La France face aux autres pays européens dans les principaux indicateurs éducatifs (Source : DEPP)
La Cour des Comptes stigmatise cette semaine l’école primaire française dans un rapport où elle établit que, « malgré une hausse des dépenses consacrées à l’école primaire au cours des dix dernières années, les performances des élèves ont décliné, en particulier en mathématiques et en français ». Selon une note que vient de publier la DEPP Éducation et formation : la France en 2025 face aux repères européens pour 2030 en comparaison avec les autres pays européens, la France se distingue positivement par un grand nombre de jeunes enfants dans le système éducatif, un taux plus faible de sorties précoces de l’éducation et de la formation et un pourcentage d’accès plus élevé aux diplômes de l’enseignement supérieur. En revanche, elle accuse un retard en matière de connaissances et compétences de ses élèves. Un nouvelle étude sur l’Education du futur publiée le 14 mai par GoStudent, l’une des plateformes leader du soutien scolaire en ligne, révèle justement que le système éducatif européen peine à suivre le rythme des avancées technologiques, notamment de l’intelligence artificielle. Difficile dans ses conditions d’imaginer suivre les recommandations de l’Institut Montaigne qui, dans un rapport, appelle à former 60 000 ingénieurs de plus par an…
53% de diplômés du supérieur en France mais… Selon la note de la DEPP en 2024, 53 % des individus âgés de 25 à 34 ans détiennent un diplôme d’enseignement supérieur en France, largement au-delà l’objectif européen fixé à 45% et de la moyenne de l’UE qui s’élève à 44%. L’objectif d’au moins 45 % d’ici 2030 est donc proche d’être atteint en moyenne et il l’est déjà dans 13 pays. Ce groupe inclut la France, où 53 % des jeunes sont diplômés de l’enseignement supérieur et culmine avec l’Irlande (65 %). À l’autre extrême, l’Allemagne et la Finlande présentent 40 % de diplômés de l’enseignement supérieur, l’Italie 32 % et la Roumanie seulement 23 %.
Partout, les femmes âgées de 25 à 34 ans sont plus souvent diplômées de l’enseignement supérieur que les hommes. Cet écart en faveur des femmes s’élève à 11,2 points de pourcentage en moyenne dans l’UE et à 6,4 points en France. Cependant, il varie considérablement selon les pays : il est de 5,5 points en Allemagne, de 18,4 points en Lituanie et de 21,6 points en Estonie. Pourtant Les femmes diplômées de l’enseignement supérieur travaillant à temps plein ont des revenus du travail, en moyenne, inférieurs à ceux des hommes, quel que soit le groupe d’âge observé.
… un retard qui reste préoccupant dans les tests internationaux. En 2022, en France, 27 % des élèves âgés de 15 ans n’ont pas un niveau suffisant de compétences en compréhension de l’écrit, 29 % en culture mathématique et 24 % en culture scientifique. L’objectif européen vise moins de 15 % pour chacune de ces compétences alors es moyennes de l’UE sont supérieures à 20 % quelle que soit la compétence évaluée, tout comme celles de l’écrasante majorité des pays participants.
L’Allemagne, l’Espagne et l’Italie sont dans une situation similaire à celle de la France. Même la Finlande et la Pologne enregistrent, en 2022, des résultats au-delà des plafonds fixés. Seuls deux pays parviennent à maintenir la part d’élèves ayant de faibles compétences en dessous de 15 % : l’Estonie, en compréhension de l’écrit (14%) et en culture scientifique (10%), ainsi que l’Irlande, en compréhension de l’écrit (11%).
Et les médiocres résultats de la France démarrent dès le primaire. Dans son rapport la Cour des Comptes rappelle notamment que « malgré un investissement public conséquent (55,1 Md€ en 2023), les résultats des élèves français en CM1 restent préoccupants, notamment en mathématiques, domaine dans lequel la France se classe dernière parmi les pays de l’Union européenne et avant-dernière au sein de l’OCDE ». Elle signale plusieurs dysfonctionnements structurels au « premier rang desquels une aggravation des inégalités au cours de l’école primaire, une gouvernance de l’école encore trop centralisée, une organisation du temps scolaire en décalage avec les besoins des élèves, ainsi qu’un recul de l’attractivité du métier d’enseignant ».
52 % des élèves de six pays européens déclarent que l’école ne les prépare pas à l’avenir. Ils n’étaient que 35% il y a un selon l’étude sur l’éducation du futur du site GoStudent 2025 qui s’appuie sur les réflexions de 5 859 parents et de leurs enfants (âgés de 10 à 16 ans) et de 300 enseignants basés dans six pays européens. Effet IA ? : le niveau de confiance des étudiants dans leur capacité à évoluer dans un monde dominé par la technologie est tombé à son plus bas niveau en trois ans, soit 61 %, contre 77 % en 2024 et 64 % en 2023.
Toujours dans ce contexte de montée en puissance des IA, 62 % des parents pensent que les examens traditionnels n’ont plus leur place dans le système éducatif et exigent de nouvelles façons d’évaluer leurs enfants compte tenu du fait que 16 % des étudiants admettent utiliser l’IA pour rédiger des dissertations et 21 % admettent utiliser l’IA pour les aider à réussir leurs examens. À l’avenir et afin de mieux préparer les étudiants aux défis concrets, 74 % du corps enseignant est favorable à des évaluations basées sur des simulations qui ressemblent à la résolution de problèmes réels.

Les méthodes d’évaluation qui, selon les professeurs, devraient remplacer les dissertations et les examens (Source : GoStudent)
Pour les professeurs comme pour les parents, une matière s’impose clairement comme la plus importante à intégrer aux programmes scolaires : la cybersécurité. Pour les élèves, l’IA est la première demande, suivie de la cybersécurité. Enfin parmi les sujets à aborder pour préparer l’avenir c’est la gestion du stress qui s’impose du point de vue des parents quand les élèves privilégient toujours l’apprentissage des langues étrangères.
« Des milliers d’enfants, de parents et d’enseignants de toute l’Europe nous ont fait part de leur volonté de changement. Les jeunes veulent en savoir plus sur l’IA, la réalité virtuelle, le développement durable et la finance – et ils sont frustrés que ces sujets d’avenir ne fassent pas partie de leur éducation quotidienne. Ils demandent également une approche plus personnalisée qui corresponde à leur manière d’apprendre, mélangeant les méthodes en ligne et hors-ligne, numériques et en présentiel », conclut Felix Ohswald, P-DG et co-fondateur de GoStudent. Les IA sont-elles la solution ou un problème insoluble à résoudre pour l’enseignement ? Et ceci dès l’enseignement primaire ? Tout le monde de l’éducation est en tout cas challengé comme jamais…