POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

La hausse des effectifs étudiants va encore continuer une bonne dizaine d’années en France

En 2022, la France devrait compter 2,75 millions d’étudiants et en 2027, 2,8 millions d’étudiants, soit respectivement 126 000 et 180 000 étudiants de plus qu’en 2017, selon une note sur les Projections des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées de 2018 à 2027 que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation vient de publier. Mais revenons déjà sur la rentrée 2018…

Une progression de 2,1% du nombre d’étudiants en 2018. Ce sont 2,68 millions d’étudiants qui se sont inscrits dans l’enseignement supérieur à la rentrée 2017 (2,62 hors doubles inscriptions universités/CPGE). Le rythme de la hausse se réduit puisqu’il n’est que de 1,4 % entre 2016 et 2017 après 1,8 % l’année précédente et 2,5 % entre 2014 et 2015. En revanche 2018 a été marquée par les conséquences du boom démographique de l’an 2000 et on devrait, selon les chiffres provisoires de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance), recenser une hausse du nombre d’inscriptions d’environ 55 000 étudiants en 2018-2019 soit + 2,1%.

Cette hausse serait plus modérée dans les filières « traditionnelles » (universités y compris IUT, STS, CPGE) à + 1,6 % mais en progression plus sensible dans les autres formations (+ 3,4 %) et notamment en écoles de commerce (+ 9 700 inscriptions soit + 5,9 %), en écoles d’ingénieurs (+ 6 300, + 4,6 %) mais aussi dans les écoles privées (+ 5,2 %). Dans l’ensemble, ces formations auraient accueilli 18400 étudiants supplémentaires à la rentrée 2018.

Les bacheliers s’orientent de plus en plus vers des formations non universitaires. Le taux de poursuite des bacheliers généraux à l’université (hors IUT) serait en légère baisse, de 0,2 point, à la rentrée 2018 pour s’établir à 52%. La poursuite des nouveaux bacheliers généraux en IUT, qui diminue depuis plusieurs années (9,5 % à la rentrée 2017, – 1,2 point depuis 2010), serait en retrait de 0,2 point. Les mêmes tendances sont observées en CPGE où le taux de poursuite s’établirait à 10,8 % en 2018, en diminution de 0,9 point par rapport à 2017 et de 2,4 points depuis 2010. En STS, le taux de poursuite, qui s’était stabilisé à la rentrée 2017 après plusieurs années de baisse, fléchirait à nouveau en 2018 pour s’établir à 6%, soit 0,3 point de moins que l’année précédente et 1,9 point de moins qu’en 2010.

« Face aux contraintes de capacité, une partie des étudiants semble s’être reportée vers des formations non universitaires telles que les écoles d’ingénieurs, de commerce, en facultés privées ou encore en écoles paramédicales, sociales, artistiques ou culturelles », notent les experts de la DEPP. En 2017-2018, près de 3% de néo-bacheliers des séries générales poursuivent leurs études en école d’ingénieurs et autant en école de commerce. Ces taux de poursuite seraient stables à la rentrée 2018.

En tout à la rentrée 2018, près de 456 000 nouveaux bacheliers se seraient inscrits dans les principales filières de l’enseignement supérieur soit 21 000 de plus qu’à la rentrée précédente. Hors IUT la hausse est de 5,4 % à l’université (jusqu’à 9,2 % en STAPS). L’augmentation atteint les 7,1 % en IUT et 4% en STS alors que les effectifs sont quasi stables en CPGE (- 0,6 %). « Lors de cette rentrée, le caractère novateur de l’outil Parcoursup, en particulier le délai autorisé pour valider une proposition et peut-être la longueur insuffisante des listes d’admission, semblent avoir conduit les classes de préparatoires aux grandes écoles (CPGE) à ne pas accueillir tous les étudiants ayant formulé ce vœu et tous ceux qu’ils auraient souhaité », notent les auteurs de la note. Enfin les entrées en école d’ingénieur, de commerce ou en écoles privées devraient de nouveau avoir sensiblement progressé à la rentrée 2018 : + 7,6 % sur l’ensemble de ces formations.

