ALTERNANCE / FORMATION CONTINUE

L’apprentissage : une « activité rentable » pour les CFA comme pour les étudiants

Avec plus 811 000 entrées en formation en 2022, ce sont 8,2 % des jeunes de 16-29 ans qui sont en apprentissage selon Le rapport 2023 sur l’usage des fonds de la formation professionnelle que publie France Compétences Un rapport qui établit également que « l’apprentissage apparaît comme une activité rentable, avec un taux de marge de 10,6 % en 2022. Rentable pour les étudiants également qui, à 96%, considèrent que l’alternance est un atout pour la suite de leur carrière professionnelle selon l’étude menée par Toluna Harris interactive pour L’Association des Entreprises Éducatives pour l’Emploi (3E) auprès de 3000 étudiants de Galileo Global Education et Pigier Lyon.

Le coût pour la collectivité. Pour 2022, le montant total des engagements en faveur de l’apprentissage s’élève à 18,2 milliards d’euros, soit une augmentation de l’ordre de 1,6 milliard d’euros (+9 %) par rapport à 2021. Les OPCO et l’État sont les principaux financeurs. Un peu moins d’un contrat sur trois est rompu avant son terme. La poursuite d’études concerne 39% des jeunes.

63 % des entrants dans le supérieur. Si l’augmentation des flux concerne tous les niveaux, la dynamique est en grande partie portée par l’enseignement supérieur : 63 % des entrants préparent des certifications de niveau 5 à 8 (équivalent à bac+2 ou plus) contre 37% en 2018.

Résultat : 39 % des jeunes entrés en apprentissage en 2022 étaient déjà titulaires d’un diplôme du supérieur contre 22 % en 2018.

Autre conséquence ce cette montée en qualification : les femmes représentent 45% des contrats d’apprentissage privés commencés en 2022 contre 34% en 2018.

22 435 euros par apprenti. Le coût unitaire engagé par France Compétences par apprenti s’élève à 22 435 euros, soit une baisse de 3 % comparé à 2021, pour une durée moyenne inchangée de 17,7 mois. Comparé à 2021, ce coût a diminué de 785 euros, soit une baisse de 3 %, principalement par la moindre mobilisation des aides à l’embauche. Les aides à l’embauche constituent en effet une part importante de ce coût, de même que les coûts pédagogiques (respectivement 43 % et 44 %).

CFA : un taux de marge de 10,6 % en 2022. Le coût de revient total d’un apprenti pour un centre de formation d’apprentis (CFA) s’élève à 7 954 euros par an en 2022. Ce coût est composé pour plus de la moitié de charges liées aux activités pédagogiques. Il est d’autant plus élevé que le niveau de la certification préparée est élevé, mais d’autres facteurs entrent en ligne de compte : la spécialité de formation, les investissements…

France Compétences établit également que « l’apprentissage apparaît comme une activité rentable, avec un taux de marge de 10,6 % en 2022 (en baisse de 0,4 point par rapport à 2021) avant les révisions à la baisse des niveau de prise en charge (NPEC).

Au total, fin 2022, six CFA sur dix présentent un résultat excédentaire et 24% déficitaire, un constat presque identique à celui de l’exercice comptable 2021. Les CFA dits « publics » et les CFA dits « privés »sont plus rentables que les consulaires ou associations. Cette meilleure rentabilité s’observe aussi pour les CFA qui développent d’autres activités à côté de l’apprentissage. La rentabilité d’un CFA est plus faible pour les CFA accueillant un nombre important d’apprentis.

Quel taux d’emploi ? Parmi les jeunes sortis d’apprentissage en 2022 – et qui ne poursuivent pas leurs études -, 63 % sont en emploi salarié dans le secteur privé en France six mois après leur sortie de formation en janvier 2023, un niveau similaire à celui de l’année précédente (64 %). Et pourtant seulement trois sortants sur dix travaillent chez l’employeur où ils ont effectué leur apprentissage.

  • Le coût unitaire d’un contrat de professionnalisation s’établit quant à lui à 10 518 euros en 2022, en baisse de 20 % par rapport à 2021, principalement liée à la moindre mobilisation des aides à l’embauche. Le nombre d’entrées progresse légèrement pour atteindre 121 000 en 2022. Ce sont de plus en plus des demandeurs d’emploi à l’entrée, plus âgés et souvent moins diplômés ; leurs formations sont plus courtes et de plus en plus souvent réalisées dans de grandes entreprises.

Des alternants satisfaits. Alors que, ces derniers mois, la forte croissance de l’alternance en France a soulevé des questions sur la qualité des formations et le bon usage du financement public L’Association des Entreprises Éducatives pour l’Emploi (3E) a demandé à Toluna Harris interactive d’interroger 3000 étudiants de Galileo Global Education et Pigier Lyon. A 96% ils considèrent que l’alternance est un atout pour la suite de leur carrière professionnelle, à 89% que les formations proposées répondent aux attendus et à 83% que les tâches confiées dans les entreprises « permettent d’acquérir les compétences nécessaires à l’obtention du titre professionnel préparé ».

Bien qu’un quart des étudiants déclarent avoir dû payer des frais de scolarité, ils sont en réalité seulement 4% à avoir payé des frais notamment liés à leur dossier, ou à des certifications.

Dans le détail les étudiants de PIGIER Lyon sont majoritairement satisfaits de leur école sur quasiment toutes les dimensions évaluées, notamment sur les possibilités d’échange avec les professeurs et les étudiants. Des résultats plus élevés que l’ensemble des établissements suivi par Harris Interactive même si les étudiants en attendent plus en matière de suivi (bien-être, organisation et charge de travail). Et parmi les quelques étudiants qui déclarent que le nombre d’heures proposé n’est pas conforme à celui annoncé, plus de 6 sur 10 considèrent qu’il est… supérieur. La totalité estiment que les cours sont toujours ou presque toujours assurés.

 

Le satisfecit est identique du côté des écoles Galileo. Comme pour Pigier les enseignants sont globalement très bien évalués, et sont notamment reconnus pour leurs compétences, leur capacité à transmettre leurs connaissances et leur disponibilité. Seul bémol, identique du côté de Pigier, près de la moitié des étudiants estiment que les enseignants ne leur font pas profiter de leur réseau.

Il n’y que quand on parle de la recherche d’emploi que les études menées dans les écoles Galileo et à Pigier Lyon divergent. Si 80% des alternants de Pigier Lyon déclarent que les offres transmises par leur école correspondaient à leur niveau de qualification et à leur formation, ils ne sont que 35% chez Galileo et quasiment autant (33%) à exprimer l’opinion contraire.

Globalement le système fonctionne : les alternants comme les CFA y trouvent leur compte. Pour autant la baisse des NPEC va forcément avoir un impact sur l’équilibre actuel. Plus que jamais France Compétences va devoir jongler dans les années à venir entre ses impératifs de maitrise des dépenses et son objectif de développement de l’apprentissage.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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