À l’occasion de ses dix ans d’existence, Campus France retrace dans une étude les transformations spectaculaires de la mobilité étudiante et de recherche de la dernière décennie : alors que seulement 3,5 millions d’étudiants partaient en mobilité en 2009 ils étaient 5,6 millions en 2018 (2,5% de la population étudiante). Soit une progression deux fois plus rapide que la population étudiante mondiale qui a augmenté de 30% dans le même temps.
Quels effets aura le Covid ? Attention : ces évolutions sont antérieures au Covid comme aux effets du Brexit ou d’autres faits géopolitiques. Comme le notent les experts de Campus France, ces événements ont des « conséquences majeures et aux effets durables sur la mobilité étudiante, qu’il n’est pas encore possible d’aborder ». De grands pays d’accueil comme l’Australie se sont en effet totalement fermés à la mobilité étudiante entre mars 2020 et novembre 2021, tandis que les relations bilatérales de plusieurs grands pays d’accueil avec la Chine, premier pays d’origine, se sont détériorées.
En France, en dépit de la pandémie de Covid-19, le nombre total d’étudiants étrangers n’a baissé que de 1% entre 2020 et 2021. Cette baisse a été de 3% dans les universités tandis que d’autres établissements ont même vu ce nombre progresser : c’est le cas dans les écoles de commerce (+8 %), les écoles d’ingénieurs (+3 %) ainsi que les formations du supérieur en lycées (+10%). Début octobre 2021, la France avait presque entièrement résorbé les effets de la crise avec 77 000 visas délivrés, contre 67 000 en 2020 et 89 000 en 2019, en fin de campagne. C
Où vont les étudiants ? Les pays anglo-saxons ont confirmé leur place en tête de l’accueil des étudiants dans le monde ces dix dernières années. Mais les États-Unis, toujours premiers, et le Royaume-Uni, deuxième, ne progressent plus aussi significativement sur les dernières années, à l’inverse de l’Australie, 3ème, et du Canada, 7ème. Quelques points saillants :
- la Turquie est, parmi les 20 premiers pays d’accueil de la mobilité étudiante, celui qui connaît la plus forte progression du nombre d’étudiants internationaux accueillis : +471% entre 2009 et 2018 ;
- le nombre d’étudiants internationaux reçus en Russie a doublé en 10 ans pour atteindre les 262 000 soir 5% du total. Une attractivité qui repose très largement sur les pays de l’ex-URSS : 80% des étudiants internationaux sont originaires de ces pays ;
- l’Allemagne a vu le nombre d’étudiants étrangers sur son bondir de 58% en dix ans pour atteindre les 312 000, soit 10% de sa population étudiante. 10% sont chinois et 5% indiens.
D’où viennent les étudiants ? L’Asie-Océanie a renforcé sa position de première zone d’origine des étudiants mobiles dans le monde, à travers notamment les progressions fortes des effectifs en provenance de Chine (+87%) et d’Inde (+82%), mais aussi du Vietnam (+149%) qui rejoint la 4ème place derrière l’Allemagne.
Parmi les pays européens, l’Allemagne est celui qui envoie le plus d’étudiants à l’étranger, devant la France. Néanmoins la croissance du contingent français à l’étranger (+87%) est plus rapide que celle des étudiants allemands (+32 %).
Les États-Unis n’occupent plus en 2018 que la 7ème place du classement des pays qui envoient le plus d’étudiants en mobilité alors qu’ils se situaient au 5ème rang dix ans auparavant.
L’Afrique est également un continent d’avenir pour la mobilité étudiante : les étudiants subsahariens ne représentent que 4% de la population étudiante mondiale mais 8% des étudiants mobiles, et cette part devrait continuer à augmenter dans les années à venir. La France, qui accueille 12% de ces étudiants, est leur premier pays de destination, devant les États-Unis, l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni.
Et la France dans tout ça ? En baisse régulière dans le classement destinations préférées des étudiants, la France occupe aujourd’hui la 6ème place des pays d’accueil avec 365 000 étudiants internationaux lors de l’année universitaire 2020-2021. La France a ainsi été dépassée par l’Allemagne en 2017 puis par la Russie en 2018 après avoir un temps occupé la 3ème place.
Les étudiants marocains, algériens et chinois sont les plus nombreux en France sur l’ensemble de la dernière décennie. Le nombre d’étudiants marocains et algériens progresse : respectivement +39 % et +28 % entre 2010-2011 et 2020-2021).
Le nombre d’étudiants chinois diminue de 5 % sur la période en raison de la crise sanitaire : restait en effet positive jusqu’en 2019-2020 (+2 % entre 2010 et 2019). De même le nombre d’étudiants tunisiens en France est en baisse sur dix ans (-5%) ; et diminuait déjà avant la crise sanitaire (-4 % entre 2010 et 2019).
Le nombre d’étudiants italiens en mobilité a en revanche plus que doublé sur dix ans (+121 %), ce qui en fait la quatrième nationalité la plus représentée parmi les étudiants étrangers (+2 places).
En dix ans sa progression est moitié moins importante (28%) que celle de l’ensemble des pays recevant des étudiants internationaux. La progression en licence universitaire n’est même que de 25% entre 2010 et 2020 quand elle atteint 169% dans les écoles de commerce, 120% dans les écoles d’ingénieurs et 122% dans les formations d’enseignement supérieur des lycées. Les écoles de commerce sont les formations les plus internationalisées, avec 20% d’étudiants étrangers en leur sein, contre 13% en moyenne.
Les étudiants français sont de plus en plus internationaux et constituent aujourd’hui le sixième contingent d’étudiants internationaux, avec près de 100 000 étudiants en mobilité sortante en 2018, soit près du double en dix ans (+87 %). Le Canada est devenu la première destination en 2018, avec 7 030 étudiants français en mobilité. La Belgique, première ces dernières années, arrive aujourd’hui en seconde position. L’Espagne, avec sa forte dynamique sur dix ans (+366%), arrive en 6ème position, se rapprochant de l’Allemagne (5ème) et de la Suisse (4ème) qui ont des dynamiques plus modérées (respectivement +21% et +84%).
La France est en revanche en tête des pays développant le plus de campus à l’étranger. Selon une étude du groupe de recherche Transedu du centre d’information pour l’économie de Leibniz, sur les 440 campus délocalisés en compte 35. Les pays dans lesquels sont implantés prioritairement les campus délocalisés issus d’établissements français sont la Chine (14 campus), le Maroc (10 campus), le Royaume-Uni (6 campus) et l’Île Maurice (5 campus).