ECOLES DE MANAGEMENT, INTERNATIONAL

Comment Paris School of Business entend attirer de plus en plus d’étudiants étrangers : entretien avec Armand Derhy

Il y a quelques semaines l’ESG management school est devenue la Paris School of Business. Un changement de nom qui marque la volonté de l’école de marquer ses nouvelles ambitions internationales explique Armand Derhy, son directeur, dont l’école s’est récemment implantée dans un nouveau campus de 10 000 m2 dans le 13ème arrondissement de Paris.

Armand Derhy

Olivier Rollot (@O_Rollot) : La Paris School of Business c’est l’ESG Management school en plus internationale?

Armand Derhy : A l’horizon 2020 notre objectif est d’atteindre 4 000 étudiants dont 25% internationaux contre 3 000 à ce jour pour 500 internationaux. Si une marque plus internationale contribue à accroitre la notoriété de l’école, elle doit s’accompagner d’autres atouts et notamment : 300 modules d’enseignements entièrement en anglais et un campus tout neuf en plein Paris. Un autre objectif : les accréditations nationales et internationales : après avoir obtenu l’ensemble des reconnaissances sur le plan national et le renouvellement récent du grade de Master pour une durée de 4 ans, le programme Grande école vient de décrocher l’accréditation internationale AMBA pour une durée de 3 ans et est en course pour d’autres accréditations.

O. R : Ces recrutements d’étudiants internationaux vont se faire dans quels programmes ?

A. D : le nombre d’étudiants internationaux devrait croitre légèrement sur le programme Grande école avec notamment l’ouverture d’une classe en Master 1 en chine, mais la croissance la plus significative devrait se réaliser sur les autres programmes de Paris School of Business qui propose depuis une vingtaine d’années, un international BBA, 4 MSc et Master of Arts, 1 MBA et un Executive DBA. L’ensemble des programmes sont dispensés entièrement en anglais et avec un public composé de 95% d’étudiants internationaux.

O. R : La concurrence n’est pas trop rude aujourd’hui ?

A. D : Effectivement, la concurrence s’intensifie (notamment les universités britanniques, australiennes et américaines) mais les perspectives de développement restent significatives. Une étude récente réalisée par l’OCDE révèle que le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur devrait s’élever à 300 millions en 2030 contre 137 millions en 2013.

O. R : Vous ne pensez pas à ouvrir un campus à l’étranger ?

A. D : Ce n’est pas le scénario retenu à ce jour par Paris School of business. Il est important que les étudiants qui partent en échange à l’international (plus de 500 chaque année) puissent évoluer dans un contexte multiculturel et en ce sens les campus délocalisés ne répondent souvent pas à cet impératif. Notre préférence va vers les stratégies d’alliances avec des universités étrangères référentes au sein de leur pays dont les recrutements sont internationaux.

O. R : Tous profils confondus, la croissance des programmes grande écoles est terminée en France ?

A. D : Avec la concurrence intense qui y règne, au mieux il est stabilisé. D’autant que la concurrence des programmes bachelors est de plus en plus forte pour les écoles postbac. Heureusement, notre positionnement d’école référente post bac nous préserve de cette concurrence de par notre antériorité sur ce marché qui nous confère une légitimité – rappelons que le programme grande école de Paris School of business comptait parmi les 4 uniques programmes post bac délivrant le grade Master en 2005 contre 13 en 2015.

O. R : Vous-même n’allez pas rester seulement parisien.

A. D : En septembre 2016 nous nous installerons effectivement à Rennes pour y ouvrir les deux premières années de notre programme grande école. La troisième année se fera comme pour l’ensemble de nos étudiants à l’international et ils finiront les deux dernières années du cycle Master à Paris. Nous avons choisi Rennes parce qu’il n’y a pas d’école postbac délivrant le grade de master et que nous mutualiserons de locaux avec l’ESGCF, une autre école du réseau Studialis.

O. R : L’ESGCF qui est une école du groupe ESG. Une marque qui subsiste.

A. D : La création de la Paris School of Business (PSB) nous permet de mieux différencier les écoles du pôle management de Studialis : d’un côté la grande école à vocation internationale que représente Paris School of Business et d’un autre les écoles plus spécialisées, à vocation professionnalisantes (ESGCI, ESGF, EGRH, Mba spécialisés ESG) ou régionales (ESGCF en province).

O. R : Ce changement de nom passe bien auprès de la communauté des anciens ?

A. D : Ils ont voté le changement de nom de leur association la semaine dernière passant d’ESG MS Alumni à PSB alumni et ont bien compris tout l’intérêt qu’il y avait à choisir une marque plus puissante à l’international. Mais c’est un changement qui se construira dans le temps. Un de nos alumni nous rappelait qu’Orange a mis plus de 10 ans pour faire oublier France Telecom et encore des adresses mails wanadoo continuent à être opérationnelles.

O. R : Beaucoup de réformes affectent aujourd’hui les grandes écoles, dans leurs finances comme dans leur fonctionnement. Comment les vivez-vous ?

A. D : comme nombreux de nos collègues nous avons été affecté par la réforme sur la taxe d’apprentissage bien que celle-ci représente moins de 5% de notre budget. Il est également demandé un taux d’encadrement des stagiaires – un tuteur pour 16 étudiants -, qu’il est complexe et couteux à déployer en si peu de temps.

A l’inverse être autonome tout en étant adosser à une structure de gouvernance offre souplesse et réactivité.

O. R : De quels relais de croissance disposez-vous en plus de l’international ?

A. D : Beaucoup avancent le financement par fundrising auprès des entreprises et encore alumni mais cette pratique n’est pas encore à ce jour bien installée dans la culture française à quelques rares exceptions et moins d’une dizaine d’écoles semblent y parvenir.

La formation continue adossée à l’expertise d’enseignants chercheurs est une piste que nous explorons notamment grâce aux 4 chaires et celles en risque énergétique ou encore en innovation et créativité. Un institut de valorisation de la recherche est en cours de constitution. Les financements régionaux et européens constituent également des pistes à explorer.

Enfin, l’adossement au réseau Studialis est un atout de taille qui permet la mutualisation de certains investissements immobiliers, informatiques etc. Ainsi le financement d’un 1er campus cluster dans Paris intra-muros n’aurait pu se faire sans le partage de certaines dépenses d’investissements avec d’autres écoles et notamment WebschoolFactory, IICP, ou encore Strate école de Design pour l’incubateur. Ce nouveau campus sert les intérêts de notre communauté en particulier enseignants chercheurs entreprises et étudiants. Ces derniers bénéficient d’un creative lab, d’une newsroom, d’un studio radio et plateau TV, que nous aurions eu du mal à financer seuls.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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