C’est au sein du centre de conférences du ministère de l’Économie et des Finances que la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) a fait le point sur son action le 10 juillet. En tout ce sont 29 demandes d’accréditations qu’elle a examinées en 2017-2018 et 22 écoles qui ont été auditionnées. « Le visa pour une durée de cinq ans n’a été donné que pour neuf formations alors qu’en tout 46% des formations conférant le grade de master l’ont obtenu pour cette durée maximum », « établit la chef du département des écoles supérieures au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Catherine Malinie.
Tout ce qui change. Cette réunion a été également l’occasion pour sa présidente depuis maintenant un an, Carole Drucker-Godard (photo), de présenter d’importantes nouveautés. A commencer par un nouveau logo (réalisé par l’agence Campus communication) qui va « donner une véritable identité à la commission » et sera accompagné de logos mettant en exergue les labels accordés (visa ou master). « Cette lisibilité des labels que donne la CEFDG est indispensable pour les familles et nous vous incitons à communiquer dessus », insiste Catherine Malinie. En octobre la commission devrait également pouvoir lancer un nouveau site web. Surtout à partir de 2018-2019 la CEFDG va systématiquement faire des visites sur site et plus seulement en cas de première demande (mais pas plus d’une fois tous les cinq ans).
Parmi les « points de vigilance » sur lesquels la présidente insiste il y a d’abord une certaine « fragilité financière » ressentie dans certaines écoles. D’où sans doute une « manque de sélectivité » lié notamment à des admissions sur titre au fonctionnement qu’elle juge « opaque ». Carole Drucker-Godard s’interroge également sur la qualité des processus mis en œuvre dans les établissements secondaires des écoles. Mais aussi sur la concentration des publications sur un petit nombre de professeurs publiant. Faute de procédure, l’assurance qualité est également difficile à donner sur les formations assurées en distanciel. « Certaines écoles ne respectent pas le nombre de places publiées au Journal officiel et cela peut causer un préjudice à d’autres », insiste-t-elle encore.
Le référentiel évolue. La CEFDG entend aujourd’hui faire évoluer son référentiel de manière « substantielle ». L’insertion professionnelle devrait par exemple être toujours établie six mois après la diplomation alors qu’aujourd’hui elle peut l’être aussi bien à trois mois après la fin du cursus qu’après la diplomation. De même de nouveaux indicateurs seront pris en compte pour juger de la qualité de la pédagogie des écoles.
La commission va également favoriser la créativité des écoles qui disposent au moins d’un grade de master pour 4 ans en permettant à leurs nouveaux programmes bâtis sur le même référentiel d’être éligibles immédiatement à un visa ou un grade de master. De même il ne faudra plus pour un nouveau site trois ans pour passer devant la commission : il sera possible d’obtenir immédiatement l’extension du visa ou du grade.
Pour obtenir le visa il va maintenant falloir que 30% du volume horaire de gestion soit assuré par des professeurs permanents (PP) de gestion (et plus 30% du volume horaire total). Une contrainte pas forcément si difficile à atteindre que cela dans la mesure où le volume horaire comprendra dorénavant le volume horaire présentiel mais aussi distanciel. « C’est à vous de décider ce qui entre dans les cours de gestion. Un cours de philosophie et management peut entrer dans ce cadre si vous le décidez », commente Carole Drucker-Godard. Pour obtenir le grade de master le pourcentage du volume horaire assuré par des professeurs permanents (PP) de gestion monte à 50% en M1/M2.
Toujours pour obtenir le grade de master, le ratio de docteurs en gestion dans le corps professionnel permanent devra dorénavant être de 50%. Le seuil minimum des programmes en gestion sera également de 50%. Comme l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business), la CEFDG va enfin dorénavant prendre en compte les « professeurs produisant » en demandant que les deux tiers des cours soient au moins dispensés par des professeurs permanents produisant (dont la moitié sont également publiant). Un moyen d’éviter l’inflation du nombre de professeurs publiant mais ne délivrant pas ou peu de cours…
Un petit bilan chiffré.
- En tout 105 formations sont visées (+5 cette année) dans 53 établissements dont 52 à bac+5 conférant le grade de master (+3), 34 visées à bac+3, 10 visées bac+4 et 9 visées bac+5.
- L’ensemble de ces formations regroupe 112 812 étudiants à la rentrée 2017 contre 105 538 en 2015 (+6,9%) (dont 78% conférant le grade de master).
- En tout les écoles reçoivent 14,5% d’étudiants boursiers (16 365) contre 15,4% en 2015 dans les formations visées (contre 38% toutes formations confondues).
- Les droits de scolarité moyens sont de 32 000€.
- Les écoles comptent 7952 apprentis (7%) soit 10% de plus depuis 2015 (contre 5,6% dans l’ensemble de l’enseignement supérieur).
- 26% ont adopté le label EESPIG, 28% sont des associations, 19% sont consulaires, 13% des EESC, 10% privées et 4% publiques.
à Pas un mot n’a été prononcé sur la création du « grade de licence » pour les bachelors, un sujet « pas politiquement mur » selon plusieurs directeurs présents auxquels le gouvernement a fait comprendre que le sujet était encore trop sensible pour être abordé aujourd’hui.