. En revanche être EESPIG ne nous apporte rien sur l’aspect financier – étant sous tutelle du ministère de l’Agriculture – mais nous permet une reconnaissance au niveau du MESRI et de pouvoir bénéficier de différentes opportunités proposées par le gouvernement en termes d’Enseignement Supérieur et de Recherche.

O. R : Comment recrutez-vous vos étudiants ? Notamment pour l’entrée dans votre école d’ingénieurs ? Avec quelles spécialités du bac général ?

R. S : Après le bac nous recrutons nos élèves ingénieurs sur Parcoursup et dans le cadre du concours Puissance Alpha. Dans ce cadre nous privilégions les candidats ayant choisi au moins 2 spécialités scientifiques, parmi Mathématiques, Physique-Chimie, Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), Sciences de l’ingénieur, Numérique et sciences informatiques. Les Mathématiques sont importantes à choisir comme spécialité en classe de première, et comme spécialité ou option en classe de terminale. Etant une école des sciences du vivant, le choix de la SVT est naturel pour nos candidats, mais elle n’est pas indispensable.

Enfin, nous recrutons également des élèves titulaires d’un bac technologique Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV), dispensé dans les lycées agricoles.

O. R : Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui des jeunes à entreprendre des études dans le domaine agricole ?

R. S : Il y a d’abord un véritable intérêt des jeunes pour les sciences du vivant, la biologie, l’alimentation, l’agroécologie ou l’environnement. Les formations que nous proposons répondent à ces attentes (que cela soit au niveau du diplôme d’ingénieur ou des autres formations) et permettent également de donner du sens à leur vie et à leur projet professionnel. Nous recevons également beaucoup d’apprenants en BTS et en enseignement à distance qui veulent reprendre une exploitation familiale ou créer leur propre entreprise.

O. R : Comment se déroule le confinement ? On imagine que c’est particulièrement difficile dans votre domaine ?

R. S : Nos chercheurs ont pu rester dans les laboratoires ou poursuivre leurs expérimentations en plein champ. Nos enseignants font quant à eux preuve de beaucoup de créativité pour continuer à maintenir l’activité et assurer une continuité pédagogique de qualité. Seuls nos étudiants de BTS ont pu revenir à temps plein tout au long du premier trimestre. C’est important pour leur éviter de décrocher. Nos élèves ingénieurs (et surtout pour les primo-entrants) ont de leur côté pu revenir à la rentrée en présentiel tout en suivant également des cours à distance en « comodal », c’est-à-dire que c’est l’étudiant qui décide quel mode lui convient d’une semaine à l’autre (en classe, à distance synchrone, à distance asynchrone). Cela nous a permis de réduire la taille des promotions présentes sur le site et de réduire les flux de importants à risques. Conformément aux directives et circulaires ministérielles, nos élèves ingénieurs aujourd’hui peuvent assister à des Travaux Pratiques ou passer des examens sur site, les cours magistraux restant réalisés en distanciel.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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