NOUVELLES TECHNOLOGIES, POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Covid-19, comment l’enseignement supérieur se réinvente : 1. La révolution numérique

Un salle Hyflex de Grenoble EM

Audencia vient de publier un livre blanc sur les Grandes écoles et comment elles se sont réinventées un an après le début de la crise sanitaire. En 72 pages le livre blanc « Des études à l’emploi, les Grandes écoles se réinventent » retrace le chemin parcouru. Sous la direction éditoriale de HEADway Advisory, une dizaine de journalistes ont planché pendant six mois sur les trois axes prioritaires que sont « Comment maintenir la qualité de la pédagogie ? », « Comment soutenir les étudiants et diplômés ? » et « Comment assurer l’insertion professionnelle ? ». « L’enseignement supérieur vit une profonde mutation. Contrainte et accélérée par la pandémie, mais aussi salutaire à certains égards », assure le directeur général de Audencia, Christophe Germain qui insiste : « En mobilisant nos équipes et en inventant de nouvelles formes d’enseignement et d’accompagnement, nous avons toujours eu en ligne de mire un objectif : assurer dans les mêmes conditions de qualité qu’avant la pandémie un enseignement à même d’amener nos étudiants à l’emploi. C’est la mission des Grandes Écoles. »

  • Au travers notamment de nombreux témoignages issus du Livre blanc « Des études à l’emploi, les Grandes écoles se réinventent » nous vous proposons cette semaine la première partie d’une suite de trois articles consacrés au bilan de la pandémie et à ses conséquences dans l’avenir.

Distanciel / présentiel : la nouvelle réalité. C’est le « new normal » et il est parti pour durer. Avec la pandémie un nouvel enseignement supérieur voit le jour constitué de nouvelles briques numériques. Plus souple, plus résilient il s’impose à tous. Pour longtemps… « Dans le monde de demain, nos programmes devront être encore plus flexibles. Le choix entre présentiel et distanciel se fera selon les programmes et leur nature. Les temps de cours en présentiel devront être encore plus intenses et riches qu’avant. Dans notre esprit, les campus doivent être des mondes de forte intensité intellectuelle pour montrer que l’interaction est force de création et de transformation individuelle, collective voire sociétale », confie Nicolas Arnaud, le directeur des programmes de Audencia BS.

Car le distanciel présente bien des atouts au-delà de la crise que nous vivons. « Le distanciel permet aux étudiants de se familiariser avec des concepts en amont des cours, donnant au présentiel toute sa valeur : favoriser les interactions et le travail en petit groupe », explique ainsi Anne Zuccarelli, directrice de l’expérience étudiante et des opérations de l’Edhec. Une réflexion qui rejoint celle de Valérie Fernandes, doyenne du corps professoral d’Excelia : « Le distanciel induit un apprentissage par les pairs et auto-dirigé, plus d’autonomie, de maturité, de travail collaboratif en mode projets. Or, les étudiants seront amenés à télétravailler dans leur futur emploi, ces nouvelles compétences sont donc devenues indispensables ».

Une révolution numérique déjà bien engagée. La révolution entamée cette année est en fait largement une évolution de pratiques pédagogiques qui entraient peu à peu dans les mœurs.. « En 2020-21, nous avons réalisé en quelques mois des transformations que nous pensions ne pouvoir accomplir qu’en plusieurs années. Nous le savions : l’enseignement supérieur allait devoir s’adapter rapidement aux évolutions structurelles de la société. La montée en puissance du numérique était déjà au cœur des stratégies des écoles, avant de s’imposer ces derniers mois et de façon radicale, à marche forcée en raison de la crise du Covid et notamment du premier confinement », analyse Christophe Germain. Et d’insister : « Le numérique va bien au-delà de la continuité pédagogique en distanciel. L’outil transforme la manière d’aborder les sujets, qu’il s’agisse d’enseignements, d’accompagnement carrière ou encore de vie associative. Un étudiant peut suivre ses classes partout dans le monde, interagir différemment dans un cours, le voir et le revoir à toute heure, assister à un forum de recrutement virtuel, à un webinar pour booster sa candidature ou échanger avec un diplômé à l’autre bout du monde. Des ressources dont les limites ont été repoussées, pour explorer toujours plus de possibles. Aujourd’hui, le distanciel est une contrainte pour beaucoup, demain une latitude pour ceux qui le souhaiteront ».

