C’est le chiffre choc de la dernière note d’information du ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche présentant l’évolution des effectifs dans l’enseignement supérieur de 2015 à 2024. En 2024, se seraient pas moins de 335 000 étudiants supplémentaires qu’il faudrait absorber et les effectifs atteindraient ainsi les 2,81 millions d’étudiants.
40 000 étudiants de plus en 2015-2016
Avec 2,47 millions d’étudiants inscrits à la rentrée 2014, les effectifs de l’enseignement supérieur ont été en hausse de 1,7% en 2015-2016. Toutes les filières ont été concernées mais ce sont surtout les prépas (+2%), l’université (+1,8% et 26400 étudiants de plus hors IUT et doubles inscriptions d’étudiants de CPGE), les formations d’ingénieurs non universitaires (+1,4%) ainsi que les « autres formations » (écoles de commerce, facultés privées, ENS, écoles paramédicales et sociales, écoles d’art, d’architecture, journalisme…), qui progressent de 2,1% quand IUT et STS se contentent de 1,3%.
Le tout alors que 7200 élèves se présentaient en moins au bac par rapport à la session 2014. La progression du nombre d’étudiants s’explique donc par la progression des séries générales (+10 300 bacheliers) quand les séries professionnelle et technologique sont en forte baisse (respectivement de 12 800 et 4600 bacheliers).
Les projections en 2024
S’appuyant sur les chiffres de la dernière rentrée et sur les « chocs de naissances » survenus en 2000, 2001 et 2006 – mais sans prendre en compte les objectifs de la Stranes -, le MENESR estime l’augmentation du nombre d’étudiants à 335 300 d’ici 2024. Il s’appuie pour cela sur hypothèse de croissance particulièrement forte du nombre de bacheliers généraux (+44600, soit +14,6%), plus modeste pour les bacs technologiques (+5,1%) et des professionnels (+5,3%).
Entre 2014 et 2024 :
- le nombre de nouveaux entrants à l’université (hors IUT) serait supérieur de 13,6% (et ses effectifs totaux de 206 000 étudiants soit 14,2% de plus) ;
- le nombre de nouveaux entrants IUT progresserait de 10,6% ;
- en CPGE de 10,1% ;
- en STS de 6,7%.
Au total, pour l’ensemble des quatre principales filières, la hausse serait de 12,5% (soit 239 800 étudiants supplémentaires). Mais l’augmentation la plus importante (17,9%) concernerait les « autres formations ». Enfin les effectifs des formations d’ingénieurs non universitaires et de l’université hors IUT connaîtraient une croissance dépassant les 14%.
Qui va répondre au défi ?
Même sans relever le défi supplémentaire d’une Stranes qui voudrait faire passer le pourcentage d’étudiants diplômés de l’enseignement supérieur de 45 à 60%, l’augmentation du nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur est si significative qu’on se demande comment le système pourra y répondre : 1. Sans sélectionner plus, 2. Sans contraindre les étudiants les moins assidus à arrêter leurs études, 3. Sans augmenter ses droits d’inscription.
En fait, et les signataires de la note le soulignent bien, ce sont les « autres formations » (largement privées et payantes) qui contribueront le plus significativement à l’effort. Un contexte dans lequel on comprend mieux les montants, jugé astronomiques par beaucoup, auxquels ont été valorisés les grands groupes d’enseignement supérieur français ces dernières années : Inseec, Studialis et aujourd’hui Laureate France.