ECOLES DE MANAGEMENT

Évaluations : le Chapitre des écoles de management réfléchit à leur évolution

« Il y a une approche très qualitative pour entrer à la Conférence des grandes écoles et au Chapitre évidemment. » Après la polémique qui a suivi la tribune d’un ex-professeur de l’EDC, la présidente du Chapitre des écoles de management et directrice générale de Skema, Alice Guilhon, insiste sur la qualité qu’implique la présence d’une école à la CGE et notamment la « force de leur production scientifique souvent leader » : « Nous avons été obligés d’inventer des modèles et nous avons toujours su réagir face aux réformes de l’apprentissage ou de la césure ». Résultat : une notoriété internationale que soulignent notamment les différents classements du Financial Times sans que nous « ayons jamais reçus des félicitations des instances gouvernementales ».

Évaluer les classements. Neuf groupes de travail sont réunis par le Chapitre des Grande écoles de management pour parler « doyens et professeurs », « recherche », « relations internationales » ou encore « innovation pédagogiques ». Dans ce cadre un groupe vient de se lancer cette année pour évoquer la question des palmarès de la presse. Des professeurs statisticiens vont même y être associés pour comprendre quels sont les critères utilisés par les classeurs et « inviter les médias à être transparents », insiste le vice-président du Chapitre et directeur général de Toulouse BS, François Bonvalet. « Nous ne comprenons pas pourquoi on classe ensemble les écoles post bac et post prépas. C’est comme classer ensemble des huissiers et des notaires », remarque Alice Guilhon qui entend plus largement « faire entrer plus d’étudiants dans ces groupes de travail ».

Mieux évaluer les écoles. Avec la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) le Chapitre réfléchit à la création de nouveaux critères de qualité pour, par exemple, dépasser le nombre de professeurs à temps plein quatre jours largement employé aujourd’hui dans les accréditations françaises. « Ces critères ne représentent pas la réalité actuelle des écoles et l’AACSB ou l’EFMD en prennent d’ailleurs d’autres en compte. Notamment l’impact d’autres professeurs pas forcément à temps plein », reprend Alice Guilhon.

« Nous ne sommes pas une agence de certification. Nous allons travailler à partir des données des agences ad hoc. Le problème est de prendre des critères valables pour tout le monde alors que les écoles sont très différentes », souligne François Bonvalet. Et les questions sont nombreuses. La définition d’un « full time faculty » varie d’un pays à l’autre. Sans lien contractuel pour autant. Pourquoi le garder en France en l’état ? Notamment si les nouveaux regroupements changent la gestion des professeurs. Un professeur « visiting deux ans » le compte-t-on ou pas dans ses effectifs ? Et même : comment compte-t-on tout simplement le nombre de ses étudiants ? « Il y a une vraie volonté des écoles de faire avancer le sujet », affirme en tout cas Alice Guilhon.

Quelle reconnaissance ? Avec en tout 174 000 étudiants dans les écoles de management en 2017-2018 et une hausse de 14,5% cette année les écoles de management voient leurs effectifs progresser chaque année. Pour autant la grande majorité de leurs programmes ne sont pas reconnus par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Quant à la CEFDG, elle n’a la possibilité que de certifier une vingtaine de programmes par an quand beaucoup d’écoles en ont plus de quarante.

Mais c’est surtout la constitution d’un « cadre stable » que souhaitent les écoles : « L’Etat ne doit pas remettre tous les ans en cause les financements alors que nous avons aujourd’hui une grosse épée de Damoclès au-dessus de la tête avec la réforme de l’apprentissage », demande Alice Guilhon qui se dit « très tentée par les rapprochements dans les nouveaux regroupements » que vont permettre les ordonnances si « tout le monde peut garder son modèle et que les universités ne l’imposent pas ». Reste enfin la question du grade de licence sur lequel nous voyons une « réelle ouverture de la part du gouvernement » veut croire François Bonvalet.

Quand la Chine se fermera… A l’international il y a de gros risques de voir les États se refermer. Notamment la Chine. « Il y a un risque que le gouvernement ne veuille plus recevoir d’institutions étrangères », s’inquiète Alice Guilhon qui se demande s’il ne faudra pas un jour « quitter la Chine pour s’installer à Singapour ou ailleurs ». « Faut-il dialoguer avec des établissements dans des pays qui ne respectent pas les droits de leurs citoyens, et notamment ceux des femmes », s’interroge plus largement François Bonvalet.

Les IAE, non merci ! Depuis plusieurs mois les instituts d’administration des entreprises (IAE) postulent à l’entrée dans la Conférence des grandes écoles. Ce dont ne veut pas entendre le Chapitre. « Sur des critères essentiels pour nous comme « disposer d’une autonomie de moyens en personnel et matériel dûment affectés, au moins 50% du budget doit provenir de ressources propres » les IAE ne sont clairement pas admissibles », commente Alice Guilhon, qui n’entend pas laisser le label s’ouvrir à tous. « Si nous admettions des institutions qui ne correspondent pas à nos critères, bénéficient d’autres sources de financement, nous nous tirerions une balle dans les deux pieds », signifie François Bonvalet.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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