ORIENTATION / CONCOURS

Comment s’oriente-t-on aujourd’hui ?

C’est le serpent de mer des années lycée : aucun dispositif, aucune réforme ne semble jamais donner satisfaction quand on parle d’orientation. Une note d’information de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) fait le point alors qu’une autre note, celle-ci de l’Institut des politiques publiques, fait le point plus précisément sur Parcoursup. Mais encore faut-il avoir tous les atouts pour s’orienter…

De plus en plus d’élèves en seconde générale et technologique. En fin de troisième, les élèves sont de plus en plus nombreux à être orientés en seconde générale et technologique (GT). Entre 2010 ou 2011 et 2019 ou 2020, leur part a progressé de huit points et atteint les 69%. C’est une conséquence de la réforme du lycée : alors que les demandes d’orientation en filière GT émises par les familles se sont en effet sensiblement accrues (71 % contre 64 %), ces demandes sont aussi plus souvent acceptées par le conseil de classe. Les taux de satisfaction déjà élevés augmentent pour atteindre les 96 %

En parallèle, au sein de la voie professionnelle, l’orientation en seconde professionnelle progresse au détriment de celle en CAP. Deux évolutions qui s’expliquent principalement par celles des vœux d’orientation de l’élève et de sa famille. Les élèves s’orientant vers la voie professionnelle ont en effet toujours très majoritairement les résultats scolaires les plus faibles au collège.

Le rôle de l’origine sociale et de l’environnement familial. Si le passé scolaire joue un rôle prépondérant dans le déroulement de l’orientation en fin de troisième, l’origine sociale et l’environnement familial (notamment l’origine sociale et le revenu des parents) restent des marqueurs forts. Plus de neuf enfants de cadres, chefs d’entreprise ou enseignants sur dix scolarisés en troisième en 2020 ou 2021 demandent une orientation en seconde GT, contre à peine la moitié des enfants d’ouvriers non qualifiés. Toutefois, l’attrait pour la voie GT a notamment progressé en dix ans pour la plupart des catégories socio-professionnelles, notamment chez les enfants d’ouvriers non qualifiés (+ 11 points) et d’employés de services (+ 14 points).

Confiance en soi et orientation. La note de l’Institut des politiques publiques met en lumière le rôle joué par la confiance en soi dans les choix d’orientation à l’aide d’une enquête réalisée en 2021 auprès de plus de 2000 élèves de terminale. Il en ressort notamment que, parmi les meilleurs élèves, les filles et les élèves d’origine sociale défavorisée, ont nettement moins confiance en eux que les garçons et les élèves d’origine sociale favorisée. Or le niveau de confiance en soi des élèves est fortement associé avec la sélectivité des formations auxquelles ils se portent candidats.

Pour corréler ce niveau de confiance en soi avec l’orientation, les auteurs de l’étude ont posé deux questions aux élèves :

  • quelle était leur moyenne générale au premier trimestre de terminale ? ;
  • quel était, selon eux et au vu de cette moyenne générale, leur rang dans la distribution des notes à l’échelle nationale ?

Les élèves qui pensent avoir un rang inférieur à leur rang réel sous-estiment leurs performances relatives (« manque de confiance en soi ») alors que ceux qui pensent avoir un rang supérieur à leur rang réel se surestiment (« trop de confiance en soi »).

Il en résulte que parmi les élèves qui ont une moyenne supérieure à 16 :

  • les filles se perçoivent en moyenne comme étant situées 8,3 rangs plus bas dans la distribution que les garçons ;
  • les élèves d’origine sociale défavorisée pensent qu’ils se situent 4,7 rangs plus bas que ceux d’origine sociale plus favorisée.

Ces différences s’estompent voire disparaissent chez les élèves qui n’ont pas obtenu de mention au bac, ou une mention « assez bien ». Le manque de confiance en soi des filles et des élèves d’origine sociale défavorisée est donc particulièrement marqué parmi les meilleurs élèves.

Mais est-il possible de résorber les différences d’accès aux formations sélectives selon le genre et l’origine sociale en informant les élèves de leur position réelle dans la distribution des notes s’interroge l’IPP ? Eh bien oui. Dument informés les élèves qui connaissent leur rang réel dans la distribution formulent des vœux d’affectation qui correspondent davantage à leur niveau réel. Les « bons » élèves continuent à formuler des vœux plus ambitieux que les « moins bons » élèves, mais leurs vœux ne sont plus influencés par la perception de ce rang, contrairement aux élèves auxquels cette information n’a pas été fournie. Comme le notent les auteurs de l’étude « ’une intervention simple, peu coûteuse, et facile à mettre en œuvre permet de réduire de façon significative une partie des inégalités sociales et de genre dans l’accès aux filières sélectives ». CQFD.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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