Membre de l’Université de Toulouse, l’Institut national polytechnique (INP) de Toulouse regroupe sept grandes écoles d’ingénieurs et diplôme 1200 ingénieurs chaque année. Alors que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche travaille à la création d’un statut d’étudiant entrepreneur, Olivier Simonin, son président, présente les propres solutions qu’il va mettre en œuvre dès début 2014.
Olivier Rollot : Les étudiants sont-ils en train de devenir des entrepreneurs?
Olivier Simonin : De plus en plus, mais cela dépend aussi des disciplines. C’est forcément bien plus difficile – voire impossible -, de créer une entreprise dans l’aéronautique alors que dans les écoles d’informatique les vocations se multiplient entre autres parce que les coûts de développement sont faibles. Il faut aujourd’hui donner à tous l’envie d’innover, de créer son entreprise.
Ce qui ne veut pas d’ailleurs forcément dire faire de la recherche: il y a des innovations très simples qui utilisent seulement les techniques existantes. Un exemple : des étudiants de deuxième année de l’INP-ENSEEIHT ont créé une entreprise qui permet de choisir sa monture de lunettes sur un écran d’ordinateur. Parfois cela va un peu loin comme cet étudiant (Alexis Laporte, fondateur d’Unitag) qui proposait à ses camarades de faire un stage dans son entreprise.
O.R : Comment allez-vous aider les jeunes à monter leur projet?
O.S : Depuis longtemps nous proposons des horaires aménagés à des sportifs ou à des musiciens qui veulent obtenir leur diplôme d’ingénieur. Nous avons décidé de procéder de la même façon pour les entrepreneurs qui auront du temps- jusqu’à un an de plus que les autres étudiants – pour travailler sur leur projet. De plus, nous leur affecterons un tuteur pour les aider. Le tout après avoir fait évaluer la validité du projet de l’étudiant par une commission indépendante et signé une convention cadre avec lui.
O. R : On parle beaucoup aujourd’hui de la valorisation de la recherche. L’INP Toulouse dépose-t-il des brevets?
O.S : Nous participons déjà au dépôt d’une dizaine de brevets par an, généralement avec nos enseignants. Nous espérons bien que la SATT (société d’accélération du transfert de technologies) à laquelle nous sommes associés va nous permettre de doubler ce nombre dans les années à venir. Il y a très longtemps que nous faisons de la recherche partenariale avec les industriels. Avec les SATT nous ne sommes pas obligés d’attendre que les industriels viennent nous chercher pour favoriser l’éclosion de start up.
O.R : Vous allez jusqu’à être actionnaires d’entreprises créées par vos enseignants, et peut-être demain vos étudiants ?
O.S : Oui parfois mais nous n’avons pas vocation à monter dans le capital. Nous sommes un soutien pour faire démarrer un projet et nous vendons nos parts quand il se développe.
Olivier Rollot (@O_Rollot)