ECOLE D’INGÉNIEURS

L’Ecole polytechnique structure sa « New Uni »

Un an après la visite d’Emmanuel Macron à l’Ecole polytechnique pour en tracer les contours, la « convention de coopération » qui regroupe l’Ecole polytechnique, l’Ensta ParisTech, l’Ensae ParisTech, Télécom ParisTech et Télécom SudParis – mais pas HEC pour le moment – a été signée le 4 octobre à l’Ecole polytechnique. « Nous avons une ambition d’excellence commune avec notamment une recherche au meilleur niveau mondial et des liens étroits avec le monde de l’entreprise. Ensemble nous voulons bâtir un site de niveau mondial », détaille le nouveau président exécutif de l’X, Eric Labaye, persuadé de la réussite d’un projet qui « répond à une volonté politique avec des écoles alignées sur l’objectif ». Reste essentiellement à résoudre maintenant la question des financements – jugés « insuffisants » par Eric Labaye – en montrant que le projet New Uni est « extraordinaire ». Le directeur de Télécom ParisTech, Yves Poilane, travaille à l’élaboration d’un business plan pour trouver ces ressources.

(Photo : les sept directeurs signataires : de gauche à droite Christophe Digne pour Télécom Sud Paris,  Yves Poilane pour Télécom ParisTech, Élisabeth Crépon pour l’Ensta ParisTech, Eric Labaye pour l’Ecole polytechnique,  Pierre Biscoup pour l’Ensae ParisTech, Philippe Cuneo pr le GENES et Francis Jutand pour l’Institut Mines Télécom).

Objectif recherche. Deux jours après l’obtention par Gérard Mourou du Prix Nobel de physique le timing était parfait pour montrer l’excellence des écoles. Mais New Uni entend bien aller plus loin. « Un programme de recrutement de professeurs internationaux va être mis en place pour recruter les meilleurs professeurs et doctorants », établit Élisabeth Crépon, la directrice de l’Ensta ParisTech, qui entend « identifier très tôt, avant le master, les étudiants qui iront au doctorat, en les inscrivant dans un parcours doctoral de cinq ans, le « PhD track ». » La recherche de New Uni sera organisée en quatre facultés : « Natural sciences and mathematics », « Engineering Sciences », « Data Sciences and Information Technologies » et « Humanities and Social Sciences »

Objectif formations. Du côté des formations va être mise en place une « offre de programmes lisible au niveau international » avec des cycles masters et doctorat. Partout les enseignements se feront en anglais. Le bachelor de l’X sera en particulier développé dans le cadre de la nouvelle entité. « Il restera celui de l’Ecole polytechnique mais rapidement sera posée la question de l’étendre à l’ensemble ders écoles, d’abord avec des participations des enseignants, ensuite il faudra alors se poser la question de création de plusieurs bachelors différents, voire thématiques », commente Philippe Cuneo, directeur général de l’Ensae ParisTech quand Yves Poilane insiste : « Il ne s’agit pas pour nous de créer des diplômes rémunérateurs mais simplement d’équilibrer nos coûts en attirant plus d’étudiants étrangers sans déstabiliser les classes préparatoires ».

Objectif mutualisation. New Uni se construit logiquement dans un esprit de mutualisation entre les membres. Côté entrepreneuriat le réseau d’incubation sera par exemple mis en réseau. « Des participations seront prises dans les start-up », promet Yves Poilane, qui imagine qu’un jour une « licorne pourrait naître et nous revenir en partie » (la création de ces licornes – au nombre de quatre ! – était dans la feuille de route du futur président de l’X…). Même volonté de travailler ensemble sur la gestion des brevets. Et au-delà. Avec au premier chef Paris-Saclay – avec lequel des masters communs subsisteront – et l’IMT (Institut Mines Télécom), maison mère de deux des écoles membres. « Nous sommes dans un « vaisseau commun » qui peut nous rapprocher au-delà de nos deux écoles membres », signifie ainsi le directeur adjoint de l’IMT, Francis Jutand.

Objectif 2019. La marque définitive qui prendra le relais de New Uni sera divulguée début 2019. Reconnaissable internationalement, elle devra préserver les marques des écoles (dans son rapport préfigurant la nouvelle entité, Jean-Lou Chameau avait évoqué un « institut polytechnique de France »).

Reste également à réfléchir un nouveau type d’EPSCP (Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel) que la structure pourra adopter dans le cadre de la loi « Pour un Etat au service d’une société de confiance ». Le décret actant la naissance de New Uni devrait être promulgué avant l’été 2019.

  • Les cinq écoles seront bientôt regroupées sur le même campus – seule Télécom Sud Paris restera essentiellement à Évry – et ont déjà beaucoup d’infrastructures et de programmes communs. Un « directoire de pilotage » composé des directeur exécutifs des écoles et présidé par Eric Labaye est créé ainsi que des groupes de travail.
  • New Uni regroupe 7000 étudiants (2000 de niveau undergraduate, 8000 postgraduate dont 4500 élèves ingénieurs) et 850 enseignants-chercheurs et doctorants. L’objectif est de monter à 10 000 étudiants et 1000 enseignants-chercheurs et doctorants d’ici 2022. Le budget total est difficile à estimer au vu des coopérations avec les organismes de recherche et atteint entre 200 et 300 M€.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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