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Comment Toulouse School of Management (TSM) a obtenu l’accréditation EQUIS : entretien avec son directeur, Hervé Penan

Hervé Penan (photo Y. Maassen)

Toulouse School of Management (TSM) vient d’obtenir l’accréditation EQUIS rejoignant ainsi le cercle des 24 écoles accréditées en France. Le directeur de TSM, Hervé Penan, revient avec nous sur la façon dont il a obtenu cette accréditation majeure et sur sa stratégie dans les années à venir.

Olivier Rollot : Toulouse School of Management (TSM) vient d’obtenir l’accréditation EQUIS rejoignant ainsi le cercle des 24 écoles accréditées en France. Comment avez-vous procédé pour obtenir cette accréditation ?

Hervé Penan : Je voudrais le souligner : obtenir Equis n’est pas un but en soi. Il faut avant tout avoir une stratégie stable dans le temps. En 2014 nous avons transformé l’IAE (institut d’administration des entreprises) de Toulouse en TSM (Toulouse School of Management). Ce n’était pas cosmétique, c’était le fruit d’une réflexion de dix années avec tous les enseignants, personnels administratifs, partenaires et diplômés. Nous pensions en effet qu’il nous fallait affirmer la présence internationale d’un IAE très bien reconnu en France, notamment en matière de recherche. Ce que nous voulons c’est avoir la même réputation globale que celle que nous avons déjà en recherche avec un laboratoire CNRS et une école doctorale qui compte aujourd’hui 88 doctorants dont 70 internationaux.

La question ensuite fut celle du choix du label. Amba, Equis, AACSB ? Rapidement nous nous sommes tournés vers Equis car nous sommes une institution européenne et il nous semblait logique de choisir un référentiel conçu par une institution européenne. De plus l’EFMD a la volonté de respecter les différences entre les établissements et donc notre contexte la culture du service public.

Pour y parvenir progressivement nous avons donc commencé par accréditer des programmes Epas (aujourd’hui EFMD Accredited) – d’abord notre master Management international Management puis notre master Finance – puis notre école doctorale dont nos 5 Master of Science en RH, Marketing, Stratégie, Comptabilité-Contrôle et Finance). En 2019-2020, constatant que nous étions aux standards internationaux, nous avons enfin postulé pour Equis. Depuis nous avons travaillé dans la continuité de notre stratégie avec les équipes qualité de l’EFMD.

O. R : Quelles sont les qualités que vous avez particulièrement mises en avant ?

H. P : Les auditeurs Equis ont tout particulièrement relevé l’intensité de nos activités de recherche. Nous sommes membres de l’un des trois laboratoires de recherche CNRS en gestion en France aux côtés de HEC et de l’université Paris-Dauphine. Depuis les 5 dernières années, les enseignants-chercheurs de TSM ont publié 150 articles dans les meilleures revues internationales, obtenu 12 ANR, et de nombreuses distinctions scientifiques. Quant au Programme Doctoral de TSM il accueille 90 étudiants de 30 nationalités différentes. Tous les doctorants sont financés et consacrent 4 ans à leur thèse. En moyenne, une dizaine de thèses est publiée chaque année.

Ont également été soulignés par les auditeurs l’aspect très professionnalisant des masters et l’organisation du réseau des diplômés. Notre force c’est aussi de recevoir 3 000 étudiants à tous les niveaux, de la première année de licence au doctorat. Pour être une institution de qualité à tous les niveaux il faut pouvoir parler aux étudiants dès le bac.

O. R : Comment avez-vous collaboré avec les équipes de l’université Toulouse 1 Capitole qui est votre tutelle ?

H. P : D’abord je veux insister là-dessus : nous sommes très heureux depuis les années 2000 au sein de l’université Toulouse 1 Capitole dans laquelle nous sommes respectés et nous nous entendons très bien avec les économistes et les juristes. Toulouse 1 Capitole nous a toujours soutenus dans le respect de l’autonomie de la stratégie de notre composante. J’en profite pour remercier tous les présidents depuis Bernard Belloc avec lequel nous avons créé les premiers masters en quatre semestres intégrés dans les années 2000. C’est grâce à eux que nous avons pu avancer ! Et la force de l’EFMD c’est de comprendre le cheminement de l’institution.

O. R : Et maintenant que vous avez obtenu Equis, qu’est-ce qui changer pour TSM ?

H. P : Nous allons d’abord pouvoir mieux nous développer à l’international. Aujourd’hui nous recevons 15% d’étudiants internationaux, dont les étudiants français en mobilité, nous souhaitons passer à 25% d’ici trois ans. Nous discutons depuis longtemps avec des institutions dans le monde entier qui nous disaient « Nous attendons que vous soyez Equis pour signer des conventions de partenariat ». Nous allons maintenant pouvoir transformer l’essai dans nos programmes et être ainsi aussi bien reconnus à l’international que nous le sommes déjà en matière de recherche. Par exemple au sein du réseau d’universités européennes ENGAGE.eu où les trois quarts des business schools sont déjà Equis.

O. R : Depuis 2010 vous avez été 18 ans à la tête de TSM avec, entre les deux, un passage par une grande entreprise pharmaceutique. Vous incarnez TSM. Sur quels sujets allez-vous concentrer votre action maintenant qu’Equis est obtenu ?

H. P : Depuis trois ans nous étions concentrés sur l’accréditation Equis. Nous allons maintenant de nouveau réfléchir à la politique du site toulousain. La seule boussole qui doit être suivie c’est celle de la subsidiarité en laissant son autonomie à l’entité qui crée de la valeur, valeur pédagogique, valeur scientifique, pour décider de son avenir. Sinon cela détruit toute motivation. A titre personnel mon seul rôle est de convaincre, d’inciter mes collègues avec, en particulier la mise en place de dispositifs de valorisation des initiatives. Le plus important c’est de respecter l’initiative et l’autonomie de décision et c’est que je dois absolument protéger.

O. R : Une question plus pratique : comment les candidats intègrent-ils TSM après le bac ?

H. P : Nous recevons chaque année de l’ordre de 3 300 candidatures pour 200 places sur Parcoursup. Nous paramétrons la plateforme de telle façon que les mathématiques y représentent un poids important. Le niveau en langues et en français des bacheliers est également important. Au final nous recevons 30% de bacheliers généraux mention TB et 65% mentions bien avec environ 60% de filles en première année.

Depuis maintenant deux ans parents et bacheliers se posent la question de savoir s’il faut plutôt passer par une classe préparatoire ou entrer à TSM. Nous voudrions que des catégories qui pensaient d’abord aux prépas et aux écoles pensent également au service public.

Nous étudions d’ailleurs la possibilité d’intégrer des tests comme élément des dossiers de candidature pour l’entrée dans l’école puis en Master pour les candidats extérieurs (qui n’étaient pas à TSM en Licence). Nous réfléchissons avec la Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises) pour appuyer notre processus.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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