Le nombre d’étudiants étrangers inscrits en France a augmenté de 8% en 2021-22, et dépasse désormais la barre des 400 000 (en incluant les apprentis du supérieur) selon Campus France. Il s’agit de la croissance la plus forte enregistrée depuis plus de 15 ans, portée notamment par la croissance du nombre d’étudiants européens. Un net rebond confirmé par les perspectives de recrutement pour l’année 2022/23, avec des candidatures en hausse de 18 % par rapport à l’avant-pandémie.
Si les chiffres progressent dans tous les établissements, ils bondissent dans les écoles de commerce qui affichent une hausse de 18%. Les étudiants étrangers ont augmenté de 7% dans les formations délivrées en lycée, 6 % dans les universités, 5% dans les écoles d’art et d’architecture, 3% dans les écoles d’ingénieurs, 7% dans les autres établissements
Parmi le top 10 des pays d’origine des étudiants en France, les progressions les plus importantes sont celles des étudiants italiens (4e origine, +16%), espagnols (7e, +25%) et libanais (9e, +30%). Certaines origines, précédemment en baisse, repartent à la hausse sur la dernière année (Allemagne, +17% ; Etats-Unis, +50%). Seules les mobilités depuis la Chine et le Vietnam restent en baisse avec respectivement, -2% et -4% sur un an.
Zone par zone. Avec 15 % d’étudiants supplémentaires les Amériques sont la zone qui connaît la plus forte croissance, notamment grâce à l’Amérique du Nord dont les étudiants progressent de 43%. Les effectifs d’Amérique latine et des Caraïbes augmentent de 14%, ceux d’Amérique du Sud de 4%.
L’Europe (+13%)connaît sur un an la plus forte progression derrière les Amériques et retrouve un niveau supérieur de 10% à l’avant-pandémie. Les pays hors-UE – qui comprennent désormais le Royaume-Uni – progressent de 25%, les pays de l’UE de 9%.
La zone Afrique du Nord – Moyen Orient, première zone par le nombre d’étudiants accueillis, progresse de 10% sur un an et de 32% sur cinq ans. Une augmentation particulièrement importante depuis le Moyen-Orient (+17%).
L’Afrique subsaharienne enregistre une progression de 5%, en-dessous de la moyenne de 8% : la progression du nombre d’étudiants africains s’était en effet poursuivie en 2020-21 (+6%). Sur cinq ans, la progression reste forte (40%) et supérieure à la moyenne (21%).
L’Asie-Océanie, dont les étudiants ne progressent que de 1% sur un an, demeure la zone la plus touchée par les restrictions de mobilité liées à la pandémie. Mais après une baisse de 9% en 2020-21, la situation se stabilise. Si la Chine, le Vietnam, ou l’Australie sont en baisse, une reprise apparaît depuis l’Inde (+9,5%), mais aussi le Japon (+12%) ou le Sri Lanka (+17%).
Le paysage de la mobilité étudiante a subi en seulement deux ans trois crises majeures : Covid, Brexit et aujourd’hui la guerre en Ukraine. Si leurs conséquences à moyen et long terme restent encore difficile à analyser – au niveau mondial l’Unesco ne publie que les chiffres de 2019 -, les experts de Campus France en tirent déjà quelques conséquences immédiates ou probables dans l’édition 2022 de ses Chiffres clés:
- le Brexit a provoqué une hausse des frais d’inscription au Royaume-Uni pour les étudiants communautaires, qui se détournent du pays, ce qui est pour l’instant compensé par un nombre plus important d’étudiants asiatiques dans le pays ;
- la guerre en Ukraine pourrait avoir un impact sur la place de la Russie, qui figurait en 2019 au 5e rang des pays d’accueil, mais aussi peser sur les flux d’étudiants du continent africain, présents en nombre sur le territoire ukrainien avant la guerre ;
- face au Covid, l’isolement durable du premier pays d’origine, la Chine, va constituer un phénomène décisif notamment pour les pays dépendant le plus de cette mobilité, comme l’Australie ;
- la fermeture de l’Australie durant la pandémie pourrait aussi affecter la montée en puissance du pays, passé 2e au niveau mondial avant la pandémie.
Un contexte difficile dans lequel la France semble plutôt bien se comporter « Après la pandémie, les étudiants sont de retour en France » affirme même Campus France qui constate que ce soit face à la pandémie de Covid-19 ou aux conséquences de la guerre en Ukraine, la France a pu « s’affirmer au cours de ces deux dernières années comme un pays ouvert et accueillant ». Cette ouverture aux étudiants étrangers durant la pandémie a permis de stabiliser leur nombre en 2020-2021 (-1%). La diminution du nombre de visas accordée pour études en 2020 (-17%) a été résorbée par une augmentation en 2021 (+25%), « augurant un retour massif des étudiants internationaux vers la France ». Le nombre de visas accordés en 2021 est ainsi supérieur à celui d’avant la pandémie.
