CLASSEMENTS / PALMARES, ECOLE D’INGÉNIEURS, ECOLES DE MANAGEMENT, INTERNATIONAL, UNIVERSITES

Grandes écoles et universités : retour sur une saison de classements

Inlassablement, toujours plus nombreux, les classements des établissements d’enseignement supérieur sont publiés dans les médias. En France la saison 2019-2020 aura été marquée par la montée en puissance des classements du Figaro Etudiant emmenés par l’ex-spécialiste du genre de l’Etudiant, Baptiste Legout. A l’international la nouveauté a été la prise en compte pour la première fois par les experts du classement de Shanghai de nos nouvelles grandes universités. Résultat immédiat : Paris-Saclay prend une première mondiale place historique en mathématiques qui réchauffe le cœur de tous ceux qui ne pouvaient que déplorer chaque année les classements médiocres des universités françaises.

  • Les classements français des écoles de management s’homogénéisent

Constitué à partir des cinq  classements des programmes Grandes écoles des écoles de management publiés fin 2019 et début 2020 (l’Etudiant, Le Figaro, Le Point, Challenges, Le Parisien) notre « Classement des classements » des programmes Grandes écoles des écoles de management permet chaque année d’établir un bilan. Il établit encore cette année un top 5 sans changement, une Skema qui domine ce qui constitue la suite du top 10 (Skema, Neoma, Grenoble EM, Kedge et Audencia) suivi d’un trio très proche en rangs comme en points (TBS, Rennes SB et Montpellier BS) qui se détache d’un duo (ICN et EM Strasbourg). Les méthodologies étant différentes les classements varient sensiblement. Mais dans l’ensemble sont de plus en plus homogènes. Quelques exemples de divergences qui perdurent :

  • l’Edhec supplante emlyon à la 4ème place dans Le Parisien et Challenges mais pas dans les trois autres ;
  • Skema rejoint cette année le top 5 pour l’Etudiant (6ème pour Le Figaro et 7ème pour Challenges) ;
  • Le Parisien donne son meilleur résultat à Audencia (7ème alors que Le Figaro et l’Etudiant la classent 11ème et Challenges 9ème), Rennes (10ème), l’EM Normandie (16ème) et l’Inseec (19ème) ;
  • 20ème pour Le Figaro et Challenges (il est vrai dans un classement qui ne prend en compte que les écoles post prépas) BSB n’est que 26ème pour l’Etudiant.

  • Les classements français des écoles d’ingénieurs : chacun son opinion

Quand on choisit une école d’ingénieurs leur classement dans la presse représente un indicateur précieux. Seulement mieux vaut ne pas se fier à un seul. Nous vous proposons donc ci-dessous un comparatif des trois grands classements des écoles d’ingénieurs publiés en 2020 : l’Etudiant, l’Usine nouvelle et Le Figaro. Nous l’avons reconstitué pour Le Figaro en concaténant les notes des écoles dans ses différents classements.

Les différences sont carrément abyssales entre les trois classements. L’Isep peut ainsi voir sa place varier de la 28ème (l’Usine Nouvelle) à la 98ème (l’Etudiant). Télécom Paris de la 3ème (l’Etudiant) à la 13ème pour l’Usine nouvelle. 17ème pour l’Etudiant et Le Figaro, Arts et Métiers plonge à la 54ème place pour l’Usine nouvelle. Etc. Il est vrai que, pour l’Usine nouvelle, « l’entrepreneuriat, l’international, l’insertion professionnelle et la recherche sont toujours les quatre grands piliers de notre classement » alors que les autres classeurs privilégient plus la dimension académique.

  • Universités : que disent les grands classements mondiaux ?

