C’est LE défi des années à venir et il dépasse de loin la question du fonctionnement d’APB. Comment recevoir toujours plus d’étudiants dans un système déjà largement dépassé ? Avec 44 800 nouveaux étudiants cette année (58 900 si on prend en compte les doubles inscriptions des élèves de CPGE) et 225 000 en cinq ans, l’enseignement supérieur français connaît un essor inégalé depuis maintenant dix ans.
Après une hausse de 1,8% en un an (2,3% si on prend en compte les doubles inscriptions) ce sont en tout 2 609 700 étudiants qui sont inscrits dans un établissement selon la note du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
Les effectifs d’étudiants dans le supérieur en 2016-2017 en forte progression parue le 29 décembre 2017. Tous les chiffres ci-dessous sont donnés hors doubles inscriptions des élèves de CPGE.
1,6 million d’étudiants à l’université. En 2016-2017 un peu plus de 1,6 millions d’étudiants étaient inscrits dans les universités – 66,2% des effectifs de l’enseignement supérieur – soit une hausse de 1,1% beaucoup moins marquée que l’année précédente où elle était de 2,8%. Pendant les dix années précédentes l’augmentation moyenne annuelle avait été beaucoup plus raisonnable à 0,4%. En tout les effectifs n’en ont pas moins augmenté de 9,6% de 2011 à 2016 –137 700 étudiants supplémentaires ! – contre une hausse de 3,8% (52 900 étudiants) durant les cinq années précédentes.
En 2016-2017 les effectifs en DUT étaient en légère hausse (+ 0,3% après – 0,2% l’an dernier) avec 116 600 étudiants inscrits. Ils ont augmenté en licence (+ 2,8 %) et master (+ 0,8 %) mais diminué en doctorat (- 2,3%). Dans le détail la progression a été de 1% dans les disciplines de santé, plus faible que l’année précédente (+ 1,9%). Les disciplines scientifiques étaient toujours particulièrement dynamiques avec des effectifs en progression de 2,3%. Les effectifs en arts, lettres, langues et sciences humaines et sociales progressaient de leur côté de 1,8%, les sciences économiques et AES de 0,6% quand les disciplines juridiques perdaient en dynamisme avec une baisse de 0,3%.
259 000 étudiants dans les grandes écoles d’ingénieur et de commerce. En 2016-2017, les formations d’ingénieurs enregistrent une forte augmentation de leurs effectifs (+ 4,1%). En 25 ans, leurs effectifs ont été multipliés par 2,5. Mais la progression la plus spectaculaire cette année est à mettre au crédit des écoles de commerce, gestion et comptabilité avec une hausse de pas moins de 11,6%. En 25 ans, les effectifs y ont été multipliés par 3 et les inscriptions ont progressé de 20% entre 2011 et 2016.
86 500 élèves en CPGE. Les effectifs des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) ont augmenté régulièrement depuis une quinzaine d’années, passant de 70 300 en 2000 à 86 500 en 2016. Sur les cinq dernières années, la croissance reste un peu plus modérée (+ 7,5 %) que celle du total des inscriptions dans l’enseignement supérieur (+ 11%). La hausse relativement modérée de 0,7% observée cette année s’inscrit dans cette tendance. L’augmentation est plus marquée dans les filières scientifiques (+ 0,9%) et économiques et commerciales (+ 0,8%) alors que les effectifs dans la filière littéraire sont de leur côté en baisse de 0,8%.
257 200 étudiants en STS. A la rentrée 2016, 257 200 étudiants étaient inscrits en section de technicien supérieur et assimilés. Les effectifs de ces formations sont en légère hausse (+0,4%) alors qu’ils étaient restés quasiment stables en 2015 (+ 0,3 %) et 2014 (+ 0,1 %) après plusieurs années d’augmentation : entre 2010 et 2013, les effectifs avaient progressé de 1,7% par an en moyenne.
474 500 étudiants dans l’enseignement privé. L’enseignement supérieur privé a connu en 2016 une hausse une année de 5,3% nettement supérieure à celle des inscriptions dans l’enseignement public (1%) et représente 18,2% des effectifs. Depuis quasiment vingt ans, entre 1998 et 2016, l’enseignement supérieur privé aura ainsi pratiquement autant participé que le public à l’augmentation des inscriptions dans l’enseignement supérieur : 222 000 étudiants supplémentaires pour 261 000 étudiants dans le public. En pourcentage cela donne une augmentation de 87,9% contre 13,9% dans le public.