Les Grandes écoles françaises tirent leur épingle du jeu. Après une augmentation continue du nombre d’étudiants étrangers en France (+70% sur 20 ans et +28% de 2009 à 2019), les effectifs ont baissé pour la première fois entre 2019 et 2020, dans le contexte de pandémie. Avec 365 000 étudiants étrangers en France en 2020-2021, cette baisse de 1% reste particulièrement contenue par rapport à d’autres grands pays d’accueil. Les écoles d’ingénieurs et de management et poursuivent même la hausse des inscriptions des étudiants internationaux pendant cette période. Un sujet particulièrement crucial pour ces dernières. « Les inscriptions des étudiants chinois continuent et nous recevons de plus en plus d’étudiants d’autres parties du monde », constate ainsi le directeur général de Kedge, Alexandre de Navailles, qui va implanter son école en Inde.
Les écoles de management françaises semblent donc avoir surmonté ce qui pouvait s’apparenter à une « addiction » aux étudiants chinois en s’ouvrant plus largement sur le monde comme le constate également le directeur des relations internationales de l’Edhec, Richard Perrin le constate : « Nous sommes revenus aux chiffres d’étudiants internationaux de 2019. Mais le marché chinois est de plus en plus complexe avec sans doute une volonté du gouvernement chinois de conserver ses talents et de développer ses business schools. Résultat, parmi nos 30% d’étudiants internationaux nous recevons de plus en plus d’Européens et aussi d’Américains. Une recomposition esteg en cours vers l’Inde avec un jeu de vase communicant entre les étudiants chinois et indiens ». Sa conclusion : « Nous sommes au début d’une nouvelle période. Et alors que la France perd des parts de marchés, ses business schools se tiennent bien ».
Avec une croissance exponentielle du nombre de ses étudiants, l’Afrique est également en ligne de mire. « Nous savons que l’Afrique est un territoire d’opportunités et un relais de croissance pour nos établissements si nous identifions le bon modèle pédagogique et économique », rappelle le directeur général de l’EPF, Jean-Michel Nicolle, qui y a « développé une forte culture de coopération et de formation à distance avec les établissements d’Afrique subsaharienne francophone ». Philippe Oster, le directeur des affaires internationales d’HEC, se projette également vers le continent africain dans Challenges : « Les étudiants africains représentent 8 % des effectifs de nos programmes diplômants, indique Nous voulons doubler ce chiffre pour atteindre 16%, l’équivalent de la zone Asie-Pacifique et de l’Europe hors France ».
Sur cinq ans, les zones de provenance des étudiants internationaux qui progressent le plus sont aussi celles qui forment le traditionnel trio de tête : Afrique du Nord – Moyen-Orient (+24%), Afrique subsaharienne (+41%), et Europe (+11%).
En revanche, la France peine à attirer en mobilité les étudiants asiatiques avec une chute de 40% du nombre de visas qui leur ont été attribués entre 2019 et 2021. Si en proportion le Japon (-60%) et la Corée du Sud (-54%) sont les deux pays qui connaissent les baisses les plus importantes, le nombre de visas accordés chute plus lourdement encore en valeur en Chine (-3 579) et en Inde (-1 028).
Près d’un quart des étudiants provient d’Europe (24%) et leur nombre progresse modérément (+11% en cinq ans). Une évolution qui cache d’importantes disparités : si les étudiants italiens, espagnols et portugais sont en nombre fortement croissant (respectivement +47%, +32% et +52%), les contingents de certains pays européens stagnent comme ceux de la Belgique, de la Grèce et du Luxembourg (respectivement +6%, 0% et +2%), et d’autres connaissent des baisses significatives comme l’Allemagne, la Pologne ou la Bulgarie (respectivement -18%, -17% et -34%). Le Royaume- Uni (-9%) voit également ses effectifs diminuer et se retrouve à la 30e position (contre 20e pays d’origine en 2015).
Enfin, le nombre d’étudiants venant des Amériques reste stable sur cinq ans (+0,2%) : il a baissé en Amérique du Nord (-28%), mais a augmenté pour l’Amérique centrale (+30%) et stagné pour l’Amérique du Sud (+2%).
Si 15% des inscrits à l’université sont étrangers, on constate des proportions plus importantes dans certaines disciplines comme les sciences fondamentales (23%), les sciences économiques (19%) et les langues (19%). Les sciences fondamentales sont particulièrement prisées, avec un quart des effectifs et une croissance sur cinq ans supérieure à la moyenne (+23% contre +7% sur l’ensemble). Les étudiants étrangers choisissent également les sciences économiques et de gestion (à 16%, bien qu’en baisse de 1% des effectifs), les sciences humaines et sociales (à 12% des étudiants étrangers) et le droit et la science politique (à 11%), pour ce qui est des principaux champs disciplinaires.