Les années se suivent et ne se ressemblent finalement pas tant que ça avec enfin cette année une consécration pour Paris-Saclay : première mondiale en mathématiques selon les experts du classement de Shanghai. Il était temps car le reste des classements 2019-2020 avait donné des résultats plutôt décevants pour les universités françaises. D’autant que, pendant ce temps, les universités chinoises s’imposent peu à peu…

Classement de Shanghai : large domination américaine. ARWU est le classement qui donne la plus large victoire aux universités américaines : 16 dans le top 20 ! Troisième Cambridge n’en vient pas moins rejoindre Harvard et Stanford sur le podium. A la 19ème place le Swiss Federal Institute of Technology Zurich est la première université non anglo-saxonne, 25ème l’université de Tokyo la première asiatique, 26ème l’université de Copenhague la première de l’Union européenne. A la 37ème place l’université Paris-Sud (on ne classait pas encore Paris-Saclay à l’été 2019) s’impose pour la France devant Sorbonne Université (44ème) et l’ENS Paris (79ème). Le tableau ci-dessous présente le top 20, les universités leaders par pays et l’ensemble des universités françaises classées.

Times Higher Education : Oxford toujours leader. Pour la quatrième année consécutive l’université d’Oxford s’impose à la tête du classement 2019 des meilleures universités du Times Higher Education. Elle est suivie de Caltech (+3 places par rapport à 2019), Cambridge (=), Stanford (-1) et du Massachussetts Institute of Technology (=). La première université non anglophone est ETH Zurich (13ème, -2), asiatique Tsinghua University de Pékin (23ème, -1 mais surtout 35 places de gagnées depuis 2011), membre de l’Union européenne est de la zone euro LMU Munich (32ème, =), francophone l’EPFL de Lausanne (38ème, -3), française PSL (45ème, -4). Au global les universités britanniques perdent des rangs alors que les institutions en Allemagne, en Chine et en Australie progressent.

QS couronne le MIT, Harvard et Stanford. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) est la meilleure université au monde pour la neuvième année consécutive des meilleures universités dans le monde que publie chaque année QS Quacquarelli Symonds. Elle est suivie par Stanford University (2ème) et Harvard University (3ème). La meilleure institution du Royaume Uni et d’Europe est Oxford, qui passe de la 4ème à la 5ème place. La meilleur université d’Europe Continentale est ETH Zurich, à la 6ème place. Sur 153 universités américaines,112 perdent des places avec juste 34 améliorant leur score. Ce déclin est dû en partie à la relative dans les indicateurs « Réputation académique » et « Citations par faculté » A l’inverse 26 universités asiatiques sont désormais dans le top-100 partagées entre la Chine et la Corée du Sud (6 chacune), Hong Kong et le Japon (5 chacune), Singapour (2), la Malaisie et Taiwan (1 chacune).

Côté universités françaises, Université PSL (Paris Sciences & Lettres), l’Ecole Polytechnique, Sorbonne Université, se mêlent au top 100. PSL gagne une place par rapport à l’année dernière et se classe désormais 52ème. Elle est suivie par l’Ecole Polytechnique qui se positionne en 61ème place (perdant 1 place) et Sorbonne Université (83ème mais – 6 places). En tout QS classe 28 institutions françaises, dont 7 ont amélioré leur position cette année, l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) étant la nouvelle entrante du classement dans le top 1000.

Les performances de l’Université PSL et de l’Ecole Polytechnique sont basées sur leur très haut niveau d’enseignement ainsi qu’une forte reconnaissance de la part des employeurs. Toutes deux ont un score parmi le top 20 pour l’indicateur Réputation auprès des employeurs, et se classent respectivement 20ème(PSL) and 31ème (Ecole Polytechnique) pour l’indicateur ratio Faculté/Etudiants. Mais la performance de la France est en « baisse sur tous les indicateurs que QS utilise pour établir ces classements »

 Classement de Shanghai des universités par discipline : Paris-Saclay première université au monde en mathématiques. L’Université Jiao Tong de Shanghai a publié le 29 juin 2020 son classement international annuel des universités par discipline (ARWU, Academic Ranking of World Universities). Classée 1ère en mathématiques (devant Princeton et Sorbonne Université, PSL est 10ème), 9ème en physique (1ère en Europe), dans le Top 25 mondial en médecine et en agriculture, l’Université Paris-Saclay y conforte sa position d’université de recherche intensive de rang international. Elle est ainsi classée parmi les 100 meilleures universités mondiales dans 25 thématiques, Sorbonne Université 21 fois, l’Université Grenoble Alpes 17 fois, Paris Sciences et Lettres 13 fois et l’Université de Paris 9 fois. Autres excellents résultats : l’Université de Montpellier obtient la 2ème place mondiale en matière d’écologie et Sorbonne Université la 3ème en océanographie.