Ce que confirme Annabel-Mauve Bonnefous, doyenne des programmes de emlyon BS : « Dans le monde de demain, nos programmes devront être encore plus flexibles. Le choix entre présentiel et distanciel se fera selon les programmes et leur nature. Les temps de cours en présentiel devront être encore plus intenses et riches qu’avant. Dans notre esprit, les campus doivent être des mondes de forte intensité intellectuelle pour montrer que l’interaction est force de création et de transformation individuelle, collective voire sociétale ». Une réflexion qu’on a également du côté de l’Edhec comme l’explique Anne Zuccarelli : « Nous étions à la croisée des chemins et on a fait un bon en compétences sur l’enseignement à distance incroyable. D’autant que les atouts du numérique sont nombreux : ils facilitent le suivi individualisé des étudiant via des outils comme les learning analytics qui captent leurs activités sur les plateformes, ils permettent davantage d’autonomie, de souplesse et de flexibilité, une gestion du temps et des rythmes d’apprentissage adaptés à chacun. Après un quiz, les professeurs peuvent mieux repérer les lacunes et approfondir là où c’est nécessaire… ».

Des concours sous le choc. En 2020 les oraux de la plupart des concours n’ont pas pu avoir lieu. En 2021 nul ne sait s’ils pourront avoir lieu en présentiel mais c’est clair pour les écoles de commerce : ils auront au moins lieu en distanciel. « On se demande comment maintenir une équité de traitement, comment mettre au point une surveillance pour éviter toute triche… Mais il y a, à côté, de vrais intérêts, assure Jean-François Fiorina, président du concours Passerelle.  D’une part, on peut parvenir à attirer des étudiants qui ont choisi de partir à l’étranger, en séjour académique ou en stage, et qui n’auraient pas la possibilité de revenir uniquement pour des entretiens. D’autre part, il y a l’enjeu écologique. Faire le tour de France des écoles n’est pas l’idéal pour la planète. »

Si les oraux ont été tout bonnement supprimés en 2020 les écrits ont été également touchés. Au point que certaines écoles ont pris le pli cette année de recommencer. « L’année dernière, en raison de la crise sanitaire, nous avons été contraints d’abandonner nos écrits et nos oraux. Pour être cohérent avec l’esprit du concours et notre volonté de nous intéresser à l’élève dans sa globalité, nous avions décidé de nous pencher particulièrement sur l’aspect qualitatif du dossier. On s’est alors rendu compte que les données et informations sur Parcoursup étaient très riches et qu’il était dommage de passer à côté », explique Karine Gounot, directrice du concours Advance (EPITA, l’ESME Sudria, l’IPSA et Sup’Biotech) qui a décidé encore une fois en 2021 de se concentrer sur les informations de Parcoursup et de supprimer ses QCM.

A contrario le concours Accès (menant à l’IESEG l’ESSCA et l’ESDES) maintient ses écrits cette année tout en les passant au format numérique. « L’année dernière, nous avons été obligés de nous baser sur le dossier scolaire. Mais notre ADN reste le concours qui met sur un même pied d’égalité tous les candidats », explique Céline Verdriere, responsable recrutement et concours à l’IESEG. Une numérisation qui pourrait s’étendre à d’autres concours. Et pourquoi pas après des prépas. Un niveau auquel il est de toute façon impossible de se reposer sur les notes comme il est possible de le faire lorsqu’on parle de sélection postbac

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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