Et en 2019 ? Une légère baisse – 0,4% – des nouveaux bacheliers entrants dans l’enseignement supérieur est attendue pour 2019. La hausse des effectifs n’en serait pas moins de 21 500 étudiants au total sur les filières traditionnelles et de 33 500 sur l’ensemble de l’enseignement supérieur (+ 1,3 %),

À l’université hors IUT, le nombre de nouveaux bacheliers serait en recul à – 0,9% ce qui n’empêche pas les effectifs en licence d’augmenter de 9 000 étudiants (+ 1,1%) et ceux en master de 5 000 étudiants (+ 0,9%). Peu de fluctuations sont attendues dans les filières courtes : stabilité en IUT et + 0,2% en STS. En revanche, les nouvelles inscriptions en CPGE, après une année de recul technique, progresseraient par contrecoup en 2019 (+ 0,7%). Le nombre d’inscriptions de néo-bacheliers en écoles d’ingénieurs non universitaires, en écoles de commerce et dans les écoles privées serait quant à lui en baisse de 1%

Et dans dix ans ? En 2027, un peu plus de 2,8 millions d’étudiants seraient recensées dans l’enseignement supérieur français (hors doubles inscriptions en licence-CPGE). Soit 180 000 de plus qu’en 2017 (+ 6,9%). Le nombre de bacheliers augmenterait quant à lui de 6,5%, soit 41 000 bacheliers supplémentaires. La croissance serait forte pour les bacs généraux (+ 24 300, + 7,4%) et pour les bacs technologiques (+ 17 200, +13,6%) tandis que le nombre de bacheliers professionnels diminuerait légèrement sur cette période (- 0,3%). Une hausse substantielle telle que celle anticipée sur l’année 2018 devrait intervenir de nouveau en 2024 avec l’arrivée dans le supérieur des jeunes nées en 2006, génération particulièrement nombreuse.

En 2027, le nombre de nouveaux bacheliers entrant à l’université hors IUT serait supérieur de 8% à celui de la rentrée 2017 (+ 17 000). S’ils seraient plus nombreux dans toutes les disciplines, leur progression serait moins élevée en santé (+ 2,8 %) et en droit (+ 3,%) alors qu’il progresserait de 10,5% dans les IUT. Les flux d’entrée des bacheliers en CPGE devraient connaitre une légère hausse de 2,4 % sur la période alors qu’ils enregistreraient une hausse de 8,5 % en STS. Enfin la hausse en écoles de commerce, facultés privées et écoles d’ingénieur se poursuivrait à 11,2 % (3 000 étudiants).

En dix ans, l’université gagnerait au total 78 000 étudiants (+5,3%) dont 6,9% en licence et 4% en master. Les effectifs de doctorants seraient quant à eux en baisse de 5,2%.Les effectifs seraient particulièrement dynamiques en sciences (+ 7,5%), en Staps (+ 9,5 %) et en lettres et sciences humaines (+ 5,9%). La progression serait plus modérée en droit (4,4%), en économie (4%) et en disciplines de santé (3,6%). La hausse prévue serait également importante dans les filières sélectives que sont les IUT (+ 6,8%) et les STS (+ 5,8%). En CPGE, l’évolution sur dix ans est une stabilité essentiellement imputable à la baisse observée entre 2017 et 2018.

Pour l’ensemble des filières traditionnelles, la hausse des inscriptions serait de 5,2%, soit 101 000 étudiants supplémentaires. Les écoles de commerce et d’ingénieurs non universitaires verraient même leurs effectifs croitre respectivement de 15,2% (+ 25 000 étudiants) et de 11,6% (+ 16 000 étudiants). L’augmentation du nombre d’étudiants dans les facultés privées serait très élevée mais concerne moins d’étudiants (+ 24,3 %, + 7 000 étudiants). Les effectifs des « autres formations » (formations artistiques, paramédicales, sociales et autres écoles…) seraient eux aussi dynamiques, avec une croissance de 8,7 % (+ 27 000 étudiants).

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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