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Bac : tout ce qui change

Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, a présenté le 14 février les grandes lignes de sa réforme du bac et du lycée. Voici les éléments les plus importants d’une réforme qui va beaucoup faire parler d’elle…

Une vraie réforme ! En nommant son ex-collègue de Sciences Po Lille à la tête d’une commission chargée d’étudier la réforme du bac (généralistes et technologiques), Jean-Michel Blanquer savait que les propositions de Pierre Mathiot ne seraient pas tièdes. Alors que la phase de négociations avec les syndicats semblait vouloir indiquer que la réforme serait moins radicale qu’on ne s’y attendait ses propositions – un peu à l’image du processus sur la réforme de l’apprentissage – se révèlent finalement assez radicales.

Comme s’y était engagé Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle, le passage du bac va être largement simplifié. Il reposera sur un contrôle continu composé de partiels et des notes de 1ère et terminale (40% de la note finale) puis sur quatre épreuves finales : le français en fin de 1ère et, en fin de terminale, deux épreuves de spécialité (disciplines « majeures » choisies en 1ère), une épreuve universelle de philosophie et surtout une épreuve orale de 30 minutes.

Mais c’est surtout la suppression des séries du bac général (elles sont maintenues pour le bac technologique) qui s’annonce comme un « big bang » auquel les syndicats avaient bien cru pouvoir s’opposer. Constituées dorénavant d’un tronc commun les classes de première et terminale donneront lieu au choix de « discipline de spécialité » à partir de la première.

La fin des séries du bac général. Le constat était fait depuis longtemps : les séries n’avaient que peu de sens. Alors que 52 % des élèves du lycée général sont en série S, – qui de ce fait est « devenue une série généraliste » selon le ministre -, 40 % des bacheliers scientifiques affirment ne pas vouloir faire d’études scientifiques. D’où l’idée d’y substituer un tronc général accompagné de trois enseignements de spécialité (en première) puis deux en terminale. Un « temps d’aide à l’orientation » sera prévu tout au long du lycée pour préparer les choix de parcours et l’entrée dans l’enseignement supérieur.

  • Le bac technologique conserve ses séries, qui bénéficient d’enseignements communs (français, philosophie, histoire géographie, enseignement moral et civique, langues vivantes 1 et 2, éducation physique et sportive) complétés, en fonction des séries, par des mathématiques, de la physique chimie, etc.

De nouveaux enseignements. Tous les élèves acquerront en première et en terminale un « large socle de connaissances communes » (français, philosophie en terminale, histoire géographie, enseignement moral et civique, deux langues, éducation physique et sportive) mais aussi de nouveaux enseignements : « géopolitique et sciences politiques », « sciences informatiques et numériques » et « humanités numériques et scientifiques ». Ces dernières donneront « les connaissances indispensables pour vivre et agir dans le XXIe siècle en approfondissant les compétences numériques de l’élève ainsi que sa compréhension des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition écologique, etc.) », explique Jean-Michel Blanquer.

Moins d’épreuves, plus de contrôle continu. Ce qu’on reproche d’abord au passage du bac tel que nous le connaissons c’est sa lourdeur qui fait de son organisation un défi logistique autant que financier chaque année. Si dans 27 des 37 pays de l’OCDE, un examen terminal sanctionne la fin de l’enseignement secondaire, dans la plupart des pays, le nombre d’épreuves est limité à quatre environ. En France un candidat au baccalauréat en passe au minimum une douzaine, réparties sur deux années alors que la plupart des pays européens ont introduit une part de contrôle continu variable (entre un tiers et la totalité de la note finale) dans l’évaluation de leur baccalauréat. C’est ce qu’Emmanuel Macron avait promis pendant sa campagne électorale et que promet aujourd’hui de mettre en place le ministre en 2021.

Le pourcentage total des épreuves terminales du baccalauréat s’élèvera à 60%. Chaque lycéen présentera quatre épreuves finales en classe de terminale en plus de l’épreuve anticipée en classe de première. Tout au long des années de première et de terminale, un contrôle continu comptera pour 40% de la note finale avec prise en compte des bulletins scolaires pour une part de 10%. Enfin un oral de rattrapage est maintenu.

Le « grand oral ». Jean-Michel Blanquer l’affirme : « La grande innovation de cette réforme ce sera un oral de 20 minutes ». Celui-ci reposera sur un projet préparé par l’élève en première –  en groupe dans le cadre d’une discipline de spécialité – puis individuellement en terminale. Le candidat commencera par présenter pendant 10 minutes son projet puis répondra aux questions du jury pendant les dix autres10 minutes. « Cet oral nous permet surtout de mettre l’accent sur une compétence fondamentale : savoir s’exprimer dans un bon français, clair, argumenté, compétence fondamentale dans la vie professionnelle », commente le ministre. Pendant les années lycée, le système sera davantage orienté vers cette compétence pour « compenser les inégalités sociales ».

Le calendrier de la réforme. Il reste maintenant de nombreuses étapes pour une mise en place complète du nouveau bac en 2021 :

  • février 2018 : saisine du Conseil supérieur des programmes (CSP) ;
  • mars-avril 2018 : concertation technique sur les modalités de mise en œuvre du nouveau bac et des évolutions du lycée ;
  • rentrée 2018 : les élèves de seconde connaîtront « des ajustements indiquant l’état d’esprit du nouveau baccalauréat » dont un test numérique de positionnement en français et mathématiques en début d’année ;
  • décembre 2018 : publication par le CSP des programmes ;
  • rentrée 2019 : les élèves de première choisissent 3 disciplines de spécialité ;
  • année 2020-2021 : les élèves choisissent d’approfondir 2 disciplines de spécialité qui seront évaluées au retour des vacances de printemps avant de subir l’épreuve de philosophie et l’oral terminal en juin.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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