Classement de Leiden : les universités chinoises en force. Harvard domine encore largement le Classement de Leiden 2020 (CWTS Leiden Ranking) en termes d’impact scientifique. Quand sa suivante, Stanford, compte 3560 publications présentes parmi les 10% les plus citées entre 2015 et 2018, Harvard en compte… 7268. Mais le phénomène le plus visible est la montée en puissance des universités chinoises. Si Harvard domine notamment largement les catégorie Biomedical and Health Science et Social Sciences and Humanities, si l’université néerlandaise de Wageningen l’emporte en Life and Earth Sciences c’est l’université chinoise de Tsinghua qui l’emporte à la fois en Mathematics and Computer Sciences et en Physical Sciences and Engineering. Accompagnée de… neuf autres universités chinoises dans les quinze premières classées dans cette dernière catégorie. Une domination encore plus flagrante dans le classement Mathematics and Computer Sciences qui ne compte pas moins de… dix-huit universités chinoises dans son top 25.

Et les universités françaises où en sont-elles ? Loin, très loin, il faut remonter très loin pour trouver Sorbonne Université à la 88ème place du classement d’impact global devant l’université de Paris (91ème) et Paris-Saclay (94ème). Sorbonne Université est mieux classée en Life and Earth Sciences (52ème) et Paris-Saclay en Mathematics and Computer Sciences (71ème).

  • Business schools : quels verdicts donnent les classements internationaux ?

Les classements français ont toujours du poids mais, de plus en plus, ce sont les classements internationaux que scrutent les écoles de management. Et notamment celles du haut du panier. 2019-2020 a plutôt été une bonne année pour elles. Et singulièrement pour HEC.

Masters in Management (Financial Times) : trois françaises dans le top 5. On ne note pas cette année de changement majeur en haut du Classement 2019 des masters in management du Financial Times que domine toujours Saint-Gallen devant HEC et l’Essec – ex-aequo avec la London business school – devant ESCP BS 5ème (toutes trois avec leur programme Grande école). Un beau tir croisé répété pour les écoles de la CCI Paris-Ile de France.

La progression la plus spectaculaire est à mettre au crédit de Skema qui gagne 13 places (et même 23 en deux ans) avec son Global MSc in Management et se classe 12ème devançant même l’EDHEC 19ème. 33ème l’IAE Aix-Marseille fait un spectaculaire rapproché en gagnant 18 places et en se classant ex-aequo avec l’Iéseg. Elle est première en France et 12ème dans le monde quant au retour sur investissement. Derrière emlyon reste 40ème, Neoma BS est 43ème, Audencia BS 46ème, Grenoble EM 47ème, Kedge 49ème, Rennes SB 51ème.

Au-delà de la 50ème place notons la très belle progression de La Rochelle BS (66ème et 28 places de mieux) grâce notamment à sa 6ème place en international course experience et au 4ème rang mondial pour la féminisation de son corps professoral. Dans une moindre mesure l’ISC progresse également de 8 places et se classe 85ème.

Masters in Management (The Economist) : HEC sur le toit du monde. Ce n’est pas le classement le plus reconnu mais c’est celui qui consacre le mieux les business schools françaises. HEC Paris domine cette année le classement des Masters in Management de The Economist doublant le leader habituel du Financial Times qu’est Saint-Gallen. Skema y occupe une excellente et inédite troisième place devant l’habituée des podiums qu’est ESCP BS. Seule Saint-Gallen se mêle à ce match franco-français qui voit également l’Essec se classer 10ème, l’Edhec 12ème, emlyon BS 13ème, Neoma 19ème, Audencia 29ème et GEM 37ème.

Les business schools françaises championnes d’Europe (Financial Times). Après cinq années de domination de la London business school, HEC Paris a retrouvé cette année sa couronne de meilleure business school européenne dans le Classement des business schools européennes du Financial Times. Après le lancement de son master en 2013 la business school londonienne s’était emparée du trône que HEC Paris lui ravit cette année grâce à sa première place dans le classement des E-MBA. Une consécration qui marque la justesse du modèle de la business school à la française.

