Avec l’entrée en vigueur de la loi « Notre » (Nouvelle organisation territoriale de la République), avec des régions d’autant plus puissantes qu’elles ne sont plus que treize, les établissements d’enseignement supérieur vont devoir apprendre à travailler différemment.
Le poids des régions
On estime l’investissement des régions dans l’enseignement supérieur à près de 1 milliard d’euros par an, bien loin donc des 23 milliards de l’Etat, mais 1 milliard qui permet souvent de combler des déficits et de maintenir en état des bâtiments. Depuis 2005 les schémas régionaux d’enseignement supérieur naissent ainsi peu à peu (lire par exemple celui du Midi-Pyrénées ou d’Aquitaine) avec le but de « co-construire une structuration de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’échelle régionale ». On sait combien les présidents d’université comme les directeurs de grandes écoles se sont battus ces dernières années pour éviter que les régions leur dictent leur politique mais combien de temps pourront-ils encore résister ? « Aujourd’hui, nous craignons des arbitrages régionaux uniquement mus par des considérations régionales. Il faut s’efforcer de garder une vision nationale », confie ainsi Philippe Jamet, directeur général de l’Institut Mines Télécom, dont les écoles sont présentes dans sept régions.
La loi Notre (Nouvelle organisation territoriale de la République), adoptée fin juillet 2015, a accordé des pouvoirs supplémentaires aux régions dans l’organisation de l’enseignement supérieur dans la soutien à l’internationalisation, la formation professionnelle ou l’innovation. Il est notamment indiqué que « les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent contribuer au financement des sites et établissements d’enseignement supérieur et établissements de recherche implantés sur leur territoire, ainsi qu’aux œuvres universitaires et scolaires ».
13 régions, qu’est-ce que cela peut changer ?
On ne comprend guère pourquoi mais les rectorats ne sont toujours pas d’équerre avec les 13 régions. Mais puisqu’il fallait bien faire quelque chose 13 régions académiques métropolitaines ont été constituées avec des « super recteurs » (situés à Aix-Marseille, Besançon, Bordeaux, Caen, Lille, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz et Paris) qui vont englober les 26 académies.
Les Comue ont largement été construites pour régionaliser l’enseignement supérieur. Comment la Comue transrégionale qu’est Bretagne-Loire pourrait-elle composer avec ses deux régions ? La question se posait certes déjà avant les nouvelles régions mais la division affirmée entre elles repose la question alors que cette Comue a été recalée par le dernier jury des Idex.
Par ailleurs les politiques de l’enseignement supérieur n’étaient pas forcément les mêmes dans les régions recomposées. Le soutien à l’apprentissage dans l’enseignement supérieur était par exemple bien plus élevé dans le Languedoc-Roussillon qu’en Midi-Pyrénées. Qu’est ce que le rapprochement des régions peut signifier pour une école de management comme Montpellier BS, qui a fondé sur modèle sur l’alternance ? On sait déjà qu’elle pense à se rapprocher de Toulouse BS. De la même façon plusieurs business schools de la nouvelle région Rhône-Alpes-Auvergne pourraient bien conclure une alliance.
L’apprentissage au cœur des interrogations.
« Les régions ne devant pas se concentrer uniquement sur les bas niveaux de qualification », réaffirmait encore la Cdefi la semaine dernière en s’adressant aux candidats. Si certains ont eu la bonne idée de créer des formations de niveau bac+2 pour continuer à percevoir toute la manne possible et continuent à progresser dans l’apprentissage, beaucoup commencent à se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle tant les entreprises refusent de payer les frais de scolarité à leur juste prix. Si les régions se désengagent progressivement toutes du supérieur c’est la partie de l’apprentissage qui résistait le mieux qui va de plus en plus souffrir.