UNIVERSITES

Les IAE veulent s’imposer dans leurs universités

« Nous souhaitons asseoir notre situation auprès des universités. Parfois les instituts d’administration des entreprises (IAE) ne sont pas suffisamment bien traités par leur université par méconnaissance des équipes, quand par exemple une université est pilotée par un président issu des grandes disciplines classiques. » Nouveau président du réseau IAE France, directeur de l’IAE de Paris, Eric Lamarque n’a pas la langue de bois quand il vient expliquer son plan stratégique.

Eric Lamarque

Une reconnaissance encore insuffisante. La loi sur la responsabilité des universités (LRU) a été tout sauf une sinécure pour les IUT et les IAE. Jugés trop indépendants on leur a souvent demandé de rentrer dans le rang et des crises ont éclaté d’Aix à Caen. Si la situation semble aujourd’hui moins tendue, Eric Lamarque exprime le point de vue général des IAE : les universités doivent réaliser qu’il n’y a pas que les écoles de management qui contribuent à l’enseignement de la gestion et qu’elles ont en leur sein des pépites : « Nous voulons être reconnus comme les écoles d’ingénieurs internes pour contribuer au rayonnement de nos universités. Mais, dans un contexte de forte concurrence, elles ne comprennent pas toujours ce que cela implique ». Une reconnaissance qui passe également par des postes. « Notre taux d’encadrement est aujourd’hui d’un professeur pour 50 étudiants quand on trouve des taux de 1/15 ailleurs dans les universités », constate Eric Lamarque.

S’il n’est pas question pour les IAE d’imaginer se détacher d’universités – dont les marques les soutiennent -, ils souhaiteraient retrouver une certaine autonomie. Par exemple en bénéficiant du statut d’instituts et écoles faisant partie des universités tel que prévu par l’article L713.9 du Code de l’éducation. Celui-ci indique en effet que « les instituts et les écoles disposent, pour tenir compte des exigences de leur développement, de l’autonomie financière. Les ministres compétents peuvent leur affecter directement des crédits et des emplois attribués à l’université ». Aujourd’hui seul l’IAE Paris est véritablement autonome en tant qu’EPA (établissement public à caractère administratif). « Nous devons également passer plus de temps dans les conseils pour nous imposer. Il ne faut rien laisser passer ! », plaide Eric Lamarque.

Imposer son modèle. Si le Réseau IAE entend s’imposer dans ses universités c’est qu’il compte également s’imposer face aux Grandes écoles de management. « Passé le top 5 nous avons la capacité à être le premier choix des étudiants. Nous avons su nous professionnaliser, nos associations d’alumni sont présentes partout et nous pouvons compter sur notre réseau pour proposer à des étudiants de petits IAE de se rendre dans de très bonnes universités étrangères comme McGill au Canada. » En France Eric Lamarque doit traiter de nombreux sujets comme le passage éventuel des DUT à trois ans – « Pourrons-nous encore recruter des étudiants qui n’auront suivi que de deux années ? » -, le développement des licences dans les IAE (ils sont 11 aujourd’hui à en proposer), la transition de l’apprentissage ou encore de possibles nouvelles accréditations alors que seul l’IAE Aix-Marseille est aujourd’hui accrédité Equis après l’échec de l’IAE Lyon à l’obtenir.

Mais l’un des dossiers les plus engageants en termes images serait l’entrée d’un certain nombre d’IAE au sein de la Conférence des grandes écoles. « Comme Paris-Dauphine nous parlons de la CGE mais pas du Chapitre des écoles de management. J’aimerais bien savoir ce qui nous empêcherait d’y entrer quand beaucoup d’écoles d’ingénieurs aux profils similaires aux nôtres en sont membres ? », s’interroge le président alors que la CGE reste pour l’instant sourde aux demandes d’adhésion des IAE.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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