POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Parcoursup : y aller ou pas ?

C’est LE débat du moment du côté des formations sélectives postbac qui n’étaient pas sur APB. Faut-il ou pas aller sur Parcoursup alors que, d’un côté le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation y incite fortement, mais que de l’autre la plateforme patine quelque peu. « Nous comptons sur vous pour passer sur Parcoursup en 2019 car c’est pour nous la garantie que le système fonctionnera de manière optimale », est ainsi venu demander Frédéric Forest, adjoint de la directrice de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, aux directeurs des Sciences Po qui ont demandé une dérogation pour ne l’intégrer qu’en 2020. « Pour 2019 c’était trop tôt et nous attendons des aménagements en 2020 pour pouvoir garantir notre modèle », explique le directeur de Sciences Po Toulouse, Olivier Brossard.

Du côté du concours d’admission en bachelor Atout+3 on a décidé de franchir le pas dès 2019. « Toutes les écoles étaient prudentes quant à une mise en œuvre précipitée de Parcoursup. Nous avons évoqué les mêmes éléments de prudence mais également la visibilité que donne l’outil. Une visibilité qui nous a paru plus importante que les problèmes actuels. Maintenant nous sommes en train de nous poser des questions pour rendre le système plus efficace », confie son délégué, Didier Wehrli. Atout+3 rejoint ainsi les écoles Idrac qui étaient déjà présentes sur APB (hors le programme grande école d’Idrac Lyon) rejointes par une école proche, l’Istec, l’ICD étant toujours en phase de réflexion alors que la date butoir est fixée au 22 juin. Devraient franchir le pas en 2019 les concours Pass (BBA Inseec et BBA Edhec) et Link (EMLV, EBS, EDC et PSB). Enfin du côté des concours Accès (Iéseg, Essca et Esdes) et Sésame (les bachelors de BSB, l’Essec, Kedge, Neoma et Sup de Co La Rochelle ainsi que l’Esce et l’Ipag) on évoque plutôt un passage en 2020. Toutes les écoles d’ingénieurs les écoles postbac étaient déjà sur APB et sont restées sur Parcoursup. Enfin ne sont pas concernées par Parcoursup les diplômes uniquement labellisés par le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

Des candidats qui tardent à se décider. Les interrogations sur le processus restent encore nombreuses alors qu’on constate que beaucoup de candidats tardent à se décider cette année. Pas moins de 250 000 candidats réfléchissaient encore à leur choix d’orientation avant le début des épreuves du bac alors que 134 621 attendaient une proposition conditionnée par la réponse des premiers. « Des élèves jouent avec l’outil pour voir jusqu’à quel rang ils peuvent monter dans les listes d’attente des formations dans lesquelles ils ont postulé », regrette Didier Wehrli qui entend bien proposer l’année prochaine au gouvernement « un parcours alternatif pour désengorger le système dès le mois d’avril en amenant les candidats à prendre vite leurs décisions ».

De plus et alors que presque partout les inscriptions ont largement augmenté – certaines école d’ingénieurs étant même aujourd’hui largement en overbooking ! – qui va s’inscrire in fine ? Le groupe Idrac constate par exemple une importante augmentation des candidatures cette année par rapport à APB : 4200 contre 3100 en 2017 alors même que les candidats ne peuvent déposer que 10 vœux contre 24 avec APB. La Conférence des grandes écoles entend faire des propositions pour « fluidifier » le dispositif après le bac.

Changer les concours. Au-delà du vaste « patinage » qu’enregistre Parcoursup cette année en attendant que les étudiants se décident, écoles et IEP hésitent d’autant plus que la procédure est beaucoup plus contraignante. « Nous allons devoir nous adapter à un nouveau calendrier dans une logique de « oui définitifs » qui permettront aux établissements de s’assurer la plus grande partie de leurs effectifs avant la mi-septembre », assure Didier Wehrli. D’accord avec le MESRI sur la nécessité de pouvoir traiter les candidats potentiels avant même leur inscription sur la plateforme. Ensuite la question est aussi d’aller plus loin dans la dimension numérique. L’ensemble du recrutement du Réseau Idrac s’effectue ainsi par des tests 100% en ligne et des entretiens dans ses campus.

Du côté des Sciences Po aussi on travaille à la forme du concours du fait de l’entrée dans Parcoursup. Comme Frédéric Mion entend le faire à Paris une évolution vers moins d’épreuves écrites est-elle envisageable ? « Passer à un recrutement sur dossier demande une vraie réflexion car rien n’est plus adapté qu’n écrit anonyme pour ouvrir largement les portes », réagit Céline Braconnier, la directrice du dernier né du réseau, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, qui insiste : « Sciences Po Paris n’a pas toujours raison ! Nous devons continuer à porter nos dispositifs de démocratisation ».

Réunir les concours. Le dernier débat qui agite les écoles de management concerne l’existence même de plusieurs concours comme l’analyse Didier Wehrli : « Les candidats sont déjà dans une situation compliquée quand il leur faut passer les concours communs mais aussi ceux que proposent certaines écoles individuellement dans un laps de temps très court. Il n’y a que quatre semaines au mois d’avril ! Ces écoles auraient tout avantage à rejoindre les concours existants ».

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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