Un doctorant d’un laboratoire mixte CNRS / Arts et Métiers
C’est la première évaluation du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) par le Hcéres et elle était forcément très attendue. En résumé, le comité d’évaluation international composé de 16 experts reconnus comme leaders du meilleur niveau dans leur domaine estime que « le CNRS peut faire mieux ». S’il considère que la production scientifique globale du CNRS est forte (« la production scientifique issue des UMR est reconnue au niveau mondial et, dans chaque domaine de la science, certaines équipes font partie des leaders mondiaux du domaine ») il regrette que les indicateurs de performance aient « tendance à se concentrer sur les ressources et les moyens (nombre de personnes recrutées dans le cadre d’actions interdisciplinaires, par exemple) plutôt que sur les résultats ».
Quels rapports érablir entre le CNRS et les universités ? Sur le positionnement même du CNRS dans le paysage de la recherche française les experts rappellent que « la situation a profondément changé au cours des dernières décennies, et elle évolue rapidement dans la perspective du développement des universités françaises ». Il est selon eux « nécessaire de repositionner et de clarifier le rôle et la responsabilité du CNRS dans ce contexte en évolution ». D’où sa sixième recommandation « d’approfondir le partenariat avec les universités, renforcer le co-management des UMR et l’implication des chercheurs CNRS dans l’enseignement ».
Le comité recommande un « véritable effort de décentralisation » vers les « sites » ou vers le niveau régional tant sur la gestion et la répartition des postes de personnel administratif que la gestion et l’attribution des postes d’ingénieurs et de personnel technique ou encore les décisions en matière de transfert de technologie et de relations avec les entreprises privées (à l’exception des grandes entreprises nationales et internationales).
Enfin le rôle des directeurs d’unité mixte de recherche (UMR) doit, selon le comité, être renforcé alors qu’aujourd’hui il semble « essentiellement limité à la gestion administrative ». Il insiste pour qu’une « véritable gouvernance devrait être mise en place pour chaque UMR ».
Réduire le fardeau bureaucratique. La septième recommandation du comité est plus qu’explicite : il faut « lancer une « opération commando » pour répondre de manière urgente et décisive à la nécessité de simplifier les processus administratifs et de réduire le fardeau bureaucratique qui pèse sur la communauté du CNRS ».
Leur constat : « Le personnel de recherche a fait part de sa frustration et de son exaspération face à des procédures administratives d’une complexité croissante et parfois même absurde, qui créent de plus en plus d’obstacles à leurs activités principales de recherche ». Et d’asséner : » Le temps consacré à l’assemblage, à l’examen et au remboursement de dépenses mineures dépasse de loin la valeur monétaire de ces dépenses. La lenteur des procédures administratives peut conduire à des situations terribles telles que de longs retards dans l’obtention d’un financement ou même la perte d’une subvention ».
Une question qui pose problème à tous les personnels selon le comité qui établit que le « personnel administratif est soumis à une pression croissante en raison du manque de ressources, de la complexité des procédures et d’un taux de renouvellement élevé, ce qui pourrait mettre le CNRS en danger en termes de soutien efficace à sa mission scientifique ».
Comment retenir les personnes les plus talentueuses ? Selon le comité CNRS semble ne pas « avoir pris la mesure du défi qu’il doit relever pour retenir les personnes les plus talentueuses ». Une plus grande attention devrait être portée aux jeunes chercheurs. Le comité a estimé que le CNRS « n’accorde pas suffisamment d’attention à cette « catégorie » particulière d’employés qui sont essentiels pour l’avenir du
CNRS et qui ont besoin d’être soutenus ». A tous les niveaux de l’organisme (direction générale, Instituts, directeurs d’UMR), les personnes rencontrées par le comité d’évaluation semblent « beaucoup plus préoccupées par la production scientifique du CNRS que par le bien-être des chercheurs »
D’où la recommandation °5 de « Renforcer le mentorat des agents du CNRS et assurer son suivi sont indispensables pour recruter, fidéliser et soutenir ses scientifiques et ses personnels ingénieurs, techniciens et administratifs. Il est crucial que les personnes se sentent valorisées et aient des possibilités d’avancement, et il est donc nécessaire de réaliser des efforts soutenus pour définir et promouvoir une culture de respect et d’inclusion à tous les niveaux de l’organisation »