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Stratégie d’école : ESCP Europe et la formation continue

  • Tout l’été nous vous proposons de retrouver des grands entretiens publiés sur ce blog en 2014-2015 et qui présentaient des stratégies d’établissements.

La formation continue est aujourd’hui au cœur du développement des activités des écoles de management. Elle représente déjà 25% du chiffre d’affaires d’ESCP Europe, explique Delphine Manceau, directrice de la formation continue et des relations entreprises de l’école, qui compte bien encore la développer dans les années à venir.

Manceau DelphineOlivier Rollot (@O_Rollot) : Tout le monde parle aujourd’hui du développement de la formation continue dans les établissements d’enseignement supérieur. Où en êtes-vous à l’ESCP Europe ?

Delphine Manceau : La formation continue représente 25% de notre chiffre d’affaires en incluant tous les programmes « executive » (E-MBA, E-mastères spécialisés) comme les programmes courts et sur mesure. Nous proposons toutes sortes de formation comme par exemple notre programme « marketing digital » de 11 jours qui connaît un vif succès auprès des entreprises.

L’activité est en croissance, avec un chiffre d’affaires consolidé en hausse de 12% cette année et une progression de 20 places dans le classement du Financial Times : nous sommes 23ème mondiaux, entre la CEIBS chinoise et Columbia aux Etats-Unis.

O. R : Votre diplôme phare c’est votre executive MBA à temps partiel : 18 mois avec des cours, des électifs et des séminaires dans différents pays. A qui s’adresse-t-il ?

D. M : Nos 82 participants ont 37 ans en moyenne et dix ans d’expérience professionnelle. Ils sont issus de 27 nationalités différentes et 35% sont français. Les deux tiers participent au financement de leur formation, soit en la payant intégralement, soit en payant la partie qui n’est pas prise en charge par leur entreprise. Si nos participants sont souvent des ingénieurs, il y a beaucoup d’autres profils : juristes, littéraires, spécialistes de communication… Ce qu’ils souhaitent tous, c’est sortir d’une expertise technique pour développer leur leadership et devenir cadres dirigeants après une première carrière. Ils ont aussi envie de renforcer leur dimension internationale et de devenir une source d’innovation dans leur entreprise.

O. R : 51 000 € pour 18 mois de formation c’est un sacré investissement. Qu’est ce qui fait qu’on décide ou pas de se lancer dans un MBA ?

D. M : C’est d’abord une question d’arbitrage et de personnalité. Ceux qui nous rejoignent veulent prendre un peu de recul sur leurs pratiques actuelles pour mieux progresser dans leur entreprise. Il faut aussi penser à la famille. Faire un Executive MBA c’est un projet familial ! Lors des remises de diplômes je remercie toujours les familles car ce n’est pas forcément simple pour elles à un âge où l’on a souvent de jeunes enfants.

Pendant leur MBA ils vont créer une vraie communauté qui va leur donner souffle et ouverture avec des cours sur nos différents campus européens à Londres, Berlin, Madrid, Turin, et des séminaires d’études aux États-Unis, en Chine, en Inde…

O. R : On le disait, beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur veulent faire de la formation continue mais il leur manque souvent l’essentiel pour cela : des professeurs qui savent enseigner à des professionnels. Ce n’est pas un problème pour vous ?

D. M : Nous avons la chance d’avoir des professeurs qui apprécient un type de pédagogie différent de la formation initiale, une pédagogie qui s’appuie avant tout sur ce qu’ont vécu les participants. En formation continue, un enseignant doit être très souple et prêt à être parfois remis en question par des praticiens qui ont eu leur propre expérience.

Les entreprises et leurs cadres apprécient aussi d’avoir des professeurs qui font de la recherche et qui savent mettre en perspective les pratiques des entreprises, proposer des cadres théoriques, avoir une vision prospective.

O. R : Ces formations vous les présentez également sur vos autres campus européens (Berlin, Madrid, Londres et Turin) ?

D. M : Nous avons des activités de formation continue sur tous nos campus. Nous sommes en train de beaucoup développer ces programmes à Berlin où elles connaissent déjà un vrai succès, notamment autour de l’entrepreneuriat. Notre campus de Madrid a développé un master executive en ligne sur le management international, qui nous permet aussi de développer des programmes sur mesure en « blended » |mêlant cours en présentiel et cours à distance].

O. R : Qu’est-ce que le nouveau dispositif de compte personnel de formation (CPF), qui remplace le DIF, va changer pour vous ?

D. M : Nos programmes sont bien adaptés au CPF puisqu’ils sont certifiants et peuvent déboucher sur un diplôme RNCP de niveau 1 (master) pour peu qu’on suive trois modules. Le CPF va dans notre sens en favorisant des programmes certifiants de qualité.

O. R : Salariés et entreprises se sont déjà emparées des nouveaux dispositifs ?

D. M : Nous sommes dans une phase de transition car les entreprises ne se repèrent pas encore très bien dans la réforme. Cela génère un certain attentisme. De plus, leur situation financière parfois délicate fait qu’elles réfléchissent parfois à deux fois avant d’investir : aujourd’hui ce sont parfois les services achat qui négocient le prix des formations, davantage que les services ressources humaines. Nous sommes sur un marché ultra concurrentiel avec des acteurs très différents : grandes écoles, universités, grands et petits organismes privés, et même des cabinets de conseil qui proposent des formations en complément de leurs missions de conseil. De plus en plus, on nous demande des formations à la fois sur mesure et certifiantes, ce que nous sommes en mesure de faire.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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