ECOLES DE MANAGEMENT, PROGRAMMES

L’Edhec mise sur le développement durable et la finance climatique

Emmanuel Métais, le directeur général de l’Edhec, présente les grandes lignes et les évolutions de sa stratégie

« Il y a un peu plus de trois ans nous avons effectué un virage vers le développement durable pour que l’Edhec mette son enseignement au service des générations futures en transformant les programmes. » Emmanuel Métais, le directeur général de l’Edhec, rappelle ainsi comment son groupe s’est profondément transformé ces dernières années dans une enseignement supérieur qui a connu bien des soubresauts au nouveau mondial ces dernières années : « La Chine revient en force, leurs institutions d’enseignement supérieur n’ont plus grand-chose à envier aux occidentales et délivrent 45 000 MBA par an soit un tiers des business schools américaines. Aux Etats-Unis la majorité des étudiants en MBA disent maintenant préférer un enseignement en ligne. Au Royaume-Uni les programmes s’hybrident de plus en plus. »

  • L’Edhec investit 235 millions d’investissement sur cinq ans dans son développement. Son budget, 150 millions d’euros cette année, va passer à 165 en 2024 avec des surplus qui financent sa croissance d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG).

Cap sur le développement durable

La sustainability, le développement durable et inclusif, est au cœur de la stratégie de l’Edhec. « Nous voulons devenir l’un des leaders, sinon le leader, de la finance climatique avec un centre de recherche maintenant bien implanté à Nice et Londres. Les marchés se sont un peu endormis et ne mesurent pas encore très bien les impacts financiers du changement climatique », établit encore Emmanuel Métais dont le centre de recherche sur les infrastructures intègre également ces dimensions. Un centre qui se développe avec la vente d’indices qui permettent de mieux calibrer les investissements et gérer les impacts environnementaux.

Pour avancer sur ces questions l’Edhec a développé une task force internationale et un laboratoire de recherche en finance verte qui bénéficie de 20 millions d’euros d’investissement. « Ce sont les investisseurs qui doivent faire évoluer les entreprises car ils ont un intérêt de long terme, plus que les entreprises un peu coincées dans leur modèle. De même les infrastructures seront très impliquées avec par exemple la montée de la mer pour l’aéroport de Nice. C’est notre propriété stratégique avec des chaires dédiées et beaucoup de professionnels qui viennent nous voir pour développer de nouveaux modèles », insiste Benoit Aubert, le directeur des programmes de l’Edhec

Plus largement les « Green skills » deviennent de plus en plus importantes dans les enseignements de l’Edhec. « L’enjeu aujourd’hui c’est que ces compétences soient accessibles partout alors que la recherche n’est pas encore bien avancée. Comment valoriser les entreprises ? Fiancer les transformations ? Il y a des enjeux considérables et nous voulons des étudiants engagés », explique encore Benoit Arnaud qui constate que de plus en plus de ses diplômés choisissent des emplois à impact et a lancé un processus de création d’entreprise, le Responsible Entrepreneurship by Design (RED), qui permet aux start up de se poser toutes les questions sur son impact ESG. « Cette année nos étudiants ont travaillé sur le futur des immeubles et leur rénovation en travaillant sur toutes les questions avec des représentants des entreprises pour proposer des solutions », explique également la professeure Michelle Sisto.

Accroitre la diversité sociale

En termes de diversité sociale l’Edhec a mis en place une double barre d’admissibilité à son concours d’entrée post prépa pour les boursiers. Elle va ainsi en chercher quelques-uns dont les notes sont en dessous de la barre d’admissibilité. Cela a permis de monter de 2,5% les nombre d’étudiants boursiers – soit 25 étudiants – pour atteindre les 15% en 2022 dans le programme Grande école. Le dispositif Talents Prépa permet par ailleurs de former 50 étudiants, dont 12 sont cette année admissibles. Enfin l’Edhec va maintenant directement dans les lycées, les collèges, pour identifier des jeunes à potentiel mais que tout éloigne de l’enseignement supérieur. Cela grâce à un dispositif créé cette année après le don d’un alumni. 20 stagiaires sont accueillis cette année qu’il faut « convaincre, comme leur entourage, de la possibilité de réaliser un parcours vers une Grande école ».

Un projet en totale adéquation avec celui du nouveau directeur de la Grande école et des Masters of Science de l’Edhec, Tristan-Pierre Maury, qui vient de lui succéder après des années de succès qui ont notamment vu l’école dépasser emlyon dans le choix des élèves de prépas : « Mon sujet d’intérêt c’est l’hybridation ; ma passion c’est le développement durable et je travaille depuis 20 ans sur les questions de justice sociale avec par exemple la création du double diplôme que nous avons créé avec Sciences Po Lille qui connait un véritable engouement. Un exemple d’hybridation réussi ».

IA et hybridation

Toute la chaine de valeurs des écoles de management est aujourd’hui impactée par ChatGPT avec même la production possible de cours. « Nous ne deviendrons pas « Edhec GPT » mais nous testons des applications par exemple avec l’envoi de questions par la machine aux étudiants pour valider qu’ils ont compris le cours. Des questions de plus en plus difficiles à toute heure. Un robot compagnon est également un assistant du professeur », décrit Benoit Arnaud.

Pour renforcer leurs compétences en IA, statistiques et informatique c’est dès l’année de M1 que l’Edhec va proposer à ses étudiants un track Data Science & AI for Business sur son campus de Nice. « Ils doivent acquérir des compétences aussi bien en data qu’en développement durable et pourront ensuite acquérir des compétences encore plus pointues en seconde année  au sein d’un socle prédéfini de Masters of Science, parmi lesquels : MSc in Data Analytics and AI, MSc in Financial Engineering ou encore MSc in Marketing Analytics », explique Michelle Sisto qui a conçu cette nouvelle voie et lance également un double diplôme avec l’école d’ingénieurs Eurecom accessible aux étudiants de l’Edhec après une formation en Python en pré-master. Un double diplôme accessible en quatre ans après une classe préparatoire.

« L’hybridation se fait aujourd’hui au travers aussi bien des contenus de nos programmes que par nos 31 doubles diplômes avec des établissements comme Mines Paris ou encore des « Global impact projects » qui connaissent un bon lancement », conclut Benoit Arnaud heureux de voir que d’excellentes business schools, telles Stellenbosch, Esade et la Rotterdam School of Management sont aujourd’hui candidates pour intégrer l’alliance FOME créée par Imperial College avec l’Edhec : « Nous n’avons pas vocation à nous étendre trop car nous souhaitons conserver le même excellent niveau de qualité qu’aujourd’hui ».

  • Lancés à la rentrée 2023, lesGlobal impact projects sont des missions à vocation solidaire, sociale ou environnementale qui offrent aux étudiants du PGE et du BBA l’opportunité de donner du sens à leur expérience internationale en la conjuguant avec un engagement de terrain entre 10 semaines et un semestre.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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