Fouziya Bouzerda, Directrice générale de GEM et Philippe Monin, Directeur académique en charge des programmes de GEM
Elle vient d’ouvrir un nouveau campus à Pantin et a bien résisté à la concurrence cet été dans le Sigem. Grenoble EM s’inscrit résolument dans un esprit de reconquête comme nous l’expliquent sa directrice générale, Fouziya Bouzerda, et son directeur académique en charge des programmes, Philippe Monin.
Olivier Rollot : Près d’un an après votre arrivée à la tête de Grenoble EM l’école semble prendre un nouveau départ. Quelles grandes orientations lui donnez-vous ?
Fouziya Bouzerda : Grenoble EM doit réaffirmer sa singularité technologique. Nous participons par exemple aujourd’hui à un tour de table sur la création d’un Institut national de l’intelligence artificielle. Nous avons également créé un cours hybride virtuel, « Sustainability Transition in international business », auquel ont participé 1 000 étudiants français et internationaux permettant à chacun d’évoluer à son rythme avec les enseignants.
Nous produisons dans ce cadre des cas business cases comme celui consacré au ski recyclable chez en partenariat avec Rossignol. C’est dans l’esprit de l’école de partir de cas concrets d’entreprises pour créer des cours en formation initiale qui basculeront ensuite en formation continue. A partir de ce cas, nous avons produit dix heures de cours qui n’existent nulle part ailleurs.
Nous réaffirmons ainsi une identité technologique qui n’avais jamais cessé d’être la nôtre, que ce soit en tant que co-fondateurs du campus GIANT ou de partenaire de l’Université Grenoble Alpes. Un ADN qu’a récemment salué le Secrétaire Général pour l’investissement, M. Bruno Bonnel, venu visiter GEM.
L’innovation est la clé de l’attractivité, nous formons ainsi des managers en capacité de diriger des ingénieurs de par leurs compétences en design, ingénierie, technologies, etc. Il nous faut capitaliser sur les compétences spécifiques d’une école née dans un écosystème scientifique.
O. R : Nous sommes sortis de la période Sigem d’inscriptions post prépas qui s’est bien déroulée pour vous. Quelles évolutions prévoyez-vous aujourd’hui pour Grenoble EM en termes de nouveaux programmes ?
Philippe Monin : Dans le détail, notre recrutement en programme Grande école est aujourd’hui stable, avec une petite baisse du côté des admis sur titre 1 et un recrutement d’AST 2 à l’objectif. Nous allons maintenant surtout développer nos bachelors : le Bachelor Digital et Business Development à Grenoble et le Bachelor in International Business à Paris. Nos MSc sont également en plein développement. Il reste la question du BBA. Dans les 20 plus grandes villes françaises il n’y en a que trois qui n’en proposent pas, dont Grenoble.
O. R : Pas d’entretien dans l’enseignement supérieur aujourd’hui sans la question ChatGPT. Quelle politique avez-vous décidée quant à son utilisation par vos étudiants ?
F. B : Nous allons proposer dans cours d’utilisation des prompts à la rentrée. Plus largement, l’émergence des outils d’intelligence artificielle conversationnelle nous poussent à faire évoluer notre pédagogie et même la façon dont nous enseignons. En TD / TP il faut plus que jamais que nos étudiants arrivent en ayant déjà pris connaissance des documents pour maximiser leur plus-value. De notre côté, nous devons nous creuser les méninges pour poser des questions pertinentes lors des évaluations.
P. M : Avec ChatGPT, ou d’autres outils, des sujets de finance ou de comptabilité sont résolus en 30 secondes ! Même chose sur les tests d’anglais ou les lettres de référence. Il faut sans doute repasser plus d’évaluations à l’oral. Nous n’en poussons pas moins tout le monde à utiliser ChatGPT. La pédagogie a finalement peu évolué depuis 30 ans avec toujours les mêmes circuits d’orientation, les mêmes professeurs, les mêmes amphithéâtres, les mêmes rythmes pédagogiques. Aujourd’hui il nous faut absolument évoluer, le rêve étant d’aller vers un apprentissage individualisé.
O. R : Les écoles de management font évoluer leur enseignement pour s’adapter aux transitions environnementales. Que faites-vous en la matière ?
F. B : Nous avons conçu un référentiel avec notre Directrice de la qualité, des accréditations et du développement durable, Julie Perrin-Halot, pour que tous nos cours intègrent ces enjeux. Nous avons par ailleurs réalisé notre bilan carbone avec le logiciel Toovalu. Nous sommes une société à mission et notre comité de mission nous challenge constamment.
Pour autant, nous n’allons pas empêcher nos étudiants d’avoir une expérience à l’international. Il leur faut néanmoins se garder de faire constamment des déplacements en avion d’un pays à l’autre. A l’avenir, il leur faudra avoir un usage modéré de l’avion.
O. R : Les formations en apprentissage se sont considérablement développées ces dernières années dans l’enseignement supérieur. Qu’est-ce que cela représente pour GEM ?
F. B : GEM est ouverte sur le monde de l’entreprise et l’apprentissage permet à beaucoup de nos étudiants – environ 1 100 sur 6 000 aujourd’hui – de financer leur cursus. A cet effet, nous avons créé notre propre CFA (centre de formation d’apprentis) et nous avons réussi l’audit Qualiopi haut la main ! Le nouveau campus que nous allons inaugurer le 26 septembre à Paris est également une réponse aux alternants dont beaucoup travaillent en Ile-de-France.
O. R : Justement. Parlez-nous de ce nouveau campus situé aux portes de Paris, à Pantin.
F. B : Nous allons y recevoir cette année 1 000 étudiants, à parité, entre le Programme Grande école et les MSc, avec la possibilité d’en accueillir jusqu’à 2 500. Nous avons construit un campus bas carbone, avec une structure à 100% en bois, qui intègre toutes les dernières technologies. Nous travaillons également avec les entreprises qui nous entourent, Hermès, Chanel, BETC ou encore Decaux en accord avec la Mairie de Pantin, qui se réjouit de l’implantation de notre nouveau campus Dans l’esprit de l’école d’être ancrée dans son territoire, nous y retrouverons la Chaire Femmes et Renouveau Economique, consacrée aux questions d’égalité.
O. R : Votre CCI va apporter le site GEM Labs au capital de l’école, soit environ 12 M€. Qu’est-ce que représente GEM Labs pour vous ?
F. B : GEM Labs est un laboratoire d’innovation unique en plein essor avec la création de learning expeditions, de serious games, et beaucoup de projets de co-innovation. Plus d’une dizaine de personnes sont support pour développer des projets. C’est un gros investissement pour l’école et nous comptons bien y conserver cette culture de l’innovation permanente qui nous caractérise.