32% des étudiants du secteur privé sont inscrits dans une école de commerce, gestion et comptabilité (hors STS), 17% en lycée (STS, CPGE), 12% dans une école paramédicale ou menant aux fonctions sociales, 11% dans une école d’ingénieurs, 6% dans une école artistique ou culturelle et 7% dans un établissement universitaire privé.
55,1% des étudiants sont des femmes. Depuis 1980, le nombre d’étudiantes dépasse celui des étudiants. La proportion n’a ensuite que très modérément évolué (- 0,7 point depuis 2006). En 2016-2017 elles étaient minoritaires en CPGE (42,6%) en DUT (39,8%) et, de façon encore plus marquée, dans les filières à la fois sélectives et scientifiques (26,9% des effectifs des formations d’ingénieurs). A l’opposé, elles étaient très majoritaires dans les formations paramédicales ou sociales (84,6%).
Majoritaires à l’université (58,2%) elles étaient jusqu’à 69,7% en langues, lettres et sciences humaines et représentaient 64,1% des étudiants de médecine, odontologie, pharmacie. A l’inverse elles restaient très minoritaires en sciences (37,5 %) et plus particulièrement en sciences fondamentales (28,1%) et en STAPS (29%).
35% des étudiants ont des parents cadres. Toutes formations confondues 35% des étudiants ont des parents cadres supérieurs ou exerçant une « profession intellectuelle supérieure », 12% des étudiants sont enfants d’ouvriers et 15 % d’employés. Les enfants de cadres représentent plus de la moitié des étudiants en classes préparatoires, dans les formations d’ingénieurs (hors université) et dans les ENS. Ils sont peu nombreux en STS (16%) et dans les formations paramédicales et sociales (24%), formations où les enfants d’ouvriers sont surreprésentés (respectivement 24% et 19%).
A l’université, les enfants de cadres représentent plus de 30% des effectifs. Les enfants d’ouvriers sont peu présents en droit (10%), dans les formations d’ingénieurs universitaires (10%) et encore moins en santé (7%), alors que les enfants de cadres sont au contraire très nombreux dans ces filières (respectivement 37%, 43% et 49% de leurs effectifs). Une surreprésentation qui croit avec le temps. Leur part passe de 31% en licence à 41% en doctorat. Inversement, alors que les enfants d’ouvriers représentent 14 % des étudiants inscrits à l’université en licence, leur part est seulement de 6% en doctorat.
691 200 boursiers. En 2016-2017, 719 400 étudiants recevaient au moins une aide financière dont 691 200 une bourse sur critères sociaux. Ils représentaient 39,2% des étudiants inscrits dans une formation ouvrant droit à une bourse, une part est en légère baisse cette année (- 0,3 point), après deux années de hausse sensible.
À l’université, la part des étudiants boursiers sur critères sociaux s’élève à 40%. Plus de la moitié des étudiants en STS sont boursiers (54,3%). Le pourcentage de boursiers en CPGE s’élève à 28,8% et a fortement augmenté depuis 2005 et encore de 0,4 point cette année.
323 900 étudiant étrangers. En 2016, le nombre d’étudiants de nationalité étrangère était de 323 900 soit une hausse de 4,6% par rapport à l’année précédente. Leur part dans l’enseignement supérieur atteint les 12,4% avec une augmentation de 85,6% depuis 2000. La proportion est la plus forte dans les formations d’ingénieurs, à l’université et dans les écoles de commerce. C’est dans les formations d’ingénieurs qu’elle a le plus augmenté en 16 ans, passant de 5,7% à 13,6%. La part des étudiants étrangers est en revanche faible (entre 3,7% et 5,7%) en DUT, en STS et en CPGE.
Près d’un étudiant étranger sur deux est issu du continent africain : 24% viennent du Maghreb et 21% du reste de l’Afrique. Un quart est issu d’Europe, dont 19% de l’Union européenne. Enfin, 22% sont originaires d’Asie ou d’Océanie et 9% du continent américain.
26% en Île-de-France. En 2016, 26% des étudiants se concentraient en Île-de-France (dont 13,3% à Paris). Les effectifs augmentent par rapport à 2015 dans toutes les académies sauf à Aix-Marseille, en Martinique et en Guadeloupe. Ils croissent de façon importante dans les académies de Strasbourg (+ 3,1%), Dijon (+ 2,4%), Nantes (+ 3%) et Lyon (+ 3,1 %).