ECOLES DE MANAGEMENT

« A Rennes SB nous construisons un campus résilient »

La rentrée n’est décidément pas simple. En ces temps de Covid-19 Rennes SB a successivement ouvert puis fermé et enfin rouvert le 5 octobre ses portes à ses étudiants. L’occasion successive de proposer une vraie rentrée aux étudiants puis de proposer un enseignement à distance plus en plus en performant avant le retour sur le campus le 5 octobre.

Olivier Rollot : Votre rentrée s’est faite en deux fois. D’abord présentielle puis totalement distancielle avant de revenir en présentiel le 5 octobre. Cela ne doit pas être facile à organiser tous ces changements ?

Thomas Froehlicher : Nous avons voulu faire des rentrées dignes des précédentes sur le campus. D’abord sur Teams, pour vérifier que tous les étudiants étaient à l’aise avec l’outil, puis en présentiel avec les étudiants de première année du programme Grande école (PGE) puis de première année de bachelor IBPM. Les étudiants du PGE ont ainsi pu travailler sur un exercice de créativité collective avec la SNCF. Leur objectif était de créer de nouveaux services pour le TER BreizhGo, que prennent très peu d’étudiants aujourd’hui parce qu’ils préfèrent des services comme Blablacar. 90 équipes, 730 étudiants, se sont réunies autour de Rémi Rivas, diplômé de notre Ecole et de Strate College Design, et Mathias Abramovicz, co-fondateurs d’Ignited Kingdom, le plus grand design sprint jamais organisé dans l’enseignement supérieur, et sur tous nos bâtiments pour permettre de respecter des zones de distance. Un véritable exercice de team building relayé par des experts sur Teams.

Les 240 étudiants du bachelor ont quant à eux travaillé sur la Fresque du Climat. Enfin les étudiants arrivés directeur en deuxième année de PGE ont réinventé la vie associative alors que nous voulons leur donner le même accès qu’aux étudiants entrés dès la première année de PGE. Un dernier design sprint se réalise cette semaine sur Teams pour nos étudiants de retour en PGE3 avec le Groupe Yves Rocher.

Le 21 septembre nous avons décidé de basculer ces cours en ligne pour préparer une seconde rentrée, le 5 octobre 2020, après avoir constaté une circulation accrue du Covid sur la métropole rennaise et indirectement des cas d’étudiants sous surveillance. Ce basculement complet en classes virtuelles de deux semaines se répètera cette année académique autant que nécessaire pour garantir la sécurité sanitaire de notre école. Il contribuera à enrayer la circulation de la Covid, en partenariat étroit avec l’agence régionale de santé (ARS) et les autorités sanitaires.

J’espère que cet épisode amènera également nos étudiants à mieux respecter les gestes barrières à l’extérieur de notre campus. Sur le campus nous respectons une jauge maximale, distribuons du gel hydro alcoolique, exigeons le port du masque, jusque dans les espaces verts nous intervenons pour être stricts. Nous savons que nous ne serons pas tranquilles cette année. Depuis lundi dernier, une zone de tests a été installée à l’arrière de notre campus permettant de réaliser 800 tests par jour, sans rendez-vous. Nous continuons ainsi à apprendre et à accumuler de l’expérience, de l’agilité et donc de la « résilience » dans ce contexte de pandémie.

O. R : Rennes SB fait partie des écoles de management qui reçoivent le plius d’étudiants internationaux. Leur nombre est-il en baisse cette année avec la fermeture de beaucoup de frontières ?

T. F : Nos étudiants internationaux nous rejoignent début octobre et nous restons sur une tendance proche de 500 étudiants en Msc, comme les années passées, mais aussi une très forte augmentation en bachelor (IBPM) et dans notre PGE (Master in Management). D’autres nous rejoindront en janvier pour une rentrée décalée. Nous constatons néanmoins une baisse du nombre d’étudiants chinois et indiens au profit d’autres nationalités ce que nous souhaitions dans le cadre de notre plan stratégique annoncée fin 2018, une plus grande diversité des origines de provenance de nos étudiants. Nous recevons plus de Péruviens, Américains, Vietnamiens, Rwandais ou Libanais qui savent pouvoir trouver en France une politique sanitaire beaucoup plus sérieuse qu’aux États-Unis, notamment.

Et c’est aussi important pour les étudiants français qui sont attachés à l’ADN international de notre école. En tout, avec l’effet de « stock », nous recevrons toujours cette année plus de la moitié de nos étudiants venant de l’étranger. Seuls les étudiants étrangers en échange seront moins nombreux, au moins au premier semestre, que l’an passé.