La tendance observée sur cinq ans est celle d’un renforcement des disciplines scientifiques (+20% entre 2015 et 2020), tandis que tous les autres champs disciplinaires progressent peu sur la même période (+4% pour la santé, +3% pour le droit, +1% pour l’économie et +0,3% pour les humanités).
Avec 40% de doctorants étrangers, le niveau doctoral est particulièrement internationalisé : la France est même le 3e pays d’accueil de doctorants étrangers, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni, au sein de l’OCDE. 40% des doctorants en France sont ainsi étrangers.
Enfin les étudiants français partent davantage en mobilité à l’étranger (+26% en cinq ans) faisant de la France désormais le 5e pays d’origine des étudiants mobiles, avec une majorité de mobilités au niveau licence ou équivalent (58%).
Le Canada est la première destination pour la deuxième année consécutive : il en accueille 17 523 en 2019 (+39% depuis 2014). En revanche les
États-Unis accueillent chaque année de moins en moins de Français (-20% depuis 2014) et stagnent à 6 311 en 2019. Ils passent ainsi de la 2e à la 7e place des pays d’accueil entre 2010 et 2019,
La mobilité étudiante en Europe. En 2019 près d’un étudiant sur deux en mobilité dans le monde vient en Europe (46%) où de neuf étudiants européens sur dix partent en mobilité diplômante restent en Europe. La France est la quatrième destination des étudiants internationaux sur le continent après le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Russie (qui attire à 75% des étudiants originaires de la Communauté des États Indépendants).
Affectées par la crise sanitaire en 2020, les mobilités étudiantes Erasmus+ ont vu leur nombre diminuer pour l’année universitaire 2019-2020 (-7%), concernant tout de même 313 534 étudiants et stagiaires. Alors que l’Espagne est toujours largement en tête, la France est devenue en 2019-2020 le deuxième pays de destination, dépassant l’Allemagne et le Royaume-Uni.
6 millions d’étudiants internationaux en 2019. Pour la première fois en 2019, le nombre d’étudiants en mobilité dans le monde avait dépassé les six millions (+35% en cinq ans). La première zone d’origine des étudiants en mobilité diplômante était cette année-là l’Asie-Océanie, représentant 45% des étudiants mobiles, portée par les départs à l’étranger des Chinois (+36% sur cinq ans) et des Indiens (+114%). La forte croissance du nombre d’étudiants mobiles en provenance du Vietnam (+112%) et du Népal (+163%) a également contribué à un renforcement du poids de la zone dans la mobilité mondiale. L’Europe reste la deuxième zone d’origine (27% des étudiants en mobilité), les Français et Allemands en formant les deux premiers contingents.
Le classement des pays d’accueil a évolué en 2019 par rapport à l’année précédente. Grâce à une croissance dynamique des effectifs accueillis (+15% sur un an), l’Australie est devenue le deuxième pays d’accueil de la mobilité, dépassant le Royaume-Uni qui continuait d’accueillir plus d’étudiants, mais à un rythme
moins rapide (+8%). La France, malgré une augmentation du nombre d’internationaux accueillis en 2019 (+7%), perd également une place et devient la 7e destination des étudiants en mobilité diplômante, dépassée par le Canada. Elle est suivie de près par les Émirats arabes unis, qui connaissent une croissance fulgurante grâce à un élargissement du périmètre de collecte des données. Ils ont ainsi dépassé la Chine qui occupait le 8e rang l’année précédente.
Il s’agit là d’un panorama antérieur à la pandémie de Covid-19 alors que la baisse de la mobilité depuis la Chine, premier pays d’origine, dans un contexte de cloisonnement prolongé du pays, annonce une « recomposition durable des mobilités étudiantes » selon Campus France.
–> Pour 2022 la plateforme Études en France, qui permet aux candidats ayant besoin d’un visa de postuler à une mobilité, donne une indication du nombre de candidats. Si le nombre de dossiers de candidatures créés sur la plateforme en 2022 diminue de 9% par rapport à 2021, le nombre de candidatures envoyées aux services de coopération et d’action culturelle (SCAC), qui sont en charge de l’instruction des dossiers, sont eux en augmentation de 14%). En revanche, il continue de diminuer en Asie et ce pour la troisième année consécutive. Au sein de l’Europe continentale on observe une diminution du nombre de candidatures envoyées, principalement en provenance de Russie, avec deux fois moins de candidatures que l’année précédente.