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«Les classes préparatoires ECT sont dans une phase de consolidation»: entretien avec le président de l’ADEPPT

Le 27ème Congrès de l’ADEPPT (Association de promotion des classes préparatoires option technologique) s’est tenu les 9 et 10 décembre à Montpellier Business School. Moins touchées que les classes économiques et commerciales générales (ECG) par la réforme du bac, les classes ECT n’en subissent pas moins les effets. L’analyse du président de l’ADEPPT, Quentin Leroux .

Olivier Rollot : Quel bilan faites-vous de la rentrée 2022 dans les classes préparatoires économiques et commerciales option technologiques (ECT) ?

Quentin Leroux : Les chiffres ne sont pas définitifs mais nous constatons une stabilisation des effectifs après l’ouverture cette année de deux nouvelles classes, à Toulon et Mayotte, pour en tout 44 classes. Nous avons eu de l’ordre de 1 200 élèves affectés sur Parcoursup en 2022.

Nous sommes dans une phase de consolidation des effectifs avec toujours la nécessité de lutter contre l’autocensure de beaucoup de bacheliers STMG pour lesquels entrer en classe préparatoire n’est pas naturel. Nos élèves ont en effet dans leur environnement proche très peu de parcours similaires auxquels se rattacher. Ils ont souvent assimilé une équation où STMG = études courtes. Les ECT sont aussi là pour leur montrer que ce n’est pas une fatalité. Qu’il est possible de se projeter à cinq ans sans apprendre un métier tout de suite.

O. R : L’Adeppt effectue un travail en ce sens ?

Q. L : Nous sommes même essentiellement une association de promotions, des classes ECT comme des classes ATS (Adaptation de Techniciens Supérieurs). Avec nos professeurs membres nous informons et réassurons des élèves pour leur montrer notre finalité. A l’inverse de toute reproduction sociale nos classes sont composées à 60% de boursiers dont 35% de boursiers du secondaire. Les classe préparatoires ECT sont un ascenseur social puissant pour amener jusqu’à bac+5 des étudiants issus de familles qui n’ont pas le profil type.

O. R : Comment effectuez-vous ces actions de promotion de la filière ECT ?

Q. L : Nous devons constamment occuper une place dans l’esprit des lycéens au-delà des seuls forums. Nous avons donc des professeurs qui se font le relais de la filière dans les lycées pour encourager les candidatures. Ce sont des professeurs d’économie-gestion ainsi que des professeurs des disciplines générales, qui constatent que leurs anciens élèves ont très bien réussi après une classe préparatoire ECT. Ils témoignent des métamorphoses de ces élèves aujourd’hui cadres dans des entreprises.

Nous devons lutter contre des freins sociologiques et psychologiques – la peur de ne pas y arriver – mais aussi financiers avec la hausse continuelle du coût de la scolarité dans les écoles. La moitié des anciens élèves d’ECT suivent d’ailleurs une grande partie de leurs cursus en apprentissage ensuite.

O. R : La classe préparatoire c’est une voie plus efficace pour un bachelier STMG qu’un passage par un premier diplôme de niveau bac+2/+3 ?

Q. L : Aucun de nos élèves ne regrette son parcours alors qu’un bac+5 protège beaucoup mieux qu’un bac+2 tout au long de sa vie professionnelle. De plus les STMG ont du mal à passer par les admissions sur titre (AST) – 90% d’échecs à l’université – mais aussi après un BTS ou maintenant un BUT car il faut une grande autonomie pour s’y préparer.

O. R : Au-delà des concours qu’apportent les classes préparatoires ECT à leurs élèves ?

Q. L : La classe préparatoire est un bénéfice en soi, que ce soit en acquisition de culture générale ou en méthodes d’apprentissage. Tous ceux qui sont passés par nos classes reviennent d’ailleurs régulièrement témoigner auprès de nos élèves actuels et des futurs. Ils sont les mieux placés pour leur expliquer combien aujourd’hui nos élèves travaillent ensemble. Loin des images d’Epinal d’un univers exclusif et exténuant, ils se souviennent d’une vie qui n’était pas entre parenthèses tout en ayant du plaisir à apprendre.

Il faut comprendre que la moitié des élèves en STMG l’ont choisie par défaut. Nous sommes aussi là pour les remettre en selle en leur donnant confiance tout au long de leur parcours. Mais nous ne touchons aujourd’hui que 1 200 des 70 000 élèves de terminale STMG. 10 000 tentent encore chaque année d’intégrer une université où leurs taux d’échec sont considérables. Nous leur disons d’intégrer d’abord une classe préparatoire puis d’aller en licence 3 où ils réussissent très bien.

O. R : Qu’apportent plus particulièrement les élèves d’ECT aux écoles de management ?

Q. L : Contrairement aux autres élèves issus de classes préparatoires nos élèves connaissent déjà bien le management, la comptabilités, le marketing ou encore le droit, autant de matières enseignées en écoles de management sur lesquelles les autres élèves viennent souvent leur demander des conseils. Ils participent très largement aux activités associatives et sont les premiers à obtenir des stages. Ils connaissent déjà bien leur nouvel univers et, après un an, les différences s’estompent sans qu’ils n’aient jamais été stigmatisés.

O. R : Qu’espérez-vous dans l’avenir pour vos élèves ?

Q. L : Nous espérons que le vivier de nos étudiants va se maintenir voire se renforcer et souhaiterions aussi les voir intégrer plus largement les écoles du haut du tableau. En 2022 ils ont été seulement 11 à intégrer HEC, 15 l’Essec, 10 l’ESCP, 8 l’Edhec et 23 emlyon. Partout ailleurs c’est bien plus ! Pourquoi ?

Pour autant nous tenons farouchement à l’interclassement de tous les candidats. Pas question pour nous de demander des places spécifiques pour nos élèves. Nos étudiants sont d’ailleurs excellents pour les entretiens de motivation. S’ils ont encore quelques carences par rapport aux autres c’est en culture générale et en langues.

O. R : Sur Parcoursup le processus est optimal ?

Q. L : Les candidats ont tendance à répondre positivement si l’établissement auquel ils postulent leur répond rapidement. Se pose donc la question du recours aux « blocs d’appel », c’est-à-dire de proposer des places à 100 étudiants pour en recruter au final 48. Or tous les lycées ne le font pas alors qu’il n’y a aucun risque. Ce sont le proviseur et le SAIO qui paramètrent le système et ils tout intérêt à en appeler plus, ce qui rassure les candidats, d’autant que les instituts universitaires de technologie (IUT) et les sections de technicien supérieur (STS) répondent pour leur part tout de suite.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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