O. R : Au total votre recrutement 2020-21 est bon ?

T. F : En PGE nous recevons même la plus importante promotion de tous les temps avec 723 étudiants. Nous progressons en bachelor et en admissions sur titre. Notre entrée dans le concours Ecricome est une belle réussite avec un vivier beaucoup plus important et aussi plus qualitatif que celui que nous avions jusqu’ici avec la BCE et Passerelle.

Nous espérions une hausse de 30% du nombre d’étudiants internationaux et finalement nous serons à l’équilibre. Seul le Covid a obscurci le tableau.

O. R : Que pensez-vous de la décision du Chapitre des écoles de management de ne pas publier les « désistements croisés » entre les écoles du Sigem, c’est-à-dire l’indicateur qui permet in fine de savoir quelle école ont choisi les candidats ?

T. F : J’aurais préféré disposer de l’ensemble de statistiques mais je me suis rangé à la volonté majoritaire du Chapitre. Je suis assez confiant dans nos résultats en constatant que cette année nous avons recruté des élèves dans des classes préparatoires du top 50 dans lesquelles nous ne recrutions pas auparavant. Nous constatons également que nous recrutons plus d’élèves dans les classes ECE qu’en ECT tout en conservant le même nombre d’ECS.

Nous avons également recruté un excellent groupe d’étudiants issus des classes préparatoires littéraires sans doute attiré par notre track géopolitique que nous lançons pour la première fois cette année avec Thomas Flichy de la Neuville, certainement aussi le caractère profondément multiculturel de Rennes School of Business. Le dernier classement de notre programme Grande école dans le « Financial Times » paru lundi dernier nous positionne au second rang mondial, derrière Imperial College, pour « l’internationalité » de notre corps professoral.

O. R : Vos étudiants ont pu découvrir un campus rénové et des salles interactives.

T. F : Nous construisons un campus résilient, c’est-à-dire apprenant et agile. Un campus transformé et agrandi avec de nouveaux espaces de rencontres, d’échanges et de restauration, entièrement reconfigurées, et une nouvelle terrasse. Dans le cadre du Projet Flex, nous transformons également un bâtiment entier qui fonctionnera intégralement en mode « eLive », 21 salles équipées pour un enseignement combinant dans une même situation pédagogique les interactions entre des étudiants en présence et à distance, y compris à l’étranger.

Ainsi il est très facile de commencer ses cours le vendredi en Inde et de les reprendre le lundi à Rennes pour un étudiants arrivant avec un retard de visa par exemple. Nous allons encore ajouter de nouveaux équipements vidéo pour mieux visualiser les étudiants dès qu’ils interviennent en cours. Déjà nous mobilisons toute une équipe de 80 étudiants de PGE3, la « students squad » pour assister les professeurs pendant les cours et permettre une bonne interactivité à distance, du fait de conditions sonores et lumineuses enrichies, portée par Teams. Nos salles de cours deviennent ainsi de plus en plus des plateaux de diffusion avec la nécessité de trouver des profils proches de ceux d’une chaine de télé, par exemple des régisseurs qui multiplient les angles de vue pour que l’expérience des étudiants soit optimale.

Nous avons énormément d’idées pour irriguer tous les programmes. Par exemple en faisant intervenir des experts du monde entier qui n’ont plus à se déplacer ou nos alumni. Nous pouvons également fusionner deux salles avec des étudiants des deux côtés de la planète. Nous allons également travailler plus largement en classes inversées avec des professeurs référents qui ont la responsabilité de fournir des cours complets sur Moodle à leurs étudiants. Nous sommes en train de réinventer totalement notre manière d’enseigner.

O. R : Rennes SB va-t-elle également s’implanter à Paris comme la plupart des autres business schools françaises ?

T. F : Nous ouvrirons un campus parisien en septembre 2021 sur l’un des quatre sites que nous avons déjà identifiés.

O. R : Et à Rennes, vous allez encore vous agrandir ?

T. F : La chambre de commerce et d’industrie d’Ile et Vilaine qui a impulsé la création de Rennes SB il y a presque 30 ans, dont nous sommes voisins, va déménager et nous pourrons alors bénéficier de 2,5 fois plus de terrain qu’aujourd’hui. Nous construirons un campus plus vert avec plus d’espace pour l’expérience étudiante. Nous pourrons également dégager plus de place pour nos partenaires et universités.

  •  Rennes SB se lance dans l’enseignement du FLE. L’«Académie Diderot » que lance Rennes SB est un centre d’enseignement du Français langue étrangère (FLE ) du monde des affaires qui doit permettra aux étudiants étrangers qu’accueille l’école de s’immerger pleinement dans la culture française. « Ces étudiants étrangers souhaitent développer leur employabilité globale en acquérant les compétences linguistiques et culturelles francophones qui faciliteront leur recrutement en France. Pour eux, cette base francophone est un atout pour valoriser d’autres compétences managériales et offrir un profil multi-culturel et multi-lingual », explique Thomas Froehlicher.

 

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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