Mais l’autre grande information de ce dernier classement est la montée en flèches de la Bocconi : 3ème cette année elle gagne trois places pendant que l’Insead suit le mouvement contraire en descendant à la 5ème place. Après être remontée en 2018 de la 23ème à la 8ème place (suite à son entrée dans les classements des MBA après des années d’absence), l’Essec progresse elle encore d’une place.

Les plus belles progressions des business schools françaises sont à mettre au crédit d’Audencia (40ème avec six places de gagnées en un an et même neuf sur sa moyenne sur trois ans), Skema (49ème avec huit places de gagnées) et surtout La Rochelle Business school qui ne gagne pas moins de 14 places pour atteindre la 79ème. Après avoir gagné deux places en 2018, ESCP BS en perd trois cette année (14ème) et devance l’Edhec (15ème et une place de perdue), emlyon BS (20ème, +1), Grenoble EM (25ème, +1), Kedge (31ème, +4), Audencia (40ème, +6), Skema (49ème, +8), Neoma (50ème, -5)

Avec 26 écoles classées – l’ESC Clermont fait son entrée à la 95ème place – la France reste le principal pays classé devant le Royaume-Uni (21) et l’Allemagne (9). Au total une très bonne année qui marque la pertinence du modèle de la business school à la française…

Business Schools mondiales : QS sacre la Harvard BS. Le classement mondial des universités de QS propose une entrée Business & Management Studies que domine la Harvard business school qui devance l’Insead et la London business school. Deuxième école française classée HEC occupe la 9ème place, l’Essec la 31ème. emlyon BS et ESCP BS sont classées dans le groupe 51-100, l’Edhec dans le groupe 101-150.

MBA Full-time (The Economist) : HEC Paris sur le podium. Au côté de l’Iese BS (10ème), HEC Paris se glisse à une excellente 3ème place d’un top 10 des MBA full-time ultra dominé par les business schools américaines. L’Insead place son MBA à la 22ème place et l’Edhec à la 32ème.

Global MBA (Financial Times) : Harvard retrouve son sceptre, HEC gagne 10 places. Seulement 5ème en 2018, 2ème en 2019, la Harvard business school retrouve une première place qui lui échappait depuis 2016 dans le Classement des Global MBA du Financial Times. A contrario l’Insead continue une lente descente : première en 2016, seconde en 2018, troisième en 2019 la voici quatrième cette année. De son côté HEC Paris connaît une spectaculaire progression en passant de la 19ème à la 9ème place. 79ème le MBA de emlyon BS se maintient (+1 place) alors que celui de l’Essec progresse de cinq places (88ème) ex æquo avec l’Edhec (qui perd 13 places par rapport à son classement 2018 après ne pas avoir été classé en 2019).

Masters en finance : le Financial Times célèbre les business schools françaises. Comme en 2018 les business schools françaises dominent très largement le classement 2020 mondial des programmes en finance pre-experience du Financial Times: HEC Paris l’emporte devant ESCP BS (toutes deux au même rang qu’en 2018), SKEMA BS (+1), l’Essec 5(+1) et l’EDHEC (-2). « Outstanding career progress and salary uplift give the French school the edge », analyse le FT. Saint-Gallen suit ce top 5 français et devance MIT Sloan. Derrière le quintette de tête GEM se classe à la 16ème place (=), Neoma BS 21ème (+4), emlyon BS 27ème (+6) et Rennes SB 29ème (-5).

En post-experience seules trois business schools sont classées : la London business school l’emporte devant Judge (Cambridge) et la Singapore Management University: Lee Kong Chian.

Global Executive MBA 2020 : HEC sur le podium. Le classement Global Executive MBA 2020 publié par QS revêt de plus en plus d’importance à l’heure de la distanciation sociale. Et là aussi HEC performe avec une belle 3ème place mondiale derrière Penn (Wharton) et l’Iese de Barcelone. L’Insead se classe 7ème, emlyon 37ème, ESCP BS 38ème, Edhec 45ème, GEM 51ème, Neoma 61ème.  Pour sa deuxième année de participation, l’Executive MBA d’Audencia fait son entrée dans le top 100.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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